Le président de la Republika Srpska, Milorad Dodik, a durci, hier, le bras de fer avec le Haut représentant international, Christian Schmidt, chargé de veiller au respect de l’accord de paix, en annonçant un décret lui interdisant de se rendre sur le territoire de l’entité des Serbes de Bosnie, selon l’AFP.
Proche du Kremlin, le chef politique des Serbes de Bosnie est aux prises depuis des mois avec le diplomate allemand dont il ne reconnaît pas l’autorité, sa nomination en 2021 n’ayant pas été validée par le Conseil de sécurité de l’ONU, comme celles de ses prédécesseurs, en raison des réserves de la Russie et de la Chine.
«Nous ne respectons pas Schmidt. Nous sommes en train de rédiger, depuis ce matin, un décret sur la façon de le renvoyer, de l’arrêter lorsqu’il se rend» sur le territoire de la Republika Srpska, a déclaré Milorad Dodik à la presse depuis Banja Luka, chef-lieu de l’entité serbe, dans le Nord de la Bosnie. Milorad Dodik est visé par une inculpation du Parquet local pour avoir promulgué, en juillet, une loi interdisant l’application dans l’entité serbe de toute décision prise par le Haut représentant.
Cet acte d’inculpation n’a pas encore été validé par un tribunal, mais le délit est passible d’une peine de 6 mois à 5 ans de prison. Cette inculpation a été rendue possible par une récente modification du code pénal bosnien, justement sur intervention de C. Schmidt.
Le Haut représentant international dispose de pouvoirs discrétionnaires lui permettant d’annuler ou d’imposer des lois et de limoger des élus. L’accord de paix de Dayton (Etats-Unis), qui a mis fin à la guerre intercommunautaire de 1992-1995 en Bosnie (près de 100 mille morts), a consacré la division du pays en deux entités, une serbe et une croato-bosniaque, disposant d’une large autonomie. Les bureaux du Haut représentant se trouvent dans la capitale, Sarajevo, dans l’entité croato-bosniaque.
En précisant que la rédaction du décret sera «finalisée» plus tard dans la journée, Milorad Dodik a expliqué que la police de l’entité serbe sera chargée d’«expulser» le Haut représentant «dès qu’elle apprendra (...) qu’il se trouve quelque part en Republika Srpska ». «S’il est en transit, il obtiendra alors une escorte pour passer au plus vite», a-t-il ajouté. Depuis sa nomination, Milorad Dodik rejette l’autorité de C. Schmidt et le traite de «simple touriste » ou de «faux Haut représentant».