Bordj Bou Arréridj : Les pharmaciens entre le code de déontologie et la gestion de l’intempestif

21/08/2022 mis à jour: 21:18
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Photo : D. R.

Les pharmaciens incitent les responsables à mettre de l’ordre dans la gestion du système et respecter le tableau de garde.

Il n’est pas rare de faire le tour des pharmacies à Bordj Bou Arréridj, parfois au beau milieu de la nuit, à la recherche d’un ou plusieurs médicaments pour rentrer bredouille, à cause d’une rupture de stock, notamment en période de Covid19.

Là encore, le tableau de garde des pharmacies est peu ou pas du tout respecté. Comme il devient une banalité d’aller droit vers la pharmacie en cas de bobo pour s’approvisionner d’un médicament approprié, à en croire un couple de pharmaciens que nous avons questionné sur le sujet. «D’abord, il y a lieu de signaler une flagrante transgression des règles d’éthique et de déontologie qui régissent le secteur, désormais ouvert à tout va pour s’enrichir, loin de la conscience professionnelle. Ce qui a empiré la situation c’est la vente des médicaments du «cabas».

Ce sont des pseudo pharmaciens qui achètent des médicaments de l’étranger, en remplissant leurs cabas de médicaments qui ne figurent pas sur la liste de la nomenclature en Algérie, pour les revendre à des prix exorbitants. Alors que le métier de pharmacien nécessite beaucoup d’attention et de concentration sur la traçabilité du produit, car la moindre erreur peut mener le malade au danger. En fait, il nous est arrivé avec une ancienne vendeuse, que nous avons pourtant formée in situ, que nous avons été dans l’obligation de l’évincer à cause des erreurs répétitives qu’elle commettait.

Le métier est noble et il n’est pas question de badiner avec la vie des gens», martèlent nos interlocuteurs. Certains vendeurs délivrent les médicaments avec des indications qui ne correspondent pas à la prescription du médecin. «Là c’est la pire des aberrations. Une seule ordonnance doit passer par deux ou trois vendeurs et pharmaciens. Au cas où l’un se trompe, l’autre est là pour rectifier. Toutefois, la fonction du vendeur a ses limites, notamment quand il s’agit de psychotropes.

Dans ce cas de figure, il revient au docteur es pharmacie d’intervenir pour valider ou non la vente du médicament, en présentant une pièce d’identité, conformément à la dernière loi datant du 16 août 2021», expliquent-ils. Et qu’en est-il de l’automédication, ce phénomène qui prend des proportions alarmantes et susceptible de mettre en danger la vie des gens ? «En tous cas, chez nous, on interdit à nos employés de vendre sans ordonnance, sans passer sous notre contrôle.

À moins qu’il s’agisse d’un petit bobo, là on peut tolérer la vente d’un laxatif, d’un antalgique, ou d’un anti-inflammatoire mais on tolère moins les antibiotiques car ils peuvent développer des résistances dans l’organisme. Mais quand on peut donner un conseil, on le fait, sinon on oriente le malade vers un médecin», poursuivent-ils. Mais à quoi incomber le phénomène ? «En grande partie, c’est dû au pouvoir d’achat. Certains n’ont pas les moyens de se payer une consultation chez un généraliste et encore moins d’un spécialiste, du coup ils se rabattent sur la pharmacie pour s’approvisionner de ce qu’ils croient leur convenir, alors que c’est faux».

Et quid du générique qui n’a toujours pas la cote ? «Pourtant, le générique et le princeps ont le même principe actif. Ce qui les diffère ce sont les excipients. Ceci dit, il y a des génériques auxquels ne répondent pas l’organisme de certains, et on ne saura vous dire pourquoi. En tout cas c’est psychique. En cas d’hypertension, par exemple, on doit intervenir pour convaincre le malade de prendre le générique à défaut de la molécule mère. Notre conscience ne nous permet pas de le laisser partir».

Et sur l’alternance des gardes, nos interlocuteurs incitent les responsables à «mettre de l’ordre dans la gestion du système et respecter le tableau de garde pour permettre à tous les pharmaciens de travailler pendant la permanence», concluent nos interlocuteurs, lesquels entre le code de déontologie et les situations intempestives, tentent de faire la part des choses pour gérer tant bien que mal tous les cas d’école. 

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