Bombardement de l’aéroport de Goma : Kinshasa accuse l’armée rwandaise

18/02/2024 mis à jour: 00:05
AFP
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Deux avions stationnés à l’aéroport de Goma, en mars 2013. © Junior D. Kannah / AFP.

L’armée de la République démocratique du Congo (RDC) a accusé hier le Rwanda d’avoir attaqué avec «des drones» l’aéroport de Goma, dans l’est du pays, une région théâtre de combats contre la rébellion du M23 soutenue par Kigali, rapporte l’AFP.

 «Dans la nuit, à 2h du matin heure locale (00h00 GMT), les drones d’attaque de l’armée rwandaise, qui ont bien évidemment quitté le territoire rwandais, ont violé les limites territoriales» de la RDC, a déclaré le lieutenant-colonel Guillaume Ndjike, porte-parole de l’armée pour le Nord-Kivu. «Au regard des trajectoires suivies par les tirs de ces drones», ils «ont visé les aéronefs» des Forces armées congolaises (FARDC), a-t-il ajouté dans une vidéo diffusée par le service de communication du gouverneur de province. «Les aéronefs des FARDC n’ont pas été touchés», mais ce sont «plutôt les avions civils qui ont été endommagés», a-t-il ajouté, sans préciser combien d’appareils étaient concernés, ni combien de projectiles avaient été tirés. Malgré cet incident, l’aéroport international de Goma fonctionnait normalement hier, selon des sources sur place. 

La province du Nord-Kivu, dont Goma est le chef-lieu, est en proie depuis fin 2021 à un conflit qui oppose le M23 (Mouvement du 23 mars), appuyé par des unités de l’armée rwandaise, à l’armée congolaise associée notamment à des groupes armés dits «patriotes» et à deux sociétés militaires privées étrangères. 

Plusieurs milliers de soldats et de miliciens sont engagés, ainsi que de l’artillerie, des avions de chasse Sukhoï-25, des drones. Selon un document de l’ONU, l’armée rwandaise utilise également des armements sophistiqués, tels que des missiles sol-air dans son soutien au M23.

Le M23 est une rébellion majoritairement tutsi qui a repris les armes fin 2021 après plusieurs années de sommeil et s’est emparée depuis de vastes pans du territoire du Nord-Kivu. Goma, agglomération de plus d’un million d’habitants, calée entre le lac Kivu au sud et la frontière rwandaise à l’est, est actuellement pratiquement coupée de toutes ses voies d’accès terrestres vers l’intérieur du pays, au nord et à l’ouest. 

La RDC accuse le Rwanda et ses «supplétifs» du M23 de vouloir faire main basse sur les minerais de l’Est congolais. Le M23 affirme de son côté défendre une frange menacée de la population et réclame des négociations, que Kinshasa refuse, excluant de discuter avec des «terroristes».
 

Il y a une dizaine de jours, les combats se sont intensifiés au niveau de Sake, cité située à une vingtaine de kilomètres à l’ouest de Goma et considérée comme un dernier «verrou» sur la route de la capitale provinciale. Selon diverses sources, il y a eu des dizaines de morts et de blessés, civils et militaires. Jeudi, l’armée sud-africaine a annoncé que deux de ses hommes, intégrés dans une force régionale d’Afrique australe qui vient de se déployer dans la région, avaient été tués et trois autres blessés.
 

Les initiatives diplomatiques lancées pour régler la crise n’ont jusqu’à présent rien donné. Vendredi soir à Addis-Abeba, en marge du sommet de l’Union africaine, le président angolais, João Lourenço, médiateur de l’UA, a réuni plusieurs chefs d’Etat africains pour discuter de la situation dans l’est de la RDC. Le président congolais, Félix Tshisekedi, a été largement réélu pour un deuxième mandat le 20 décembre, après une campagne au cours de laquelle il a menacé de déclarer la guerre à Kigali et comparé le président rwandais à Adolf Hitler et à ses «visées expansionnistes».

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