Bloqué en Belgique depuis février dernier : La situation du navire Sedrata en voie de règlement

26/04/2022 mis à jour: 04:29
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Photo : D. R.

Saisi il y a deux mois par les autorités portuaires belges, le navire Sedrata, de la compagnie de transport maritime de marchandise Cnan-Nord, pourrait être libéré dans quelques jours, apprend-on de source proche de l’entreprise. Celle-ci a procédé au virement du montant de la facture des travaux de réparation que le chantier naval avait réclamé sous peine de saisie. En situation d’abandon depuis octobre 2021, le Timgad serait également en voie d’être récupéré.

La compagnie publique de transport maritime de marchandise Cnan-Nord a entamé la procédure de récupération de son navire le Sedrata, saisi par les autorités portuaires belges d’abord pour expiration de la police d’assurance, puis pour de nombreuses défaillances techniques et non-respect de la réglementation internationale relative à la protection des droits du personnel marin.

En effet, comme nous l’avions annoncé dans notre édition du 13 mars dernier, le navire a d’abord été verbalisé pour défaut d’assurance à Anvers puis épinglé par les inspecteurs de la Fédération internationale des travailleurs du transport (IFT), durant son immobilisation. Le bureau de classification des non-conformités a fait état d’au moins 42 prescriptions, relevées par les inspecteurs de l’IFT et le PSC (contrôle portuaire de l’Etat), dont 14 encourent la détention du navire.

Cnan-Nord, a été sommée de s’acquitter d’une caution de 320 000 dollars avec une garantie bancaire et la levée de toutes les prescriptions pour pouvoir récupérer le navire. Dirigé vers un chantier naval à Anvers, ce dernier a subi de nombreux travaux de réparation pour plus de 340 000 euros.

Le prestataire de service a conditionné la remise du navire par le virement de la totalité du montant de la facture, faute de quoi, il a menacé de le saisir. Des sources proches de l’entreprise nous ont affirmé que «la somme a été déposée à la banque et l’opération de transfert pourrait prendre quelques jours.

D’ici la semaine prochaine, le navire sera libéré». Une fois de retour, il est du devoir des autorités d’ouvrir une enquête pour situer les responsabilités dans cette affaire qui a causé un lourd préjudice financier à la compagnie mais aussi à son image de marque, et de lever le voile sur les circonstances dans lesquelles le Sedrata a pu quitter les ports algériens sans une police d’assurance.

Il n’est pas le seul navire à avoir été immobilisé pour les mêmes erreurs (à des exceptions près) commises par les responsables de l’armement technique. C’est le cas du Timgad, laissé depuis septembre 2021 en situation d’abandon en Belgique, pour des défaillances techniques et non-paiement des salaires des marins.

A ce sujet, nos interlocuteurs ont révélé que «toutes les réserves techniques ont été levées après les travaux de réparation effectués dans un chantier naval belge. Il reste à régler les questions liées aux documents administratifs et l’audit, pour obtenir la levée rapide de la saisie».

Tout comme pour le Sedrata, il est important que les autorités ouvrent une enquête sur les conditions qui ont mené le Timgad  vers l’abîme, alors qu’il faisait partie des joyaux de la flotte acquise il y a à peine 5 ans par Cnan-Nord, entreprise détenue à 100% par l’Etat.

Des enquêtes que réclame depuis des mois le syndicat d’entreprise parce qu’il y voit «une volonté délibérée» de noyer la compagnie de dettes afin de l’étouffer financièrement et de brader ses navires.

Une lueur d’espoir pour le Timgad après plus de 6 mois de détention

Il faut rappeler que le Timgad est détenu depuis sept mois pour de multiples prescriptions relevées par les inspecteurs de l’ITF, le PSC et le bureau de classification. Il a attendu longtemps avant d’avoir la dernière visite du PSC et d’être par la suite acheminé vers un chantier naval pour subir des travaux de réparation de plus d’un million d’euros.

A ce montant, il faut ajouter la somme de 400 000 euros dépensée durant sa détention pour lever les prescriptions du PSC, de l’IFT et du bureau de classification, et la prise en charge de quelques réparations. Pour nos sources, la compagnie «a déjà levé toutes les prescriptions et le navire a subi de nombreux travaux de réparation, qui s’achèvent incessamment. Il sera de retour une fois toute la procédure accomplie et les visites de contrôle effectuées».

Il faut rappeler qu’au mois de novembre 2021, le retour du Timgad en Algérie avait été annoncé, par le premier responsable de Cnan-Nord, dans un délai de 15 jours. Depuis, six mois sont passés sans que le navire ne rejoigne son port d’attache.

Il est important de rappeler que sur les sept navires des plus performants, acquis en 2014 par Cnan-Nord, six sont à l’arrêt à ce jour pour des raisons liées principalement au non-respect des règles et recommandations de l’Organisation internationale maritime (OMI) et des dispositions de la Convention internationale des droits des marins.

En plus du Timgad, il y a aussi le Constantine, en situation d’abandon dans un quai de minerais à Annaba, le Saoura, en travaux d’escale, le Stidia, abandonné dans le cimetière des navires, le Kherrata, à l’arrêt depuis juillet 2021 et son sort n’est toujours pas connu, le Tinziren, immobilisé en attente de pièces de rechange qui n’arrivent pas, et le Sedrata, saisi à Anvers.

Ce constat laisse transparaître un grave problème de gestion, notamment depuis la création en 2016 du groupe Gatma, auquel a été confié le devenir du transport maritime de marchandise et son développement à travers son renforcement par l’acquisition de deux vraquiers.

L’ex-ministre des Transports, Aissa Bekkai, avait fait de graves révélations devant les députés qui l’interrogeaient sur les navires saisis le 25 février dernier. Selon lui, les 5 navires saisis, au mois d’octobre 2021, constituaient «un dilemme qui trahissait une grande corruption», ajoutant : «J’ai trouvé une société de transport fonctionnant avec 15 managers et payant les salaires avec des prêts bancaires.»

Evoquant l’immobilisation du Sedrata, sans le citer, Bekkai  a déclaré : «Les navires doivent être munis d’une autorisation de contrôle pour quitter les ports algériens», puis ajouté : «La mauvaise gestion des sociétés et l’absence de contrôle constituent les principales causes à l’origine de la saisie des navires marchands algériens dans certains ports européens en 2021.» Selon l’ex-ministre, «la saisie est due à une défaillance technique et à des raisons liées à la situation financière des sociétés qui n’ont pas pu maintenir les navires en état de navigabilité».

Malgré ce constat d’échec, aucune mesure n’a été prise pour redresser la situation, laissant la flotte sombrer vers le fond, au moment où le secteur du transport maritime de marchandises explose sur le marché.

Ni les dénonciations des syndicats d’entreprise ni les récurrentes mobilisations des navires à l’étranger à chaque fois pour les mêmes griefs n’ont poussé les autorités à ouvrir des enquêtes et à situer les responsabilités dans ce qui s’apparente à une gestion scandaleuse du pavillon algérien. 

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