L’ONU a annoncé hier disposer de solides preuves d’une «augmentation spectaculaire» des crimes de guerre et contre l’humanité en Birmanie, selon l’AFP.
«Les preuves collectées indiquent une augmentation spectaculaire des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité dans le pays, avec des attaques généralisées et systématiques contre des civils», souligne dans son rapport annuel le Mécanisme d’enquête indépendant des Nations unies pour le Myanmar (IIMM), créé en 2018 par le Conseil des droits de l’homme.
Ce rapport corrobore les informations d’autres organismes onusiens, d’organisations non gouvernementales ou d’Etats sur les violences qui secouent la Birmanie depuis le coup d’Etat de 2021. Ces preuves pourront être utilisées pour poursuivre éventuellement les auteurs de ces crimes, indique l’IIMM, qui accuse l’armée birmane et des milices affiliées de «commettre des crimes de guerre de plus en plus fréquemment et de plus en plus éhontés».
Dans son rapport annuel, l’IIMM met en exergue les bombardements aériens aveugles, la destruction de villages et les massacres de civils et de combattants détenus, ainsi que la torture et d’horribles violences sexuelles.
La Birmanie est le théâtre d’un violent conflit civil, qui a fait plus de 3000 morts et provoqué le déplacement de centaines de milliers d’habitants, depuis le putsch du 1er février 2021 qui a renversé la dirigeante élue Aung San Suu Kyi. «Chaque perte de vie en Birmanie est tragique, mais la dévastation causée à des communautés entières par les bombardements aériens et les incendies de villages est particulièrement choquante», a déclaré le chef du Mécanisme, Nicholas Koumjian, dans un communiqué.
Les membres de l’IIMM n’ont jamais été autorisés à se rendre en Birmanie, mais ils se sont entretenus avec plus de 700 sources et ont collecté et traité «plus de 23 millions d'éléments d'information», notamment des déclarations de témoins, des documents, des photographies, des vidéos, des preuves médico-légales et des images satellites.
L’IIMM, qui coopère déjà avec la Cour internationale de justice et la Cour pénale internationale, entre autres, veut «accélérer sa collecte de preuves des crimes internationaux les plus graves» pour les partager avec les enquêteurs, les procureurs et les tribunaux capables de poursuivre les responsables de ces crimes.
L’IIMM se concentre notamment sur la responsabilité d’individus spécifiques et en particulier des responsables de haut niveau. «Le fait que les plus hautes autorités ignorent ces crimes pourrait indiquer qu'elles en sont à l'origine», souligne le document.