De violents combats entre l’armée birmane et des mouvements rebelles se sont poursuis hier pour la deuxième journée consécutive près de la frontière nord du pays avec la Chine, rapporte l’AFP citant des groupes armés.
Le coup d’Etat de la junte en 2021 a ravivé les mouvements de rébellion dans l’Etat Shan, voisin de la Chine et qui fait par ailleurs l’objet d’un grand projet ferroviaire financé par Pékin dans le cadre de ses Nouvelles Routes de la soie.
Trois groupes rebelles, l’Armée de libération nationale Taaung (TNLA), l’Armée d’Arakan (AA) et l’Alliance démocratique nationale du Myanmar (MNDAA), ont annoncé vendredi dans un communiqué avoir lancé une «opération militaire» conjointe dans cette région.
Le MNDAA a affirmé hier avoir pris le contrôle de trois avant-postes militaires, dont deux situés près de Mongko, dans cette même région frontalière de la Chine. Les rebelles ont également déclaré avoir tendu une embuscade à un groupe de soldats venant de Hopang et saisi du matériel militaire, sans fournir de bilan sur d’éventuelles victimes. Le TNLA a indiqué de son côté hier avoir jusqu’à présent pris le contrôle de trois avant-postes militaires à Namhkam et que 18 soldats avaient été tués.
Le groupe a également précisé s’être emparé de deux avant-postes militaires à Lashio et saisi une cargaison de matériel militaire. L’armée a déployé un avion et un hélicoptère de combat à Lashio, selon le TNLA.
Dans la nuit, des bombardements intenses ont eu lieu pendant sept heures près de Lashio, a déclaré un secouriste local. Le porte-parole de la junte, Zaw Min Tun, a déclaré vendredi aux médias locaux que les rebelles avaient attaqué des positions militaires dans les régions de Chinshwehaw, Laukkai et Kunlong et que des avant-postes avaient été perdus. «Nous avons essayé de maintenir la paix et la stabilité dans le nord de Shan, mais les insurgés essayent de détruire la stabilité», a-t-il déclaré. Le ministère chinois des Affaires étrangères a indiqué vendredi «suivre de près» la situation, appelant toutes les parties à éviter une escalade.
Les zones frontalières de la Birmanie sont le foyer d’une dizaine de groupes ethniques rebelles, dont certains se battent avec l’armée birmane depuis des décennies pour le contrôle de précieuses ressources naturelles, comme les mines de jade dans l’Etat Kachin, dans le nord du pays. Plus tôt ce mois-ci, près de 30 personnes ont été tuées, dont des enfants, et des dizaines d’autres blessées dans un camp de déplacés de l’Etat Kachin, dans le nord de la Birmanie. L’Armée de l’indépendance kachin (KIA), le groupe rebelle ethnique qui contrôle cette région, a accusé la junte birmane d’avoir mené une frappe aérienne sur le camp. La junte birmane a ordonné la semaine dernière des frappes aériennes contre des positions rebelles près de la frontière chinoise, ainsi que l’envoi de renforts dans l’Etat Kachin.