Les différentes populations d’animaux sauvages ont perdu en moyenne 73% de leurs individus en 50 ans, essentiellement à cause de l’humanité qui s’en trouve menacée, selon le rapport de référence du Fonds mondial pour la nature (WWF) publié le 10 octobre 2024, à quelques jours de la COP16 Biodiversité en Colombie.
Cette conclusion du rapport «Planète Vivante» ne signifie pas que plus des deux tiers du nombre d’animaux sauvages de la planète ont disparu, mais que la taille des diverses populations (groupe d’animaux d’une même espèce partageant un habitant commun) a diminué de 73% en moyenne au cours des cinquante dernières années (1970-2020). La tendance était de 68% dans la précédente édition en 2022. Au total, environ 5500 vertébrés (mammifères, oiseaux, poissons, reptiles et amphibiens), répartis en quelque 35 000 populations à travers le monde, sont désormais recensés par cet «Indice Planète vivante», établi et actualisé tous les deux ans par la Société zoologique de Londres (ZSL) depuis 1998. L’indice est devenu une référence internationale pour prendre le pouls des écosystèmes naturels et analyser les conséquences sur la santé humaine, l’alimentation ou le changement climatique, malgré les critiques répétées de scientifiques contre la méthode de calcul, accusée d’exagérer fortement l’ampleur du déclin. «Nous restons confiants dans la solidité de l’indice, leur a répondu lors d’un point presse Andrew Terry du ZSL, mettant en avant le recours complémentaire à une «série d’indicateurs sur les risques d’extinctions, la biodiversité et la santé des écosystèmes afin d’élargir la vue d’ensemble».
«Nous avons vidé les océans de 40% de leur biomasse»
«Il ne s’agit pas seulement de la faune sauvage, il s’agit des écosystèmes essentiels qui soutiennent la vie humaine», a averti Daudi Sumba, conservateur en chef du WWF, lors d’une présentation en ligne. La nouvelle édition du rapport répète la nécessité d’affronter conjointement les crises «interconnectées» du climat et de la destruction de la nature. Et insiste sur la menace grandissante de «points de bascule» dans certains écosystèmes.
«Les changements pourraient être irréversibles, avec des conséquences dévastatrices pour l’humanité», a mis en garde M. Sumba, citant l’exemple de l’Amazonie, à risque de basculer du rôle «de puits de carbone à émetteur de carbone, accélérant ainsi le réchauffement climatique». Autre exemple : la perte des coraux altèrerait la régénération d’espèces de poissons victimes de surpêche et, en cascade, priverait l’humanité de ressources alimentaires précieuses. Dans le détail, le plus fort déclin est observé dans les populations d’espèces d’eau douce (-85%), suivies des vertébrés terrestres (-69%) et marins (-56%). «Nous avons vidé les océans de 40% de leur biomasse», a rappelé Yann Laurans du WWF France. Continent par continent, le déclin atteint 95% en Amérique latine et dans les Caraïbes, suivis par l’Afrique (-76%), l’Asie et le Pacifique (-60%).
La réduction est «moins spectaculaire en Europe et en Asie centrale (-35%) et en Amérique du Nord (-39%) mais seulement parce que des impacts à grande échelle sur la nature étaient déjà visibles avant 1970 dans ces régions : certaines populations se sont stabilisées, voire développées grâce aux efforts de conservation et à la réintroduction d’espèces», explique le rapport.