Faut-il attendre, à chaque fois, le mois de Ramadhan pour renouer avec les activités culturelles ? Tout au long de l’année, le pays plonge dans une léthargie profonde. Pourtant, les diversités régionales et les animateurs, aussi bien professionnels qu’amateurs, ne manquent pas. L’ambiance explosive du mois sacré prouve bien cette envie de vivre et s’éclater de toutes les catégories sociales. La capitale et ses villes de l’intérieur résonnent au rythme des guitares et des youyous. Les rues et les places publiques s’animent jusqu’au lever du jour. Hélas, la fête prend subitement fin aussitôt l’annonce de l’Aïd est déclarée. Un rideau noir s’abat alors sur les villes et les villages. Les grandes salles de spectacle de renommée mondiale s’emparent alors de nos chanteurs au grand bonheur de leurs admirateurs de l’autre rive. Le grand renfort de la communication dans l’organisation de ces galas contraste avec la semi-clandestinité entretenue par nos canaux traditionnels. L’Atlas, El Mouggar et l’Afrique, pour ne citer que ces temples de la culture nationale, baissent rideau pour longtemps. Il va sans dire que la production culturelle ne se limite pas expressément au monde de la chanson. Des pièces théâtrales, des films et des expositions de peinture en tous genres continuent à frayer leur petit bout de chemin malgré le manque de moyens mis à leur disposition. Les séquelles de la décennie noire affectent encore le monde de la culture au point où les salles de cinéma, maintes fois rénovées, restent hermétiquement fermées au grand dam des cinéphiles. C’est le petit écran qui s’impose en sauveur pour les séries télévisuelles et autres documentaires de conjoncture. La reprise tant attendue a été encore une fois malmenée par la pandémie de la Covid-19.
Ces deux événements tragiques n’expliquent pas, pour autant, le marasme dans lequel s’est engluée toute l’activité culturelle nationale. La gestion bureaucratique, d’une administration omniprésente, va souvent à l’encontre des aspirations des professionnels. L’intervention du président Tebboune doit s’emparer de ce secteur et imposer des réformes au même titre que celles entreprises dans les sphères politique, économique et sociale. En premier lieu, il doit être question de la concrétisation du statut de l’artiste, longtemps confiné dans des consultations sans fin. La protection, tant de l’artiste que de ses œuvres, apportera de la sérénité dans le travail et de l’assurance dans l’avenir. L’année 2023 est censée mettre fin au long feuilleton entretenu du statut de l’artiste, selon les déclarations récentes des responsables de la culture. Une nouvelle vision basée sur le vécu du citoyen et de sa projection dans un futur meilleur doit être le socle des œuvres artistiques. L’engagement sincère des acteurs sur ce terrain ne doit en aucun cas être remis en cause par des bureaucrates zélés. Les exemples ne manquent pas pour illustrer ces cas de frustration et de déception.