Plusieurs milliers de Béninois sont descendus samedi dans les rues de Cotonou, la capitale économique du Bénin, pour protester contre la hausse des prix ainsi que contre les violations des libertés individuelles et syndicales, rapporte l’AFP.
On a faim», ont scandé les manifestants qui répondaient à l’appel des syndicats, en sillonnant les principales artères de la ville, encadrés par les forces de l’ordre. Depuis plusieurs mois, les prix ont augmenté dans le pays en raison de la fermeture de la frontière avec le Niger, le principal partenaire commercial du pays, à la suite d’un coup d’Etat en juillet 2023 dans ce pays sahélien, mais également de la fin de la subvention des carburants au Nigeria voisin, où le Bénin s’approvisionne pour sa consommation intérieure.
«Il est grand temps d’exiger une gouvernance moins brutale... et ne plus permettre à une seule personne de décider toute seule de notre destinée», a déclaré Anselme Amoussou, le secrétaire général de la Confédération des syndicats autonomes du Bénin (CSA Bénin). «Le peuple exige une gouvernance plus humble et s’est levé pour lancer un message fort au président Patrice Talon», a-t-il ajouté.
Les manifestants munis de pancartes et de banderoles ont également scandé des slogans hostiles au gouvernement et au président Talon, qu’ils ont qualifé de «prédateur des libertés ». Les critiques accusent régulièrement le président béninois, Patrice Talon d’avoir opéré un virage autoritaire dans ce pays autrefois salué pour le dynamisme de sa démocratie.
La plupart des manifestants, travaillant dans une administration publique demandent une augmentation des salaires face à la baisse du pouvoir d’achat des Béninois. de la manifestation. «Un peuple qui oublie son passé a tendance à le revivre. De 1985 à 1989, les travailleurs ont milité durement pour avoir le droit de revendiquer », soutient Armel Dossou Kago, un responsable syndical.
«De frustration en frustration, cela risque d’exploser un jour. Nous avons besoin de meilleures conditions de vie et de liberté », prévient-il. Avant la manifestation de samedi, deux précédentes manifestations, organisées fin avril et début mai par les syndicats, avaient été interdites par les autorités et dispersées par la police qui a tiré des gaz lacrymogènes. Des dizaines de manifestants ont alors été interpellés et placés en garde à vue, avant d’être libérés pour certains.