Belkacem Karim Moulay. Commissaire du Festival national de la littérature et du cinéma de la femme de Saïda : «Nous pouvons aller doucement vers une édition internationale du festival»

19/09/2023 mis à jour: 03:58
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Photo : D. R.

Belkacem Karim Moulay est commissaire du Festival national de la littérature et du cinéma de la femme de Saïda. Il revient sur la sixième édition qui s’est tenue du 13 au 17 septembre et sur les perspectives de ce festival, unique en son genre en Algérie. Un festival qui se distingue par une bonne organisation et une riche programmation.

Propos recueillis à Saïda par Fayçal Métaoui

- Vous venez d’organiser la sixième édition du Festival national de la littérature et du cinéma de la femme. Quelles étaient les conditions d’organisation à Saïda ?

Chaque festival a ses spécificités. Un Festival national doit avoir un contenu artistique national. Nous ne pouvons pas avoir une programmation internationale pour un film ou pour un débat littéraire. Beaucoup d’Algériens vivent à l’étranger et méritent d’être dans la programmation du festival, comme les cinéastes ou les écrivains. Cette année, nous avons invité le romancier Yasmina Khadra et le cinéaste Rachid Bouchareb. Pour l’organisation, nous avons rencontré des difficultés techniques. Parfois le DCP (Digital Cinema Package, appareil de projection numérique) ne fonctionne pas correctement. Organisé par une bonne équipe de logistique et de communication, le festival est gérable malgré les contraintes.

- Avez-vous eu le soutien des autorités locales de Saïda ?

Il n’y a aucun souci avec les autorités locales de Saïda. La wilaya nous a apporté une aide précieuse en matière de logistique et du transport. Mais nous ne pouvons pas tout avoir aussi. Il y a l’art et la manière.

- La production nationale de cinéma est modeste. N’avez-vous pas trouvé des difficultés pour trouver de nouveaux longs et courts métrages à projeter ?

Chaque année, nous diversifions la forme de la compétition. Une année, nous accordons le prix du public du meilleur long métrage et l’année suivante, nous attribuons le Kholkhal d’or du meilleur court métrage. Donc, en l’espace de deux ans, nous pouvons avoir de nouveaux films. La production nationale commence à devenir de plus en plus riche. Des courts métrages sont réalisés d’une manière indépendante (sans soutien des fonds publics). Ils sont de qualités différentes. Chacun a sa manière de faire un film. Une commission se charge, chaque année, de sélectionner les films, validés ensuite au ministère de la Culture et des Arts pour l’obtention du visa culturel.

- Il y a un appel pour que le festival évolue en manifestation internationale, méditerranéenne ou  africaine. Etes-vous d’accord avec cette proposition ?

Je suis d’accord. Nous pouvons aller doucement vers une édition internationale du festival. Nous pouvons inviter un ou deux pays à chaque édition du festival, une ouverture vers l’extérieur.

- Comment s’est faite la programmation de cette année. Le festival a été marqué par la présence de grands noms du cinéma, à l’image de Rachid Bouchareb et de la littérature avec la venue de Yasmina Khadra et Waciny Laredj. Le choix s’est fait en fonction de l’actualité ou des thématiques ?

Parfois, la programmation est liée à la thématique que l’équipe du festival retient. Cette année, le thème du festival était :  «Entre la littérature et le cinéma…juste un pas». Après le festival, on commence à préparer la prochaine édition. Nous nous donnons le temps de réfléchir, de recevoir et de visionner les films. Pour la littérature, nous essayons de donner plus de visibilité aux jeunes écrivaines qui veulent perçer. Nous leur donnons une chance sans oublier, évidemment, d’inviter les romanciers connus comme Yasmina Khadra ou Waciny Laredj qui peuvent donner un plus au festival et discuter avec les jeunes auteurs.

- Etes-vous bien soutenus sur le plan financier ?

C’est un Festival national. Le ministère de la Culture et des Arts a son barème qu’il respecte. Le budget pour un Festival international est plus important. Pour couvrir les besoins financiers du festival, nous sommes obligés de voir avec les sponsors. Nous réussissons tout de même à trouver des partenaires. Il ne s’agit pas de sponsors exclusifs, mais leur aide est toujours la bienvenue.

- Justement, est-il aisé de trouver des sponsors ?

Je ne vous cache pas que ce n’est pas facile de trouver des sponsors au niveau local. Il faut surtout être crédible. Avec la visibilité grandissante du festival, le travail fait par l’équipe de communication cette année, je crois qu’on peut trouver des sponsors au niveau national pour les prochaines éditions.

- Cette année, vous avez organisé un master class sur l’écriture du scénario avec Sara Berretima (qui s’est distinguée durant le Ramadhan dernier avec le feuilleton Edama, réalisé par Yahia Mouzahem). Avez-vous reçu des demandes de formation dans les métiers du cinéma ?

Nous avons une demande énorme de formation. Cette année, nous avons choisi un master class sur l’écriture du scénario avec Sara Berretima qui a, à son actif, plusieurs scénarios. Elle nous a promis que lors de la prochaine édition, elle animera un atelier sur l’écriture du scénario sur une période de huit à dix jours.

- En dehors du festival, la salle Douniazed reste-t-elle ouverte ? Y a-t-il une programmation ?

C’est une salle dotée d’un DCP. C’est déjà pas mal. Certaines wilayas n’ont pas cet appareil de projection. Le DCP a une durée de vie. Nous essayons de le «ménager». La salle ouvre lorsqu’un film est programmé.

- Le festival se tient au mois de septembre de chaque année. Allez-vous maintenir cette date pour les prochaines éditions ?

Depuis 2019, nous organisons le festival au mois de septembre. En tant que commissaire, je souhaite organiser le festival au mois de juin avec l’accord du ministère de la Culture et des Arts. Aucun festival n’est organisé durant cette période.  En juin, nous pouvons inviter plus facilement les cinéastes et les littéraires. Nous voulons que les réalisatrices soient plus présentes dans notre festival parce que la manifestation est destinée aux femmes. Nous programmons des films inédits chaque année avec une avant- première mondiale ou nationale. Cette année, par exemple, nous avons projeté en avant-première La berceuse rouge de Belkacem Hadjadj, La couleur dans les mains, de Nora Hamdi et L’olivier sauvage, de Kamel Azouz. F. M.

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