Khartoum a dénoncé, tard lundi, la décision «unilatérale» de l’Ethiopie de lancer la production d’électricité de son grand barrage de la Renaissance sur le Nil, se plaçant sur la même ligne que l’Egypte dans le conflit pour l’eau entre les trois voisins.
Ce que le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, a qualifié, dimanche, de «naissance d’une ère nouvelle» et «une violation flagrante» des engagements internationaux, a estimé, dans un communiqué, le négociateur en chef du Soudan dans ce dossier, Omar Kamel. Il a souligné que son pays rejetait «toute mesure unilatérale» concernant le remplissage du barrage et les opérations qui lui sont liées.
Le Gerd, «Grand Ethiopian Renaissance Dam», constitue depuis le lancement du projet en 2011 un contentieux avec le Soudan et l’Egypte, tous deux tributaires du Nil pour leurs ressources hydrauliques.
Le Caire qui invoque un «droit historique» sur le fleuve depuis un traité de 1929 avait accusé dimanche Addis-Abeba de «persister dans ses violations de la Déclaration de principes de 2015 signée» entre les trois pays et prévoyant la recherche d’une solution négociée. Saisie l’été dernier, l’ONU avait recommandé aux trois pays de poursuivre leurs pourparlers sous l’égide de l’Union africaine (UA).
Inquiets pour leur approvisionnement en eau, Le Caire et Khartoum avaient demandé à Addis-Abeba de stopper le remplissage du barrage, mais l’Ethiopie refuse estimant qu’il est essentiel pour apporter l’électricité à sa population, la deuxième plus importante d’Afrique.
L’Egypte, pays aride de 102 millions d’habitants, dépend du Nil pour environ 97% de ses besoins en eau, notamment pour son agriculture. Outre la question de l’eau, le Soudan et l’Ethiopie sont pris dans un conflit frontalier autour des terres fertiles de la vaste région d’El Fashaga, dans l’Etat soudanais de Gedaref (est).