La coopération internationale dans divers domaines est au point mort, selon le Baromètre de la coopération mondiale 2025 du Forum économique mondial. Elaboré en collaboration avec McKinsey & Company et publié avant la réunion annuelle du Forum à Davos, en Suisse, le rapport analyse la coopération mondiale autour de cinq dimensions : le commerce et les capitaux, l’innovation et la technologie, le climat et le capital naturel, la santé et le bien-être, ainsi que la paix et la sécurité.
Selon le rapport, les niveaux de coopération n’ont pas augmenté au cours des trois dernières années, stagnant à une période précaire définie par des turbulences politiques et technologiques. Le Baromètre note que «l’absence de progrès survient alors que l’année écoulée a été la plus chaude jamais enregistrée, que l’économie mondiale est confrontée à de faibles perspectives de croissance et que la sécurité mondiale est à un point de crise».
Cependant, estime le Baromètre, la coopération mondiale reste «essentielle» pour atténuer de nombreux problèmes auxquels l’économie mondiale est confrontée. Il appelle également les dirigeants des secteurs public et privé à repenser les stratégies de coopération et à stimuler les efforts de collaboration, notant que «le fondement de la résilience, de la sécurité et de la croissance est la coopération».
Par ailleurs, en analysant 41 indicateurs, le rapport identifie les domaines de progrès et de stagnation, mettant en évidence les complexités de la coopération dans un monde marqué par l’incertitude économique, les divisions géopolitiques et les progrès technologiques rapides. Les résultats soulignent l’urgence d’adopter des approches novatrices et souples en matière de partenariat, alors que les dirigeants naviguent dans un paysage mondial de plus en plus désordonné. Le renforcement de la coopération reste essentiel pour relever les défis communs et parvenir à une croissance durable et à la résilience, estime le rapport.
A en croire les experts du Forum économique mondial, le Baromètre de la coopération mondiale fournit des informations précieuses pour la communauté de la chaîne d’approvisionnement de la fabrication avancée, car les facteurs géopolitiques influenceront grandement les investissements dans le secteur. «Du point de vue de la chaîne d’approvisionnement manufacturière, les conflits, qu’ils soient liés au commerce ou à la paix et à la sécurité, accélèrent la régionalisation des opérations manufacturières, raccourcissant les chaînes d’approvisionnement de dernière étape qui peuvent améliorer la résilience», a-t-on indiqué.
Les facteurs géopolitiques déterminants
Cependant, «la collaboration restera vitale, car les nouveaux investissements dans les usines nécessiteront inévitablement l’adoption de technologies de fabrication et numériques de pointe dans ces nouvelles installations, avec des possibilités d’améliorer radicalement la productivité en termes d’énergie, de main-d’œuvre et de matériaux», a-t-on ajouté.
Ces investissements peuvent soutenir la réduction des émissions de gaz à effet de serre, qui n’est pas encore au rythme requis pour atteindre les cibles. Dans de nombreux secteurs, l’on estime que «nous assistons à un changement radical de la mondialisation où la configuration des chaînes d’approvisionnement manufacturières deviendra plus nationale et régionale». En fait, le rapport semble mettre en évidence les principales tendances à l’origine de l’émergence de cette réinitialisation mondiale multipolaire.
Par ailleurs, ces mêmes experts estiment que la montée du nationalisme économique et des tensions géopolitiques entraîne une fragmentation et des incertitudes croissantes dans le système commercial mondial fondé sur des règles. «Le fait que les gouvernements se replient de plus en plus sur eux-mêmes et privilégient l’intérêt national sur les engagements internationaux n’augure rien de bon pour la coopération internationale dans l’élaboration des politiques commerciales», a-t-on souligné. Et de plaider l’urgence de repenser la manière dont le système peut être reconstruit afin de promouvoir des réponses collectives à l’évolution rapide du paysage économique et politique national et international.