Dans son rapport annuel sur l’évolution économique et monétaire pour l’année 2023, la Banque d’Algérie fait état d’une contraction nette du solde global de la balance des paiements, qui est passé de 18,468 milliards de dinars (Mds DA) en 2022 à 6,347 Mds DA en 2023, soit une baisse de 12,121 Mds DA.
«Cette évolution est expliquée par la détérioration du solde des opérations courantes et de capital sur la période, dans un contexte d’une relative amélioration du solde des opérations financières», précise la BA, en notant que malgré cette contraction, le solde est en situation excédentaire après huit années de déficit continu. La Banque d’Algérie relève en outre que le recul de l’excédent du compte courant et de capital en 2023 est dû «essentiellement à la baisse des exportations de biens, notamment celles des hydrocarbures, et dans une moindre mesure à la hausse des importations de biens et de services».
Le même rapport souligne également que ce compte «demeure marginal au sein de la balance des paiements algérienne au vu de la faiblesse structurelle des flux liés aux investissements directs et de la quasi-inexistence des opérations financières de prêts et d’emprunts». Autre indicatif important : celui du compte des transactions courantes et du capital affichant un recul de l’excédent en 2023, passant de 19,451 Mds DA en 2022 à 5,524 Mds DA l’année passée. C’est le recul sensible de l’excédent de la balance commerciale (-14,246 Mds DA) qui justifie essentiellement cette baisse.
Les exportations hors hydrocarbures à 5,058 milliards de dollars
Le solde de la balance commerciale s’est fortement contracté au cours de l’année 2023, avec un excédent enregistré de 12,713 Mds USD, contre 26,958 Mds USD à la fin décembre 2022, et ce, en raison du recul des exportations de biens (-10,161 Mds USD, soit -15,5%) et de la hausse des importations de biens (+4,085 Mds USD soit +10,5%). Globalement, les exportations de biens ont atteint 55,554 Mds USD à la fin décembre 2023, contre 65,716 Mds USD l’année précédente.
La baisse des exportations des hydrocarbures, avec 50,49 Mds USD contre 59,73 Mds USD en 2022 (-9,242 Mds USD, soit -15,5%), explique le recul du solde de la balance commerciale. «La baisse des exportations d’hydrocarbures est exclusivement due à l’effet prix dans un contexte de légère hausse des quantités d’hydrocarbures exportées», indique la même source.
Les exportations de biens hors hydrocarbures sont elles aussi en recul par rapport à l’année 2022, et se sont élevées à 5,058 Mds USD à la fin décembre de l’année 2023, contre 5,978 Mds USD durant l’année précédente (-15,4%). Selon l’estimation de la BA, on est donc loin du chiffre de plus de 7 Mds USD annoncé par le ministre du Commerce, Tayeb Zitouni. La raison invoquée justifiant le recul des exportations hors hydrocarbures est la baisse des exportations de demi-produits, représentant 78,6% des exportations de ce groupe (-21,8% passant de 5,086 Mds USD à 3,977 Mds USD), en dépit de la hausse des exportations de biens alimentaires (+159 millions de dollars pour s’établir à 428 millions de dollars, contre 269 millions USD) et de l’électricité (+123 millions de dollars pour s’établir à 285 millions USD, contre 162 millions de dollars).
Les exportations de produits fertilisant ont accusé la plus importante baisse avec -1,556 Mds USD, pour s’établir à 1,687 Mds USD à la fin 2023 contre 3,243 Mds USD à la fin 2022.
Concernant les biens importés, le même rapport fait état d’une hausse de 10,5% avec une facture fixée à 42,842 mds de dollars en 2023, contre 38,757 Mds USD en 2022. «Cette hausse des importations a concerné, essentiellement, les biens d’équipements industriels, les biens de consommation non alimentaires et d’autres produits», note le rapport.
Pour les biens d’équipements industriels représentant 23,1% des produits importés, elles ont progressé de +18,7% en passant de 8,321 Mds USD à 9,881 Mds USD. Les appareils et engins mécaniques sont au premier rang des produits importés dans ce groupe avec +1,268 Mds USD, suivis par les véhicules automobiles, avec une hausse de 637 millions de dollars. La troisième plus forte hausse des biens importés concerne le groupe des produits de consommation non alimentaires, avec une facture de 6,431 Mds USD, soit +21,8% par rapport à 2022.
Les importations de véhicules de tourisme sont en tête pour justifier cette hausse, avec +597 millions USD, suivies par les produits pharmaceutiques en hausse de 296 millions USD. La facture des importations des produits alimentaires a, quant à elle, connu un léger recul en passant de 10,367 Mds USD à 9,921 Mds USD, essentiellement en raison du recul des importations des céréales de -1,17 Mds USD.
1,216 milliards de dollars d’IDE en 2023
Un excédent du solde du poste des investissements directs nets a été enregistré durant l’exercice 2023. Il est passé de 183 millions USD en 2022 à 1,130 milliard de dollars en 2023. Selon le rapport de la BA, les flux nets entrants au titre des investissements directs étrangers en Algérie ont atteint 1,216 Mds USD en 2023 contre 154 millions USD en 2022. La faiblesse relative des flux IDE, en 2022, est due selon la même source, «à un important désinvestissement opéré dans le secteur des télécommunications, l’Etat algérien ayant acquis les parts d’un actionnaire non résident dans ce secteur», explique la BA sans citer Djezzy. Par ailleurs, les flux nets des IDE ont concerné, en 2023, les secteurs des industries extractives, de l’industrie manufacturière et de la construction avec des flux nets entrants, respectifs, de 829, 133 et 74 millions USD. Le rapport indique, en outre, que les flux nets sortants des investissements algériens à l’étranger se sont élevés à 84 millions USD en 2023 contre 71 millions USD en 2022. N. B