Attribution de marchés publics à Boudouaou : 38 accusés, dont 2 ex-P/APC, devant la justice

07/11/2023 mis à jour: 01:56
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Le procès en appel de l’affaire relative à l’octroi de marchés publics en violation de la réglementation à Boudouaou s’est ouvert hier devant le tribunal criminel près la cour de Boumerdès. Cette affaire tient en haleine l’opinion publique locale depuis plus de quatre ans. Elle révèle l’ampleur de la corruption qui a longtemps gangrené cette localité de plus de 120 000 habitants et dont l’APC issue des dernières élections est bloquée depuis juillet 2022 à cause des désaccords entre élus. 

Sauf que cette fois, les faits concernent des délits et des crimes de gestion qui remontent aux précédentes mandatures. 

Parmi les accusés, on retrouve plusieurs entrepreneurs, deux ex-P/APC, Madani Medagh et Mekki Hamoud, l’ancien vice-P/APC, Tazrouti Nadjib, le chef du service technique, Boubekeur Mourad, ainsi qu’une vingtaine de fonctionnaires de la mairie. 

Le procès en première instance, tenu en avril dernier, s’est terminé par plusieurs condamnations. Les deux anciens maires et leur adjoint ont écopé d’une peine de 7 ans de prison ferme tandis qu’un entrepreneur répondant au nom de Ghazel ainsi que l’ex-responsable du service technique ont été condamnés à 10 ans de prison assortie de fortes amendes. Le tribunal criminel avait également prononcé la relaxe au profit de plusieurs autres prévenus. 

Les délits ne sont pas des moindres. Les principaux accusés ont été condamnés pour «passation de marchés en violation de la loi», «dilapidation de deniers publics», «faux et usage de faux», «attribution d’ indus avantages», «mauvais usage de fonction», «obtention d'indus privilèges», etc. 

Dans l’acte d’accusation, il est fait état de l’octroi de 21 projets sans le respect de la réglementation. Des projets attribués entre 2012 et 2018 à l’issue de consultations restreintes et dont les bénéficiaires auraient été favorisés par les anciens maires et la commission des marchés, souligne un avocat, précisant qu’un des entrepreneurs inculpés dans cette affaire a raflé 80% des opérations lancées à l’époque par la commune. On retrouve surtout des projets d’éclairage, d’aménagement urbain, d’entretien d'écoles, de routes, d’AEP, d’assainissement, etc., a-t-il indiqué. 

Le scandale a éclaté en mai 2018 suite à une lettre anonyme ayant atterri sur le bureau du procureur de la République faisant état d’actes de malversation dans la gestion des affaires de la localité. L’enquête aura duré plus de trois ans, ce qui dénote de la gravité des dépassements dont se sont rendus coupables certains membres de l’exécutif et leurs subalternes. L’image de l’Assemblée communale comme institution émanant de la volonté populaire a subi alors un sérieux coup. 

«Le climat de travail à l’APC est devenu depuis morose. La suspicion s’est emparée de tout le monde, ce qui a entravé le fonctionnement de plusieurs services», témoigne un employé de l’état civil. L’espoir porté sur la nouvelle équipe pour redorer le blason de l’Assemblée s’est vite évaporé en raison des blocages et des dissensions minant sa composante. Moins de deux ans après son élection, l’Assemblée communale a fini par être gelée par le wali… en attendant des jours meilleurs. 

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