Arrêt temporaire des approvisionnements en gaz russe : L’Europe craint un hiver froid

12/07/2022 mis à jour: 09:53
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Photo : D. R.

Gazprom a réduit hier ses livraisons de gaz à l’Italie et l’Autriche, respectivement d’un tiers et de 70%, ont indiqué les énergéticiens OMV et ENI. Les deux pays sont en partie approvisionnés par le gazoduc TAG, qui passe par l’Ukraine, mais aussi par le Nord Stream.

Une crise énergétique plus importante encore menace l’Europe. Dans le sillage de la guerre en Ukraine, le géant russe Gazprom est en train de fermer les vannes qui alimentaient de nombreux pays du Vieux Continent. Selon l’AFP, l’Allemagne et l’Europe sont entrées hier dans une période de grande incertitude sur la suite de leurs importations de gaz russe, déjà fortement réduites ces dernières semaines et qui pourraient bientôt se tarir complètement.

Le géant russe Gazprom avait entamé dans la matinée les travaux de maintenance des deux gazoducs Nord Stream, qui acheminent une grande quantité de son gaz livré encore à l’Allemagne ainsi qu’à plusieurs autres pays de l’ouest de l’Europe. «Nord Stream est arrêté (...) ce qui signifie que le gaz ne circule plus», a confirmé à l’AFP le ministère allemand de l’Economie.

Cet arrêt pour dix jours des deux tuyaux, annoncé de longue date, ne devait en théorie n’être qu’une formalité technique. Mais dans le contexte de la guerre en Ukraine et du bras de fer entre Moscou et les Occidentaux sur l’énergie, estime la même source, personne ne peut parier sur la suite. Comme un avertissement, Gazprom a d’ailleurs réduit hier ses livraisons de gaz à l’Italie et l’Autriche, respectivement d’un tiers et de 70%, ont indiqué les énergéticiens OMV et ENI, cités par l’agence française.

Les deux pays sont en partie approvisionnés par le gazoduc TAG, qui passe par l’Ukraine, mais aussi par le Nord Stream. «Il existe de nombreux scénarios selon lesquels nous pourrions être plongés dans une situation d’urgence», a prévenu le même jour le président de l’Agence allemande des réseaux, Klaus Müller, à la télévision ZDF. En Europe occidentale, l’on se prépare au pire.

«L’Allemagne en plein choc gazier !» s’exclamait hier en une le quotidien le plus lu d’Allemagne, Bild, rapporte l’AFP. «Nous sommes confrontés à une situation inédite, tout est possible», a reconnu au cours du week-end le vice-chancelier allemand, Robert Habeck, sur la radio publique. «Il est possible que le gaz coule à nouveau, même en quantité supérieure à avant. Il est possible que plus rien ne vienne et nous devons nous préparer comme toujours au pire», a-t-il ajouté. Moscou, arguant d’un problème technique, a déjà réduit ces dernières semaines de 60% les livraisons de gaz via Nord Stream, une décision dénoncée comme «politique» par Berlin.

L’Allemagne a par conséquent beaucoup œuvré pour convaincre, samedi, le Canada de lui restituer une turbine destinée à Nord Stream 1, qui était en maintenance dans le pays. Et ce, malgré les protestations de l’Ukraine. Berlin ne voulait pas donner un argument supplémentaire à Moscou d’interrompre ses livraisons de gaz.

La turbine une fois rapatriée par son fabricant Siemens va ensuite être remise à la Russie, a précisé Berlin. Selon l’agence française, l’Allemagne fait aussi valoir que, pour des raisons techniques, il serait difficile à Gazprom de stopper net ses livraisons via Nord Stream, le gaz exploité dans le champ sibérien étant «sous pression» et ne pouvant pas être éternellement stocké. «Ce n’est pas comme un robinet d’eau», a dit M. Habeck.

Les européens craignent le pire

Depuis le début de la guerre, l’Allemagne fait des efforts pour réduire sa dépendance, mais celle-ci reste encore importante : 35% de ses importations gazières proviennent de Russie, contre 55% avant la guerre.

Et le chauffage des foyers est toujours assuré à plus de 50% avec du gaz. Un arrêt durable de Nord Stream 1 ne pénaliserait pas seulement la première économie européenne : ordinairement, le gaz qui arrive en Allemagne continue à être transporté vers toute l’Europe. En France, le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, a appelé dimanche à «se mettre rapidement en ordre de bataille» pour faire face à l’éventualité d’une coupure totale des approvisionnements, «option la plus probable».

Un arrêt prolongé des livraisons aggraverait donc la crise énergétique dans laquelle se débat déjà l’Europe, avec des prix qui flambent et la crainte de pénuries cet hiver, explique la même source. En Allemagne, les autorités réfléchissent à des plans de rationnement, et appellent aux économies. «Il faut tout faire pour économiser le gaz dès maintenant, optimiser le chauffage, discuter en famille, préparer les industries – nous ne sommes pas impuissants», a martelé hier Klaus Müller, le patron de l’Agence fédérale des réseaux.

La Chambre des députés a adopté jeudi pour elle un plan symbolique d’économie : plus de chauffage au-dessus de 20 degrés l’hiver et plus d’eau chaude dans les bureaux individuels, rapporte l’AFP. De nombreux pays européens pensent déjà à se remettre au charbon pour compenser un tant soit peu le gaz russe. 

 

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