Armement : L’Allemagne ne veut pas de livraison d’avions de combat Eurofighter à l’Arabie Saoudite

15/07/2023 mis à jour: 00:14
AFP
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L’Allemagne hausse le ton, en marge du sommet de l’OTAN à Vilnius. Le chancelier Olaf Scholz a indiqué que l’Allemagne ne livrerait pas d’avions de combat Eurofighter à l’Arabie Saoudite au cours de cette législature, c’est-à-dire jusqu’à l’automne 2025.
 

«Il n’y aura pas de décision imminente concernant les livraisons d’Eurofighter vers l’Arabie Saoudite», a déclaré le chancelier fédéral, Olaf Scholz (SPD).
 

Le pays, qui fournit un tiers des composants de l’aéronef, a la possibilité de bloquer toute exportation, au grand dam des Britanniques. Rappelons que l’avion de chasse, assemblé en Angleterre, est un programme commun avec l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne. 
 

Rappel des faits. Depuis l’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, Berlin a interrompu toutes les ventes d’armes à l’Arabie Saoudite. De surcroît, la guerre menée par Riyad au Yémen est venue verrouiller cette position.
Un contrat pour 48 Eurofighter
 

Une position qui fait partie du contrat de coalition entre le SPD, les Verts et le FDP de 2021. On y trouve la formulation suivante : «Nous ne délivrerons aucune autorisation d’exportation d’armements à des Etats tant qu’il est prouvé qu’ils sont directement impliqués dans la guerre au Yémen.» Cette situation irrite la Grande-Bretagne, BAE Systems a en effet conclu il y a 5 ans un accord pour vendre 48 Eurofighter à l’Arabie Saoudite. 

D’autant plus que la situation au Yémen s’est apaisée. Entre avril et octobre 2022, grâce à l’aide des Nations unies, un cessez-le-feu officiel a été conclu. Mais comme le font parfois les Américains avec la réglementation ITAR, l’Allemagne peut bloquer toute exportation de l’avion de chasse étant donné qu’il participe à sa fabrication. Une telle décision serait considérée comme un mauvais signal au moment où le patron du consortium Eurofighter estime le potentiel de vente à 200 appareils au cours des deux prochaines années. 
 

Autre inquiétude, cette décision jette par la même occasion le trouble sur les exportations de l’avion de combat du futur, le SCAF, un projet qui réunit la France, l’Allemagne, l’Espagne et la Belgique, en tant que membre observateur. Que se passerait-il si Berlin ou un autre pays devait bloquer son exportation ? En attendant, cette situation pourrait bien faire les affaires de Dassault. L’Arabie Saoudite s’intéresserait de très près au Rafale et pourrait, selon certaines sources, acquérir entre 100 et 200 appareils.

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