Outre des hommes d’affaires, des personnalités politiques, dont d’anciens ministres, disposent de comptes bancaires et ont acheté des biens immobiliers, qui se chiffrent en millions d’euros, en Europe et au Moyen-Orient.
L’Algérie cherche actuellement à récupérer quelque 4,5 milliards de dollars, transférés et placés sur des comptes bancaires à l’étranger par les anciens hommes d’affaires ayant gravité autour du pouvoir ces 20 dernières années.
Cette importante somme a été déterminée à l’issue de plusieurs procès ayant marqué les premières années post Bouteflika. Non encore arrêté par la justice, ce décompte représente le total de l’argent identifié, transféré à l’étranger jusqu’à 2019 par les «oligarques» algériens, dont notamment Mahieddine Tahkout, Ali Haddad, les frères Kouninef, etc.
A lui seul, Tahkout Mahieddine, le patron du groupe TMC (Tahkout Manufacturing Company), a transféré à l’étranger, entre 2017 et 2019, près de 1,20 milliard de dollars, à raison de 400 millions de dollars chaque année. Acquis dans des pays européens et arabes, à coups de millions de dollars sinon d’euros, des biens immobiliers figurent aussi sur la liste des saisies auxquelles l’Etat algérien compte procéder.
Ils représentent, en effet, d’importantes sommes en devises, transférées d’une manière ou d’une autre à l’étranger pour leur acquisition. L’hôtel Palace (ex-Ritz) de Ali Haddad, acheté en décembre 2011 auprès de la société espagnole Inmobiliaria Sarasate à Barcelone (Espagne) pour un montant de 67,6 millions d’euros, figure parmi ces biens.
Cet hôtel appartenait à un homme d’affaires espagnol, ancien président du club de football FC Barcelone, avant d’être vendu à la société Aginyo détenue par le patron de l’ETRHB, Ali Haddad. Ce dernier purge une peine d’emprisonnement de 18 ans ferme pour des affaires liées à la corruption, à la prison de Tazoult de Batna. Au total, les biens de Ali Haddad, dont deux hôtels en Espagne, sont estimés à quelque 300 millions de dollars.
En mai 2021, le ministère de la Justice avait communiqué un premier bilan des biens saisis dans le cadre de la lutte contre la corruption, même si aucune indication n’a été donnée par rapport à la période couverte. Ainsi, ce sont pas moins de 52 723 779 807 DA qui sont entre les mains de la justice, dont 39 394 008 150 DA saisis.
En monnaie étrangère, la justice a mis la main sur 1 958 759 euros et 213 536 809 dollars. Il y a eu également la saisie de 4689 véhicules, parmi un ensemble de 4766 moyens de locomotion, en plus de six bateaux. Pour ce qui est du foncier et de l’immobilier, le département de la Justice évoque la saisie de 214 lots de terrain, ordinaire ou agricole, sur un ensemble de 301 assiettes qui sont au niveau de la justice, et 119 logements ainsi que 21 locaux commerciaux.
Force est de souligner que ces anciens hommes d’affaires qui purgent actuellement de lourdes peines de prison ferme ne sont pas les seuls à avoir transféré d’importantes sommes d’argent en devises et acquis des biens à l’étranger.
De nombreuses personnalités politiques, dont d’anciens ministres, disposent également de comptes bancaires et ont acheté des biens immobiliers, qui se chiffrent en millions d’euros, en Europe et au Moyen-Orient. Actuellement en fuite, l’ancien ministre de l’Industrie dispose, depuis 2006, d’un appartement luxueux de 1,18 million euros.
Egalement installé à l’étranger, l’ancien secrétaire général du FLN possède aussi un appartement haut standing parisien, dont le prix est de 665 000 euros. D’autres ministres ont aussi acquis des biens immobiliers dans l’Hexagone. Rappelons que l’ambassade d’Algérie à Paris est une partie prenante dans cette mission de récupération de l’argent et des biens des Algériens en France.
L’actuel ambassadeur en poste dans la capitale française, Antar Daoud, est derrière le recensement et la récupération de 44 biens, propriété de l’Etat algérien, sur un total de 46, tous implantés sur le territoire français.