Les potentialités existent puisque d’importants plans d’eau sont en exploitation, mais aussi avec la création de projets d’intégration piscicole en milieu agricole ou de fermes aquacoles.
La création d’une filière spécialisée en poisson d’eau douce à partir des wilayas de Khenchela, Oum El Bouaghi, Tébessa, Souk Ahras et Guelma est devenue une évidence, tant pour le staff de la direction de la pêche et des ressources halieutiques de Guelma que pour la chambre de l’aquaculture, d’autant que les wilayas sus-mentionnées se sont constituées en pôle de ressources halieutiques, depuis l’installation d’une direction régionale de la pêche le 31 décembre 2001 à Guelma.
Les potentialités existent, puisque d’importants plans d’eau sont en exploitation par des concessionnaires, ou encore avec la création de projets d’intégration piscicole en milieu agricole ou de fermes aquacoles. Si elle venait à voir le jour, cette filière devrait inciter les intervenants (producteurs-transporteurs-transformateurs) à offrir un produit de qualité avec l’aide de la chambre de l’aquaculture et de la direction de la pêche et des ressources halieutiques.
Mais qu’en est-il au juste ? «En effet, la création d’une filière est possible, mais pour le moment notre mission est de faire aboutir les projets dans ce secteur d’activité professionnelle encore méconnu du large public», a déclaré, hier, à El Watan, Habita Faouzi, responsable de la direction régionale de la pêche, dont le siège se trouve à Guelma.
Et d’expliquer : «Sept concessionnaires ont obtenu des autorisations pour la pêche continentale, notamment pour les barrages mis sous notre tutelle. Pour l’année 2023, la production a atteint 112 tonnes de poissons d’eau douce (carpe, cendre, black-bass…). Pour le 1er semestre de l’année 2024, les objectifs de pêche sont atteints».
L’ensemencement des barrages en alevins est une opération d’une importance primordiale pour «régénérer» les populations de poissons. À Guelma, le barrage de Hammam Debagh est le seul plan d’eau destiné à cette opération, mais contre toute attente la situation est tout autre.
«Nous ne pouvons ensemencer le barrage qu’avec l’autorisation des services centraux de l’Agence nationale des barrages et transferts(ANBT). Nous sommes tributaires du taux de remplissage et c’est valable pour l’ensemble des barrages», tient à préciser le directeur du secteur.
Une commercialisation timide
En plus de la pêche continentale, des investissements en aquaculture et autres projets de pisciculture encouragent ce type de production destinée à la grande consommation. «Oui je vous le concède, en plus des investissements en activité, tels ceux de l’écloserie et du centre de pêche de Babar (Khenchela), avec l’appui du Centre national de recherche et de développement de la pêche et de l’aquaculture(CNRDPA) d’Ouricia (wilaya de Sétif), pour cette région dont le rôle est d’alimenter en alevins de carpe, je vous informe également que l’État octroie dans ce type d’investissement 50 dinars le kg d’alevin comme soutien et encouragement à la production», explique notre interlocuteur. Des projets d’investissement sont certes timides, mais ils existent.
À l’image d’un projet à Aïn Larbi (wilaya de Guelma) pour la création d’une ferme aquacole de production de 20 tonnes de tilapia rouge avec conditionnement, ou celui d’une autre ferme aquacole dans la commune de Zaarouria (wilaya de Souk Ahras) d’une capacité de 54 tonnes avec un (1) million d’alevins en écloserie.
Nous l’aurons compris, les potentialités existent ou sont en phase de réalisation, faudrait-il que l’émergence de cette production de poisson soit perceptible sur les étalages avec des prix concurrentiels. Mais force est de constater que la commercialisation demeure timide au regard des tarifs, même préférentiels variant entre 550 DA le kg de tilapia à 1200 DA le kg de cendre.
«Trop cher pour les ménages à faibles revenus en quête de protéines animales», évoquent des clients devant des cageots entassés sur la voie publique sous un soleil de plomb à Guelma. Pour rappel, une délégation d’experts hongrois avait visité, en 2001, le pôle halieutique de Guelma pour y apporter le savoir-faire et l’appui technique pour l’exploitation des barrages.
L’histoire retiendra que les premiers projets de création de fermes aquacoles avaient échoué au titre du programme de soutien à la relance économique 2001-2004 où 19 dossiers d’investissement avaient été recensés à l’époque avec 3 projets de centres de pêche, 11 pour la commercialisation, 3 pour l’acquisition d’équipements pour la pêche continentale ainsi que 2 fermes aquacoles.
Aucun projet ne verra le jour dans les délais impartis. La situation qui prévaut dans ce secteur reste tributaire des coutumes culinaires de la région qui a «abandonné» ce type de consommation. Faudrait-il encore que le secteur de la transformation s’y intéresse en investissant dans les conserveries et les produits du terroir dans le secteur de la restauration et du tourisme culinaire.
La chambre de l’aquaculture du pôle halieutique de Guelma a également un rôle très important à jouer. Avec la récente installation d’un directeur, originaire de Skikda, la situation est appelée à évoluer. «Je ferais tout mon possible pour lancer la création de coopératives dans ce secteur et par la même faire la promotion de la pêche continentale, aquaculture et pisciculture en collaboration étroite avec la direction régionale. Oui une filière est nécessaire», a souligné à El Watan le directeur de la chambre de l’aquaculture.