La Chine a accusé hier Taïwan de chercher à «dissimuler la vérité» sur un incident mortel en mer impliquant un navire des garde-côtes taïwanais et qui a provoqué la mort de deux pêcheurs chinois, rapporte l’AFP. Le drame est survenu le 14 février près des îles Kinmen.
Situées à quelques kilomètres seulement de la ville de Xiamen, dans la province du Fujian (est de la Chine), elles sont toutefois sous contrôle des autorités taïwanaises.
Un bateau de pêche chinois, avec à son bord quatre personnes, a été pris en chasse par les gardes-côtes taïwanais car il a, selon eux, pénétré dans des eaux du territoire insulaire, qui leur étaient interdites. L’ensemble des pêcheurs est ensuite tombé à l’eau et deux d’entre eux ont péri. Les survivants ont été interpellés, amenés à Kinmen, mais ont pu regagner la Chine continentale hier.
«Pour diverses raisons, les autorités taïwanaises cherchent à se soustraire à leurs responsabilités et à dissimuler la vérité sur l’incident», a accusé Zhu Fenglian, une porte-parole du Bureau chinois des affaires taïwanaises. «Nous demandons solennellement aux parties concernées à Taïwan de faire part de la réalité des faits au plus vite», a-t-elle déclaré dans un communiqué.
Les autorités taïwanaises ont assuré que leurs gardes-côtes n’ont rien fait de répréhensible. Mais un des deux rescapés a affirmé à un média d’Etat chinois que le bateau de pêche a chaviré après avoir été percuté par le navire taïwanais. «Nous condamnons fermement la brutalité de la partie taïwanaise envers les pêcheurs du continent. Nous condamnons fermement la malveillance de la partie taïwanaise», a déclaré Zhu Fenglian.
«Nous exprimons également notre vive indignation face aux paroles et aux actes empreints d’inhumanité et d’indifférence de la part de la partie taïwanaise depuis l’incident», a-t-elle affirmé.
«Stricte application de la loi»
L’incident risque d’envenimer des relations déjà exécrables entre Pékin et Taipei. La Chine estime que Taïwan est l’une de ses provinces, qu’elle n’a pas encore réussi à réunifier avec le reste de son territoire depuis la fin de la guerre civile chinoise en 1949. Les relations Pékin-Taipei sont tendues depuis 2016 et l’élection de la présidente taïwanaise Tsai Ing-wen, du Parti démocrate progressiste (DPP), favorable à l’indépendance et notamment à des liens culturels plus distendus avec la Chine continentale. L’élection en janvier 2024 de son successeur Lai Ching-te, du même parti, a davantage tendu les relations bilatérales.
Ce dernier a déclaré hier appuyer «une application stricte de la loi» par les gardes-côtes de l’île, tout en espérant éviter que ne se reproduise une «situation similaire» ayant conduit à la mort de deux Chinois lors d’une poursuite. Wu Cheng, porte-parole du PDP, a déclaré hier à la presse que le parti et son président Lai espéraient que les conséquences de l’incident du bateau pourront être «gérées correctement».
Ce dernier «soutient la stricte application de la loi par les gardes-côtiers (et souhaite) qu’à l’avenir soit d’étudier les moyens pour éviter qu’une situation similaire ne se reproduise», selon Wu. Taïwan a précédemment défendu ses actions en affirmant que le bateau chinois se trouvait dans des eaux interdites, tandis que la Chine s’est engagée à intensifier les «opérations de patrouille des forces de l’ordre» dans la région et que ses gardes-côtes ont brièvement arraisonné lundi un navire de tourisme taïwanais.