Après tant d’années de blocage, le premier tour de manivelle du film sur le colonel-martyr Zighoud Youcef a été enfin donné ce vendredi dans la wilaya de Constantine, à l’occasion de la double commémoration des événements du 20 août 1955 et la tenue du Congrès de la Soummam. Cette production cinématographique se veut comme un véritable exploit pour le scénariste Ahcène Tlilani, qui est également le président de la fondation Zighoud Youcef.
Surtout que, selon ses dires, ce martyr-symbole a été «assez marginalisé depuis l’indépendance par le cinéma algérien, pour plusieurs raisons». Pourtant, le Dr Tlilani a arraché, de par la pertinence du contenu de son travail, les trois concours organisés en 2013, 2020 et 2021 sur un scénario du film de Zighoud Youcef. «Sachant qu’on a réalisé beaucoup de films sur des personnalités historiques, à l’instar de Krim Belkacem mettant sous la lumière la Révolution dans la région de la Kabylie, Ben Boulaïd avec la Révolution aux Aurès, Larbi Ben M’hidi, un autre film sur Ahmed Zabana et la région Ouest, sans oublier le colonel Lotfi. La seule zone qui n’a jamais été mise en valeur était le Nord-Constantinois», a regretté notre interlocuteur.
Et de poursuivre que «le scénario du film est un véritable travail de recherche laborieux, fondé sur des vérités historiques de notre Révolution». «J’ai résisté à toute forme d’exclusion. Maintenant mon devoir est accompli, avec beaucoup de patience et surtout grâce au soutien de la famille du martyr, dont sa fille Chama et sa femme décédée en 2015. Le soutien m’a été aussi apporté par la famille révolutionnaire, dont le défunt Amar Benaouda, le compagnon de Zighoud Youcef et Brahim Chibout, ancien ministre des Moudjahidine», a déclaré le scénariste.
Et il a tenu à souligner que ce long-métrage, réalisé par Mounès Khammar, va apporter un éclairage sur le combat de tout le Nord Constantinois (Constantine, Mila, Jijel, Skikda, Annaba et Guelma) dans la Révolution algérienne, en particulier l’insurrection du 20 août 1955 conduite par Zighoud Youcef (rôle joué par Ali Namous). Ces événements ont été qualifiés par notre interlocuteur comme un deuxième déclenchement de la Révolution du Novembre 1954.
M. Tlilani n’a pas manqué de préciser que ce film ne dévoilera pas uniquement beaucoup de vérités, mais il provoquera également «un débat positif sur l’Histoire algérienne». D’autres compagnons historiques de la Révolution seront mis en exergue dans la production cinématographique, à leur tête Didouche Mourad, qui fut le premier chef du Nord Constantinois. D’autres noms figureront dans le film, notamment Ali Kafi, Lakhdar Bentobal et Salah Boubnider (Sawt El Arab).
Des vérités occultées ou plutôt des rectifications historiques ? En réponse, notre interlocuteur révèle avec insistance : «Des vérités sur l’importance des événements du 20 août 55, qui étaient le deuxième déclenchement de la Révolution. Des vérités sur le congrès de la Soummam, où il n’y avait aucun conflit. Zighoud Youcef était présent et il a participé à l’établissement de la Plateforme du Congrès. D’ailleurs, il était l’initiateur de ce Congrès, il a demandé sa tenue à Aïn Kechra, avant que les autres optent pour Ifri d’Ouzellaguen. Je tiens à souligner également que la délégation de la Wilaya II était présente en force et Zighoud Youcef était le premier à prendre la parole lors du Congrès. J’ai des preuves qui viennent d’être consolidées par les mémoires de Lakhdar Bentobal. Il y avait des débats et non pas des conflits.»
Le scénariste conclut qu’à travers ce film d’action, les Algériens sauront comment ce stratège militaire, le colonel Zighoud Youcef, «a fait du mal au colon». De son côté, le réalisateur Mounès Khammar, sans s’étaler sur les détails en particulier la durée de la réalisation, révèle que le tournage du film ne se fera pas uniquement dans la wilaya de Constantine, mais éventuellement à Skikda aussi.