Après les lois sur le soutien immédiat à Israël et contre des sanctions visant ses forces : Washington valide 5 contrats de vente d’armes à Tel-Aviv

17/08/2024 mis à jour: 03:15
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Photo : D. R.

Cinq contrats de ventes d’armes sur les neuf que Washington a validés, durant les deux premières semaines du mois en cours,  sont destinés à Israël pour «renforcer ses capacités de protection».

D’un côté, elle appelle les parties à conclure un accord de cessez-le-feu à Ghaza, où 40 000 Palestiniens ont été tués en dix mois, et d’un autre, elle dote Israël des armes les plus sophistiquées et les plus dévastatrices pour soutenir son effort dans la guerre génocidaire.

L’administration Biden vient de valider la vente d’une importante cargaison d’armes pour un montant de 20 milliards de dollars, notamment de nouveaux avions de combat F-15 et des dizaines de milliers d’obus de char et de mortiers, sous prétexte de l’aider à se protéger «des menaces iranienne».

Les nombreux appels des experts de l’ONU «à l’embargo sur les armes à destination de Tel-Aviv et l’ordonnance de la Cour internationale de justice (CIJ), la plus haute juridiction ONUsienne,  qui a  déclaré Israël comme force occupante sur les Territoires palestiniens, ne devant pas être soutenue militairement par les Etats membres de l’ONU, ainsi que les poursuites pour crimes de guerre, engagées par la Cour pénale internationale (CPI)», contre les dirigeants israéliens, n’ont malheureusement pas freiné le transfert d’armes vers l’Etat hébreu.

Durant les deux semaines seulement de ce mois d'août, Washington a accordé cinq marchés sur les neuf qu’elle a signés. Le dernier accord d’aide militaire, un des plus importants, concerne, selon le communiqué de l’Agence américaine de sécurité et de défense, «la vente militaire étrangère au gouvernement israélien d’avions F-15IA et F-15I+ et d’équipements connexes pour un coût estimé à 18,82 milliards de dollars», précisant que le gouvernement israélien «avait demandé l’achat d’un maximum 50 nouveaux avions de combat multirôles F-15IA, ainsi que des kits de modification de mise à jour à mi-vie pour 25 avions de combat multirôles F-15I existants, 120 moteurs F110-GE-129 ; 90 processeurs d’affichage de base II avancés, 75 radars à balayage électronique actif APG-82(V)1; 50  nacelles de navigation AN/AAQ-13 Lantirn avec conteneurs ; 320 lanceurs de missiles air-air de moyenne portée avancés LAU-128 ; 25 canons M61A Vulcan ; 180 dispositifs de système de positionnement global/système de navigation inertielle intégrés avec code M.

Le coût total affirme la même source, est  de 18,82 milliards de dollars. L’agence a ajouté en outre que les Etats-Unis «sont attachés à la sécurité d’Israël et il est essentiel pour les intérêts nationaux américains d’aider Israël à développer et à maintenir une capacité d’autodéfense forte et opérationnelle» en soulignant par ailleurs : «L’intégration des F-15IA dans la flotte d’avions de combat de l’armée de l’air israélienne améliorera l’interopérabilité d’Israël avec les systèmes américains et renforcera ses capacités aériennes pour faire face aux menaces ennemies actuelles et futures, renforcer sa défense nationale et servir de moyen de dissuasion face aux menaces régionales.»

Le maître d’œuvre de ces acquisitions est la société Boeing Corporation, qui fait partie d’une kyrielle d’entreprises américaines et européennes, épinglées par le Conseil ONUsien des droits de l’homme et des Ong internationales de défense des droits de l’homme et contre lesquelles ils ont demandé un embargo et des sanctions.

Travail en coulisse

Le maître de l’ouvrage pour ce contrat est General Dynamics Ordnance and Tactical Systems Inc., situé au Québec, Canada. Une société également dans le viseur des Ong internationales de défense des droits de l’homme.

L’autre accord porte sur la vente «de camions cargo de 8 tonnes supplémentaires de la famille de véhicules tactiques moyens (FMTV) M1148A1P2 modifiés, qui seront ajoutés à un dossier de ventes militaires à l’étranger (FMS) précédemment mis en œuvre dont la valeur était inférieure au seuil de notification du Congrès», selon l’agence américaine.

Pour la presse américaine et israélienne, l’obtention de tels contrats est «le résultat»  «travail en coulisses» de Yoav Gallant, ministre de la Défense de l’Etat hébreu, concerné par une demande de mandat d’arrêt international, du procureur en chef de la CPI, au même titre que le Premier ministre, Benyamin Netanyahu,  et dont les réponses devraient intervenir, selon la presse américaine,  durant la deuxième quinzaine de septembre prochain.

Yoav Gallant et grâce à ses relations privilégiées avec certains hauts responsables américains, notamment le secrétaire à la Défense,  Lloyd Austin, a lors de ses visites à Washington, il y a quelques semaines, abordé avec ses interlocuteurs la question du renforcement des capacités militaires de son pays.

Dans son communiqué, la Maison-Blanche  a expliqué que ces ventes d’armes «soutiendront la sécurité à long terme d’Israël en réapprovisionnant les stocks de munitions essentielles et en investissant dans des améliorations à long terme des capacités».

Pour le journal de gauche Hareetz, ces importantes ventes font partie d’un «accord discuté entre de hauts responsables israéliens et américains, ainsi qu’avec des constructeurs aéronautiques».

Au mois d’avril dernier, le président Biden avait approuvé un plan de soutien financier à Israël, d’une valeur de 26 milliards de dollars, dont environ 14 milliards de dollars pour le soutien militaire. Un mois plus tard,  la «loi de soutien immédiat à Israël» est adoptée, par le Congrès sous la pression du camp républicain, rejoint par plusieurs démocrates.

Cette loi rend obligatoire les transferts de certaines armes vers Israël, dans les 30 jours qui suivent leur acquisition et s’applique principalement  à l’arsenal approuvé dans le cadre du plan d’aide étrangère de 95 milliards de dollars adopté au mois d’avril dernier, soit un mois auparavant. Le gel des opérations de transfert d’armes, notamment des bombes à destruction massive de plus de 900 kg, en raison des dérives de l’armée israélienne à Ghaza, n’a pas tardé à être levé.

La visite du Premier ministre israélien à Washington, à l’invitation du Congrès, et son discours devant les deux Chambres réunies, pendant que la guerre génocidaire se poursuivait à Ghaza, a suscité colère et réprobation, notamment contre l’administration américaine, apparue comme complice des crimes commis contre la population de Ghaza.

Même les sanctions qu’elle avait annoncées contre les membres de l’Unité de l’armée israélienne, «Netzah Yehuda», pour graves violations des droits de l’homme en Cisjordanie occupée (commises avant le 7 octobre dernier), viennent d’être abandonnées.

Elle a annoncé avoir mis fin  à l’enquête ouverte et aux sanctions qu’elle avait pourtant annoncées, dans le but évident de démontrer que l’armée israélienne a pris des mesures contre les violations des droits de l’homme commises par ses forces comme l’a exigé l’ordonnance de la CIJ. Bien plus.

Une sanction contre des militaires israéliens serait en contradiction avec la législation américaine qui interdit toute aide financière ou de formation du  programme du ministère de la Défense, aux forces de sécurité, militaires et de police étrangères soupçonnées d’avoir commis des violations des droits de l’homme.

Lors des débats de la réunion du Conseil de sécurité mardi dernier, consacrée à la situation à Ghaza, particulièrement aux frappes contre l’école Tabeen, qui abritait des déplacés, de nombreux délégués ont accusé les Etats-Unis de complicité dans la guerre génocidaire contre les Ghazaouis, en raison de l’aide financière, militaire et politique apportée à Israël, au moment où ses dirigeants sont accusés de crimes de guerre, contre l’humanité et de génocide. 
 

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