Après les inondations à Derna en Libye : Communications coupées sur fond de grogne

20/09/2023 mis à jour: 05:24
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Le réseau d’internet et de téléphone des deux opérateurs libyens sont hors service depuis lundi - Photo : D. R.

Le chaos en Libye a relégué au second plan l’entretien d’infrastructures vitales comme les barrages de Derna, dont l’effondrement a provoqué des inondations qui ont fait 3338 morts.

Les communications ont été coupées hier à Derna, ville de l’est de la Libye dévastée par des inondations meurtrières. Le réseau cellulaire et d’internet est hors service depuis hier matin, selon des sources locales. Cet événement survient au lendemain d’une manifestation d’habitants de Derna réclamant des comptes aux autorités de l’est du pays, qu’ils tiennent pour responsables de la catastrophe qui a fait des milliers de morts et de disparus après le passage de la tempête Daniel le 10 septembre et la rupture de deux barrages en amont de la ville.

La coupure a été causée par «une rupture des fibres optiques dans la ville de Derna», a indiqué sur son compte Facebook la compagnie nationale des télécommunications (Lptic). Selon elle, cette panne, qui affecte aussi d’autres localités dans l’est de la Libye, «pourrait être le résultat d’un acte de sabotage délibéré.

Nos équipes s’efforcent de la réparer le plus rapidement possible». Rassemblés devant la grande mosquée de la ville, des centaines d’habitants ont scandé des slogans contre les autorités de l’Est incarnées par le Parlement et son chef,  Aguila Saleh. Plusieurs manifestants ont brûlé la maison du maire honni de la ville, Abdulmonem Al Ghaithi, selon des images largement partagées sur les réseaux sociaux et par des médias libyens.

Un chaos dans le chaos

Quelques heures après la manifestation, le chef de l’Exécutif dans l’est de la Libye, Oussama Hamad, a dissous le conseil municipal de Derna, contre lequel il a ordonné l’ouverture d’une enquête.

Selon des politiciens et des analystes, le chaos en Libye a relégué au second plan l’entretien d’infrastructures vitales comme les barrages de Derna, dont l’effondrement a provoqué des inondations qui ont fait 3338 morts, selon le dernier bilan officiel provisoire communiqué lundi soir par le ministre de la Santé de l’Est, Othman Abdeljalil.

Rongée par les divisions depuis la chute de Mouammar El Gueddafi en 2011, la Libye est en effet gouvernée par deux administrations rivales : l’une à Tripoli (Ouest), reconnue par l’ONU et dirigée par le Premier ministre Abdelhamid Dbeibah, l’autre dans l’Est, incarnée par le Parlement et affiliée au camp du maréchal Khalifa Haftar.

Les forces de Haftar se sont emparées en 2018 de Derna, alors bastion des islamistes radicaux et seule ville de l’Est qui échappait à leur contrôle. Mais les autorités de l’Est entretiennent des relations de méfiance avec Derna, considérée comme une ville contestataire depuis l’époque d’El Gueddafi.

La rupture de deux barrages a provoqué une crue de l’ampleur d’un tsunami le long de l’oued qui traverse Derna, ville de 100 000 habitants bordant la Méditerranée. Des secouristes s’y activaient toujours hier pour retrouver les corps de milliers de disparus présumés morts dans les inondations, selon des médias locaux. 


 

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