Ces violences surviennent sur fond de brusque escalade du conflit israélo-palestinien depuis jeudi, après la mort de neuf Palestiniens, parmi lesquels une sexagénaire, dans un raid de l’armée israélienne dans le camp de réfugiés de Jénine, dans le nord de la Cisjordanie occupée. Il s’agit d’ailleurs de l’opération israélienne la plus meurtrière dans les Territoires palestiniens depuis 20 ans. A l’entrée du cimetière du camp de réfugiés de Jénine, des Palestiniens, par centaines, entourés d’une odeur de poudre qui monte au nez émise par les tirs en l’air d’hommes vêtus de noir, parfois le visage masqué. Ils se sont rassemblés à l’entrée du cimetière pour rendre hommage aux habitants tués. Quatre personnes ont été enterrées sur place, les autres sont originaires des villages alentour. «Parmi les martyrs du jour, il n’y a pas que des combattants armés, comme l’affirme Israël», déplore Mohammad Sabbagh, le président du comité populaire du camp de réfugiés. «Il y a aussi des enfants et une femme âgée. Nous avons l’habitude de cet ennemi, pour eux, nous sommes tous des cibles, peu importe ce que l’on fait.» La matinée de ce fameux jeudi avait pourtant commencé comme d’ordinaire dans le camp de réfugiés de Jénine, dans le nord de la Cisjordanie occupée. Le camion transportant du lait était à l’heure, mais à l’intérieur se trouvaient des soldats israéliens, d’après des sources locales. En se glissant à l’intérieur du camion, les soldats «ont essayé de nous surprendre», assure Jihad Abou Kamal, 35 ans, membre, dans le camp de Jénine, des brigades des martyrs d’Al Aqsa. Un autre habitant décrit la matinée : «Ils sont arrivés avec des jeeps et des bulldozers, leurs véhicules ont tout détruit sur leur passage. Ils ont retiré les barricades installées par les habitants du camp, les voitures sur leur passage. Puis, ils ont vraiment tiré dans tous les sens, c'était une véritable boucherie.» Des gaz lacrymogènes ont été lancés dans l’hôpital gouvernemental de Jénine, où les patients – des femmes et des enfants – suffoquaient, affirme son directeur. «Que vous soyez menaçant pour eux, ou non, ils tiraient sur tout le monde, se désole-t-il, c'est ça l'armée d'occupation israélienne. Et nous n'avons aucun espoir que les choses s'arrangent. Nous, Palestiniens, ils peuvent faire ce qu'ils veulent de nous. Ils nous tuent en toute impunité et personne n'ose rien leur dire. Ils veulent juste nous éliminer.» «Que valent les vies palestiniennes ?» s’interroge-t-il.
Le Premier ministre palestinien, Mohameh Shtayyeh, a justement appelé les Nations unies à intervenir. En effet, en l’absence de protection internationale, le peuple palestinien continue de subir des agressions meurtrières et des atrocités de la part de l’occupation sioniste, «qui viole gravement» le droit international humanitaire, méprisant le droit et la communauté internationale, y compris le Conseil de sécurité, a indiqué le représentant permanent de l’Etat de Palestine auprès des Nations unies, Riyadh Mansour.
Dans des lettres adressées au secrétaire général de l’ONU, aux présidents du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale des Nations unies, M. Mansour a évoqué «les attaques continues» des forces d’occupation sionistes contre le peuple palestinien et ses biens «en l’absence de protection internationale». Evoquant la «nouvelle invasion militaire sioniste à grande échelle» du camp de réfugiés de Jénine par l’armée d’occupation, M. Mansour a dénoncé «l’impunité» à laquelle les soldats sionistes sont habitués, en attaquant violemment des maisons palestiniennes et tirant à balles réelles «sans aucun égard pour la vie humaine», faisant au moins dix martyrs et plus de 20 blessés, dont quatre dans un état grave. «Rien ne justifie un tel recours à la force contre une population civile sous occupation», a encore dénoncé le diplomate palestinien, notant que des hommes, des femmes et des enfants palestiniens sont tués chez eux, aux points de contrôle sionistes, dans leurs villes, villages et sur leur propre terre, «méprisant totalement le droit international et les droits de l’homme». Les dirigeants palestiniens, a-t-il poursuivi, «réitèrent donc leurs appels urgents à la protection internationale du peuple palestinien».
De leur côté, les membres de la Commission de la Palestine à l’Union parlementaire des Etats membres de l’Organisation de la coopération islamique (UPCI) ont dénoncé le massacre de Jénine, proposant de renvoyer les violations sionistes incessantes devant la Cour pénale internationale (CPI). Dans le cadre des travaux des réunions préparatoires à la 17e session de la Conférence de l’UPCI, prévue aujourd’hui et demain, les membres de la Commission ont réaffirmé la centralité de la cause palestinienne pour la nation musulmane, condamnant le massacre perpétré jeudi à Jénine, au nord de la Cisjordanie, ayant fait neuf martyrs et plusieurs blessés palestiniens. Ils ont également condamné la politique d’occupation de l’entité sioniste et la profanation continue de la mosquée d’Al Aqsa, en sus des violations des droits du peuple palestinien et le pillage de son patrimoine, appelant à prendre des décisions à cet effet et à mettre en place des mécanismes à même d’assurer une protection internationale au peuple palestinien en vue d’instaurer la paix.
La diplomatie russe s’est, elle, déclarée hier «profondément préoccupée» et a appelé toutes les parties à la «retenue maximale». «Nous sommes profondément préoccupés par ce déroulement des événements. Nous appelons toutes les parties à faire preuve de la retenue maximale et à éviter une escalade ultérieure des tensions», a indiqué le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué. «Les derniers événements confirment avec toute évidence la nécessité de relancer un dialogue constructif palestino-israélien et de renoncer aux actions unilatérales», souligne le communiqué. Selon Moscou, «on ne peut mettre fin aux violences répétitives que dans le cadre d’un processus de négociations se basant sur les principes du droit international».