Après les dernières recommandations de la Banque mondiale : Le FMI appelle à davantage de réformes structurelles

04/02/2023 mis à jour: 14:17
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Le FMI estime que la croissance du PIB hors hydrocarbures devrait se renforcer pour atteindre 3,4% en 2023 sous l’effet d’une forte augmentation des dépenses budgétaires. Elle devrait ralentir progressivement par la suite pour atteindre 2% environ à moyen terme. L’institution estime que la hausse considérable des dépenses annoncée dans le cadre de la loi de finances pour 2023 pourrait résorber les progrès en matière de réduction du déficit budgétaire depuis 2018, affaiblir la résilience des finances publiques et aggraver les pressions inflationnistes. L’institution constate que le compte des transactions courantes devrait rester excédentaire en 2023 et enregistrer un déficit croissant à compter de 2024, tout en indiquant que «l’inflation devrait s’atténuer légèrement à 8,1% en 2023, mais rester relativement élevée à moyen terme». Cette inflation globale était à 9,3% en 2022, alors qu'elle était de 7,2% en 2021. Aussi, le FMI recommande un ajustement pour améliorer le déficit primaire hors hydrocarbures et dividendes de la Banque d’Algérie de 10% du PIB hors hydrocarbures par rapport à son niveau de 2022 et jusqu’en 2027.

L'institution exhorte la Banque d’Algérie (BA) à resserrer sa politique monétaire dès à présent pour prévenir un éventuel désancrage des anticipations et la persistance d’une inflation élevée. Elle estime que l’appréciation récente du dinar ne peut se substituer au resserrement nécessaire de la politique monétaire. Elle recommande de «relever le taux directeur de la Banque centrale et de reprendre une gestion bien calibrée de la liquidité pour améliorer la transmission de la politique monétaire».

Dans cet ordre d’idées, il faut rappeler également le diagnostic et les recommandations de la Banque mondiale. Dans son dernier rapport, celle-ci avait estimé que la reprise économique devrait se poursuivre en 2023, soutenue par le secteur hors hydrocarbures et par la croissance des dépenses publiques. La Banque mondiale avertit qu’en 2023 et 2024, la baisse de la valeur des exportations d’hydrocarbures diminuerait les recettes, ce qui ne serait qu’en partie compensé par la croissance des recettes fiscales. Les dépenses courantes et d’investissement augmenteraient modérément, et le déficit croîtrait, financé par l’augmentation de la dette publique domestique. La dette publique avoisinerait ainsi 68% du PIB à la fin 2024. Quant à l’inflation, elle se résorberait partiellement, modérée notamment par l’appréciation du dinar par rapport à l’euro et au dollar. Elle se maintient cependant à un niveau élevé, compte tenu d’un fort effet d’inertie, de l’effet différé de la hausse marquée de liquidité dans l’économie et de celle des dépenses publiques estime la même source. L’inflation (moyenne annuelle) devrait s’établir à 7,8% en 2023 et 6,4% en 2024, contre 9,3 en 2022.

Concernant le pétrole, la Banque mondiale indique que des prix plus élevés ou plus bas qu’anticipés pourraient avoir un impact marqué sur les soldes extérieurs et budgétaires, la marge de manœuvre fiscale, les besoins de financement et la trajectoire des réserves de change. L’institution met le doigt sur l’importance d’une conduite budgétaire prudente, d’une mobilisation accrue des recettes fiscales et du renforcement de l’efficacité, de l’efficience et de l’équité de la dépense publique. Et d’ajouter que si une hausse importante des dépenses publiques peut partiellement compenser certains ménages pour le niveau d’inflation, elle présente des risques. S’agissant du rôle et de l’avenir des hydrocarbures, la Banque mondiale estime que si les efforts de l’Europe pour diversifier son approvisionnement énergétique pourraient soutenir les investissements dans ce secteur en Algérie ainsi que les recettes de l’Etat et la croissance à moyen terme, il est attendu que les initiatives globales de lutte contre les changements climatiques découragent l’investissement dans les industries fossiles. Elle souligne que la capacité de l’Etat algérien à soutenir la croissance étant limitée et appelée à diminuer, le secteur privé hors hydrocarbures devra devenir le moteur de la croissance algérienne et de la diversification de l’économie. Ainsi, conclut-elle, la promotion d’une croissance durable hors hydrocarbures et la création d’emplois dépendront d’une mise en œuvre soutenue et du succès du programme de réformes structurelles du gouvernement, qui doit permettre une plus grande ouverture au secteur privé, conclut la Banque mondiale.

NB / Lire en page 17 «l'Analyse du rapport sur l’Algérie dans le cadre des consultations au titre de l’article IV pour 2022» de l’expert A. Bessaha sur le dernier rapport du conseil d’administration du FMI.

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