Après l’élection présidentielle à Taïwan : Pékin réaffirme son opposition à l’indépendance de l’île

15/01/2024 mis à jour: 05:00
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Les relations entre Pékin et Taipei risquent d’être à l’avenir encore plus conflictuelles

Pékin a réagi hier à l’élection de William Lai en s’opposant de nouveau à toute indépendance de l’île. Tout pas vers l’indépendance de Taïwan sera «sévèrement puni», a averti hier le chef de la diplomatie chinoise, Wang Yi. 

«Si quiconque sur l’île de Taïwan a l’intention d’aller vers l’indépendance, ils (…) essaieront de diviser le territoire chinois et seront certainement sévèrement punis par l’histoire et la loi», a déclaré Wang Yi lors d’une conférence de presse commune avec son homologue égyptien, Sameh Choukri, au Caire. Pékin, qui n’a jamais renoncé à intégrer Taïwan à la Chine continentale, a réagi à la victoire de l’indépendantiste Lai Ching-te (aussi connu sous son nom anglais, William Lai) en affirmant que cela ne changerait rien à «l’inévitable tendance vers la réunification de la Chine». 

«C’est une impasse», a-t-il ajouté. Pour le ministre des Affaires étrangères chinois, «quels que soient les résultats de l’élection, ils ne peuvent pas changer le fait fondamental qu’il n’y a qu’une seule Chine et que Taïwan en fait partie». «Taïwan n’a jamais été un pays. Cela ne l’était pas dans le passé et cela ne le sera certainement pas dans le futur», a-t-il encore déclaré.

Plus tôt, Taïwan a appelé la Chine à «respecter les résultats de l’élection» présidentielle remportée la veille par Lai Ching-te, qui affirme que l’île est de facto indépendante et promet de la défendre face aux menaces de réunification. «Le ministère des Affaires étrangères appelle les autorités de Pékin à respecter les résultats de l’élection, à faire face à la réalité et à renoncer  à réprimer Taïwan», selon un communiqué du ministère taïwanais. Malgré le vote, Taïwan fait partie de la Chine», a affirmé plus tôt un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères sur le réseau social X (ex-Twitter). 

Dès samedi soir, Pékin a assuré que ce vote «n’entravera (it) pas la tendance inévitable d’une réunification avec la Chine». Il a promis de «s’opposer fermement aux activités séparatistes visant l’indépendance de Taïwan ainsi que l’ingérence étrangère».
Washington félicite
 

Lai Ching-te

Affirmant avoir reçu les félicitations de «plus de 50 pays, dont 12 alliés diplomatiques», le ministère des Affaires étrangères taïwanais a dénoncé les «commentaires absurdes et erronés» des autorités chinoises. A Washington, le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, a félicité Lai Ching-te ainsi que les Taïwanais pour leur «solide système démocratique». Ce message a immédiatement fait réagir Pékin, estimant qu’il «envoie un signal profondément erroné aux forces séparatistes en faveur de l’indépendance de Taïwan». 

Mais «nous ne soutenons pas l’indépendance», a tempéré de son côté le président américain Joe Biden. Une délégation américaine informelle, composée de l’ancien conseiller à la Sécurité nationale, Stephen Hadley, de l’ex-secrétaire d’Etat  adjoint, James Steinberg, et de la présidente de l’Institut américain à Taïwan, Laura Rosenberger, était attendue hier à Taïwan. 

Le statut de Taïwan est l’un des sujets les plus explosifs de la rivalité entre la Chine et les Etats-Unis. Washington ne reconnaît pas Taïwan comme un Etat et considère la République populaire de Chine comme seul gouvernement légitime, mais apporte néanmoins à l’île une aide militaire importante. 

Issu du Parti démocrate progressiste (DPP) comme la présidente sortante Tsai Ing-wen, qui ne pouvait se représenter après deux mandats, Lai Ching-te a promis de «protéger Taïwan des menaces et intimidations continuelles de la Chine». Celui qui, par le passé, s’était défini comme «un artisan pragmatique de l’indépendance de Taïwan», a depuis adouci son discours : désormais, comme Tsai 

Ing-wen, il adopte une position plus nuancée, affirmant qu’un processus d’indépendance n’est pas nécessaire, car l’île est indépendante de facto, avec son propre gouvernement et ses élections. Mais il reste perçu par Pékin comme un promoteur d’«activités séparatistes liées à l’indépendance» et «un grave danger» pour les relations entre la Chine et Taïwan. La Chine a ainsi appelé les Taïwanais à faire «le bon choix», mais ceux-ci ont préféré Lai Ching-te à son principal opposant Hou Yu-ih, du Kuomintang, qui prônait un rapprochement avec Pékin. 

Le territoire de 23 millions d’habitants est situé à 180 kilomètres des côtes chinoises. Un conflit dans ce détroit serait désastreux pour l’économie mondiale : l’île fournit 70% des semi-conducteurs de la planète et plus de 50% des conteneurs transportés dans le monde y transitent.

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