Cinq ex-prisonniers américains en Iran ont quitté hier Téhéran en direction de Doha, en application d’un accord d’échange de détenus avec les Etats-Unis conclu avec la médiation du Qatar, rapporte l’AFP, citant des sources officielles. «Un avion qatari a décollé avec à bord les cinq prisonniers et deux membres de leurs familles, accompagnés par l’ambassadeur du Qatar» en Iran, a déclaré une source proche du dossier sous le couvert de l’anonymat, confirmant la concrétisation de l’accord obtenu après des démarches discrètes.
Ce départ a été confirmé par un haut responsable américain. Au préalable, un transfert de fonds iraniens gelés en Corée du Sud, d’un montant de six milliards de dollars, a été annoncé à Doha et confirmé par l’Iran. Ce transfert fait partie de l’accord, qui prévoit également la libération par les Etats-Unis de cinq prisonniers iraniens.
Deux des cinq prisonniers iraniens, bénéficiant d’une mesure de clémence, sont arrivés à Doha, pour retourner en Iran, ont indiqué hier des médias iraniens. «Deux prisonniers iraniens, Mehrdad Moin-Ansari et Reza Sarhangpour, libérés lors de l’échange de prisonniers iraniens et américains et prévoyant de se rendre en Iran, sont arrivés à Doha», a indiqué l’agence Tasnim. Les trois autres ont également été libérés, selon l’agence, mais ne souhaitent pas aller en Iran.
Le transfert de fonds sur six comptes iraniens dans deux banques du Qatar a été effectué hier a précisé à Téhéran, Mohammadreza Farzin, gouverneur de la Banque centrale iranienne. Il a ajouté que son pays a l’intention de saisir la justice contre la Corée du Sud pour ne pas avoir autorisé Téhéran à accéder à ces fonds et demander des dommages à la suite de leur dépréciation. Cet arrangement a été annoncé le 10 août et cinq Américains d’origine iranienne, détenus en Iran, avaient ensuite été transférés en août de leur prison pour être placés en résidence surveillée.
Parmi eux, figure l’homme d’affaires Siamak Namazi, arrêté en 2015 et condamné à dix ans de prison en 2016 pour espionnage. Parmi les cinq Iraniens devant être libérés par les Etats-Unis, figurent Reza Sarhangpour et Kambiz Attar Kashani, accusés d’avoir «détourné les sanctions américaines» contre l’Iran. Le 13 septembre, la Maison-Blanche a rejeté toute notion de «rançon», comme le dénonçait l’opposition républicaine au président américain Joe Biden, avec le déblocage des six milliards de dollars de fonds iraniens gelés.
Après la libération des cinq prisonniers, Washington assure qu’aucun citoyen américain n’est détenu en Iran. Mais la famille de l’Iranien Shahab Dalili, résident permanent aux Etats-Unis et arrêté en 2016 lors d’une visite à Téhéran, a déploré qu’il ne soit pas inclus dans l’échange. Accusé d’espionnage, ce qu’il nie, S. Dalili s’est vu infliger 10 ans de prison.
Hasard ou coïncidence, les Etats-Unis ont annoncé hier des sanctions contre le ministère du Renseignement iranien et l’ancien président Mahmoud Ahmadinejad. Le porte-parole du Conseil national de sécurité, John Kirby, a relevé le fait qu’il ne s’agit pas d’un «chèque en blanc» offert à l’Iran et que l’utilisation de ces fonds «à des fins humanitaires» uniquement serait sous «stricte surveillance». Issus de la vente d’hydrocarbures par l’Iran, ces fonds ont été bloqués à la suite de sanctions américaines.
Téhéran a de son côté assuré avoir la possibilité d’user autrement de cette enveloppe et pas seulement pour acheter des médicaments et de la nourriture. Après ce versement, l’Iran n’aura «plus beaucoup de ressources bloquées dans d’autres pays», a affirmé N. Kanani hier. «Au Japon nous en avions une certaine quantité mais nous en avons utilisé une grande partie et la quantité restante n’est pas significative», selon lui.
Un peu plus tard, le président américain Joe Biden a promis de «continuer à sanctionner l’Iran pour ses actions provocatrices dans la région». Il a par ailleurs adressé ses remerciements aux gouvernements impliqués dans les négociations : le Qatar, Oman, la Suisse et la Corée du sud.