«Si les pays concernés se soucient réellement de la paix et de la stabilité dans le détroit de Taïwan, ils devraient respecter le principe d’une seule Chine, cesser d’approuver et de soutenir les séparatistes prônant l’indépendance de Taïwan et leurs activités, et prendre des mesures concrètes pour sauvegarder la paix et la stabilité régionales», a indiqué la diplomatie chinoise.
La Chine a adressé hier des protestations «solennelles» concernant la déclaration publiée par Washington, Séoul et Tokyo à l’issue d’un récent sommet aux Etats-Unis, dans laquelle ils s’opposent au «comportement dangereux et agressif» de Pékin dans la région Asie Pacifique, rapporte l’AFP, citant la diplomatie chinoise.
«Les dirigeants des Etats-Unis, du Japon et de la République de Corée ont dénigré et attaqué la Chine sur les questions maritimes et liées à Taïwan, se sont immiscés dans les affaires intérieures de la Chine et ont délibérément semé la discorde entre la Chine et ses voisins», a dénoncé le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Wang Wenbin, lors d’un point presse régulier.
Pékin a exprimé «son vif mécontentement et sa ferme opposition» et a déposé des protestations «solennelles auprès des parties concernées», a déclaré W. Wang.
Le président américain Joe Biden a accueilli la semaine dernière à Camp David, près de Washington, les dirigeants de la Corée du Sud et du Japon pour un sommet qu’il a qualifié d’«historique». Il a indiqué que le sommet ne visait pas la Chine, reconnaissant néanmoins que celle-ci a «évidemment été un sujet».
Dans une déclaration conjointe publiée vendredi, les trois puissances condamnent le «comportement dangereux et agressif» et les «revendications maritimes illégales» de la Chine, sur fond de tensions en mer de Chine méridionale que Pékin revendique dans sa quasi-totalité aux dépens d’autres puissances de la région.
Dans le texte commun, baptisé «L’esprit de Camp David», Séoul, Washington et Tokyo se déclarent «fermement (opposées à) toute tentative unilatérale visant à modifier le statu quo dans les eaux de la région» Asie Pacifique, et réaffirment «l’importance de la paix et de la stabilité dans le détroit de Taïwan».
«Principe d’une seule Chine»
Lundi, Wang Wenbin a estimé que ce sommet consistait en une «tentative de raviver la mentalité de la guerre froide en incitant à la division et à la confrontation par le biais de divers petits cercles fermés et exclusifs».
«Si les pays concernés se soucient réellement de la paix et de la stabilité dans le détroit de Taïwan, ils devraient respecter le principe d’une seule Chine, cesser d’approuver et de soutenir les séparatistes prônant l’indépendance de Taïwan et leurs activités et prendre des mesures concrètes pour sauvegarder la paix et la stabilité régionales», a déclaré lundi W. Wang. «La question de Taïwan est une affaire purement interne à la Chine», a-t-il ajouté.
Pékin considère Taïwan comme l’une de ses provinces, qu’elle n’a pas encore réussi à réunifier depuis la fin de la guerre civile chinoise en 1949.
Samedi, l’armée chinoise a organisé des manœuvres aériennes et maritimes autour de Taïwan, qu’elle a qualifiées de «sévère mise en garde» après une escale aux Etats-Unis du vice-président de l’île démocratique autonome, William Lai, favori de l’élection présidentielle taiwanaise de l’année prochaine.
La rencontre de Camp David est la première entre les dirigeants des Etats-Unis, du Japon et de la Corée du Sud dans le cadre d’un sommet indépendant, plutôt qu’en marge d’un événement plus important.
Joe Biden a plusieurs fois loué le «courage politique» de ses invités, qui ont travaillé au rapprochement de leurs deux pays, en dépit des marques laissées par la colonisation brutale de la péninsule coréenne par le Japon entre 1910 et 1945.
Il a affirmé que les trois pays se consulteraient systématiquement et «rapidement» à l'avenir face aux «menaces» les visant et a annoncé l’ouverture d’une ligne de communications directe.
Les trois pays vont mettre en place un programme d’exercices militaires conjoints sur plusieurs années et entendent coopérer en matière économique, par exemple via un mécanisme d’alerte censé signaler les risques de pénurie de certains produits ou matières premières.
Les dirigeants ont également convenu de partager des données en temps réel sur la Corée du Nord et d’organiser des sommets chaque année.