Après le massacre djihadste de 132 civils au Mali : Manifestations pour réclamer la protection de l’Etat

22/06/2022 mis à jour: 01:02
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Photo : D. R.

Ces derniers mois, le pays a connu une série de tueries, en particulier dans les régions de Ménaka (nord-est) et de Gao (nord), et dans la zone dite des trois frontières, aux confins du Niger et du Burkina Faso.

Des dizaines de Maliens ont manifesté hier à Bankass, dans le centre du pays, pour réclamer la protection de l’Etat, rapporte l’AFP. La manifestation intervient après le massacre durant le week-end de 132 civils, selon le gouvernement, carnage qu’il a attribué à la katiba Macina, le groupe du prédicateur peul Amadou Kouffa, à Diallassagou et dans deux localités environnantes, à quelques dizaines de kilomètres de Bankass.

Le Cadre d’échange, regroupement d’une dizaine de partis, a demandé au chef de la junte, le colonel Goïta de se rendre sur place et en a appelé «à la responsabilité des autorités pour prendre les mesures nécessaires afin que de telles tragédies ne se reproduisent plus».

Le gouvernement a dépêché hier une délégation sur les lieux, à 500 km au nord-est de Bamako. «Nous sommes rassemblés malgré la pluie pour réclamer la sécurité, et condamner les crimes. Le gouvernement doit assurer notre sécurité», a expliqué Oumar Togo, un membre de l’association des jeunes de Bankass.

Des élus locaux relatant les faits ont rapporté l’arrivée de dizaines de djihadistes à moto, la rafle et le massacre des hommes, la destruction des échoppes par les flammes, le pillage des villages et le vol de bétail. Le bain de sang aurait culminé dans la nuit de samedi à dimanche. Les populations ont fui quand elles le pouvaient. Elles continuaient à chercher les disparus mardi, faisant craindre un bilan encore plus lourd.

Depuis l’apparition en 2015 de la katiba Macina dans le centre du Mali, la région est livrée aux exactions djihadistes, aux agissements des milices proclamées d’autodéfense et aux représailles intercommunautaires. Le 23 mars 2019, plus de 160 civils peuls ont été massacrés dans le village d’Ogossagou.

Tueries en masse

Le Mali est plongé dans une profonde crise sécuritaire, politique et humanitaire depuis le déclenchement d’insurrections indépendantiste et djihadiste en 2012 dans le Nord. La propagation djihadiste a gagné le centre et les pays voisins, Burkina Faso et Niger. Ces derniers mois, le pays a connu une série de tueries, en particulier dans les régions de Ménaka (nord-est) et de Gao (nord), et dans la zone dite des trois frontières, aux confins du Niger et du Burkina Faso.

Le Burkina a connu en juin un des pires massacres de son histoire avec la mort de 86 civils tués par des djihadistes à Seytenga (nord). Les civils sont soumis aux représailles de djihadistes qui les accusent de pactiser avec l’ennemi. Dans certaines zones, de plus en plus étendues dans le centre et passées sous l’emprise des djihadistes, ces derniers appliquent avec vigueur leur vision sociale.

Les civils se retrouvent aussi souvent pris entre deux feux dans les affrontements entre groupes rivaux, y compris entre ceux affiliés à Al Qaîda et à l’organisation Etat islamique. Les événements de Diallassagou suscitent un certain nombre d’interrogations.

Les tueries en masse portent davantage la marque des groupes affiliés à l’Etat islamique qu’à Al Qaîda. Mais la zone de Bankass est bel et bien le champ d’action de la katiba Macina. Nouhoum Togo, président d’un parti ayant son assise à Bankass, a parlé de représailles des djihadistes contre les locaux.

L’armée malienne a elle-même rapporté avoir mené une opération le 10 juin dans le cercle de Bankass et avoir «neutralisé» six djihadistes. Leurs acolytes seraient revenus se venger contre les populations, affirme Nouhoum Togo.

Les militaires, arrivés au pouvoir à Bamako en 2020 après des mois de contestation dirigée contre l’incapacité du gouvernement civil à stopper la spirale mortifère, ont réafffirmé lundi que la sécurité des personnes reste leur «priorité absolue». 

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