Après le gel des pourparlers de Doha : Le Hamas et Israël annoncent la poursuite des négociations

16/07/2024 mis à jour: 02:31
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Photo : D. R.

Les pourparlers de Doha n’ont pas été rompus. Aussi bien du côté palestinien que de celui d’Israël. La délégation du Hamas aux négociations, par l’intermédiaire des médiateurs qataris et égyptiens, sous l’égide des Etats-Unis, a d’ailleurs rendu public hier un démenti. Les discussions pourraient reprendre aujourd’hui dans la capitale qatarie, ont annoncé hier les médias israéliens, mais elles risquent de se heurter, comme à chaque fois, à l’obstination du Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, à empêcher tout accord mettant fin à la guerre génocidaire, synonyme de sa fin politique.

Largement relayées, les informations sur le gel par le Hamas des négociations de Doha pour aboutir à un accord de cessez-le-feu  à Ghaza, en raison de l’horrible massacre commis par l’armée sioniste contre le camp de réfugiés de l’Onu  à Nuseirat et Al Mawasi, dimanche dernier, ont été démenties hier. Dans un communiqué, Izat Erichk, membre du bureau politique du Hamas, a déclaré que «les informations sur le gel des négociations par le Hamas en réaction au massacre d’Al Mawasi, à Khan Younès, sont dénuées de tout fondement».

Israël a, pour sa part, annoncé hier la poursuite des pourparlers à Doha, pendant que de nombreux raids intensifs ciblaient différentes zones de Ghaza. Certains médias israéliens, citant des membres de Hamas sans les identifier, ont pour leur part affirmé que les discutions pour un accord de cessez-le-feu «n’ont pas été rompues malgré la tentative d’assassinat de Deif, afin de ne pas donner à Israël l’opportunité d’accuser le Hamas de les perturber».

Les mêmes médias ont indiqué qu'«un nouveau cycle de pourparlers indirects devrait avoir lieu à Doha cette semaine», tandis que d’autres organes de presse ont précisé que les délégations de négociation pourraient arriver à Doha aujourd’hui.

Le journal égyptien Al Akhbar a révélé que les «négociateurs israéliens ont informé leurs homologues égyptiens que Tel-Aviv ne cessera pas les opérations militaires tant qu’un accord ne sera pas conclu» et que «les frappes ciblées contre les dirigeants du Hamas à l’intérieur de Ghaza se poursuivront même pendant que les négociations sont en cours».

Cette intention a été exprimée, hier, par Herzi Halevi, le chef de l’état-major de l’armée israélienne. Lors d’une conférence de presse, il a souligné que «l’armée a maintenu la pression militaire nécessaire sur le Hamas ces derniers mois pour favoriser un nouvel accord de libération des ''otages''» en qualifiant, toutefois, celle-ci d’«impératif moral urgent pour sauver des vies».

Et d’ajouter : «L’armée respecterait tout accord approuvé par les dirigeants politiques, tout en étant prête à reprendre les combats avec intensité après un cessez-le-feu.» Des affirmations qui reflètent l’état d’esprit dans lequel sont les dirigeants de l’Etat hébreu. Ces propos rejoignent ceux du ministre de la Défense, Yoav Gallant, selon lequel, «la traque» des membres du Hamas «durera des années».

Encore plus extrémiste, le ministre israélien des Finances, Bezalel Smotrich, a exprimé sa «ferme opposition» à la libération des prisonniers palestiniens «dans le cadre de tout accord de cessez-le-feu à Ghaza». Dans une déclaration publiée hier par le journal israélien Israël Today, il a aussi qualifié cette libération de «chose terrible» qu’il n’acceptera «en aucun cas», avant de plaider pour «la nécessité de fixer des lignes rouges strictes à cet égard».

Selon ce ministre sioniste, «les services de sécurité ont décidé de conclure un accord illégal à tout prix, visant à restituer 20 personnes kidnappées et à abandonner le reste, ce qui mettrait fin à la guerre sans fixer de lignes rouges».

Netanyahu, le criminel de guerre jusqu’au-boutiste

Entamés depuis mercredi dernier, les pourparlers de Doha entre le Hamas et Israël, sous l’égide de Washington, par l’intermédiaire des médiateurs qataris et égyptiens, se heurtent toujours aux obstacles imposés à chaque fois par Netanyahu, en raison de son intention acharnée et intéressée de poursuivre à tout prix la guerre.

Alors que tout portait à croire que ces nouveaux rounds étaient «plus optimistes» pour aboutir à un accord que ceux d’avant, voilà que Netanyahu met, à la dernière minute, sur la table des négociations deux nouveaux points, alors que la mouture présentée par le président américain, Joe Biden, avait été ultérieurement validée par Israël et le Hamas.

A chaque fois qu’une chance de négocier la fin de cette guerre génocidaire, dont le bilan a dépassé, hier, la barre des 39 000 de Palestiniens tués et plus de 83 000 de blessés, Netanyahu durcit sa position pour faire perdurer les négociations. Jeudi dernier, il s’est catégoriquement opposé au retour des habitants et des combattants vers le nord de Ghaza, a imposé le maintien de son armée au corridor de «Philadelphie» et la reprise de la guerre dès qu’un «maximum d’otages» israéliens est libéré durant la première phase de l’accord.

Pendant que les négociateurs tentent d’arriver à un consensus, il donne son aval pour bombarder des camps de Nuseirat, Al Mawasi et Khan Younès, tuant des dizaines de Palestiniens et blessant des centaines d’autres. «Une pression de plus», a-t-il expliqué aux médias israéliens, pour «pousser le Hamas à céder».

En réalité, le Premier ministre n’est pas du tout dans une logique de libération de ses «otage» et encore moins de la fin à sa guerre génocidaire à Ghaza, qui peut signifier sa fin politique, d’autant que la Cour suprême a arrêté la date de son audition, prévue en début du mois de décembre prochain, pour des affaires de corruption.

Tout récemment, il avait demandé à cette juridiction un report, mais de nombreux médias israéliens doutent qu’une telle décision soit prise. Les manœuvres de Netanyahu suscitent une gronde de plus en plus importante au sein de la scène politique, exprimée régulièrement à travers d’importantes manifestations qui se terminent souvent par de violents heurts avec les services de polices et des arrestations.

A la tête d’un gouvernement extrémiste, le Premier ministre affirme vouloir stopper son offensive à Ghaza, mais en même temps, il dit qu’il n’est pas question pour lui d’arrêter la guerre. Pour preuve, son armée occupe les deux principaux corridors «Netzarim» et «Philadelphie», qui traversent Ghaza, qu’elle utilise pour mener ses opérations dans l'enclave.

Il est donc très difficile de croire que cette guerre génocidaire puisse se terminer tant que la communauté internationale, notamment les alliés de l’Etat hébreu, dont les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la France, ne mettent pas un terme à leur soutien militaire et politique au génocide contre la population palestinienne à Ghaza. Sans les armes fournies par l’administration de Biden, de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni, pour ne citer que ces principaux fournisseurs, Netanyahu ne pourra pas poursuivre sa guerre d’extermination ethnique en Palestine. 
 

 

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