Après le coup d'Etat au Niger : Pressions sur les putchistes

30/07/2023 mis à jour: 03:12
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L’Union Africaine, Washington et l’Union européenne appellent à la libération immédiate du président Bazoum

L’Union africaine (UA) a exige hier le «retour immédiat» des militaires nigériens dans leurs casernes et le «rétablissement de l’autorité constitutionnelle» sous 15 jours, après le coup d’Etat contre le président Mohamed Bazoum. 

Le Conseil de paix et de sécurité de l’UA a en effet exigé dans un communiqué «le rétablissement de l'autorité constitutionnelle, dans un délai maximum de quinze jours» au Niger et s’est déclaré «profondément préoccupé par la résurgence inquiétante des coups d’Etat» sur le continent.

L’instance de l’U a condamné en outre «avec la plus grande fermeté» ce qu’il s’est passé à Niamey contre un président «démocratiquement élu», dont elle réclame la «libération immédiate».

L’organisation panafricaine se dit prête à prendre «toutes les mesures nécessaires, y compris des sanctions punitives, à l’encontre des auteurs, au cas où les droits des détenus politiques ne seraient pas respectés».

Partenaire important du Niger, l’Union européenne a indiqué pour sa part qu’elle «ne reconnaît pas et ne reconnaîtra pas les autorités issues du putsch».

Bruxelles a annoncé en outre qu’elle suspend «toutes ses actions de coopération dans le domaine sécuritaire» avec le pays du Sahel.

«Le président Mohamed Bazoum, renversé par un coup d’Etat militaire, a été démocratiquement élu, il est et demeure donc le seul Président légitime du Niger. Sa libération doit intervenir sans condition et sans délai», a indiqué hier le chef de la diplomatie de l’UE Josep Borrell dans un communiqué.

Outre la suspension de tout aide budgétaire, «toutes les actions de coopération dans le domaine sécuritaire sont suspendues sine die avec effet immédiat», a-t-il ajouté. 

Les Etats-Unis ont, de leur côté apporté leur «indéfectible soutien» au président nigérien Mohamed Bazoum.

Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a assuré ainsi vendredi M. Bazoum de l’indéfectible soutien de Washington lors d’un appel téléphonique, selon son porte-parole Matthew Sullivan.

Il a souligné que le coup d’Etat mettait en péril «des centaines de millions de dollars d’aide», mais que les Etats-Unis continueraient d’œuvrer à la «pleine restauration de l›ordre constitutionnel et de la gouvernance démocratique au Niger». 

Les Etats-Unis comptent environ un millier de soldats sur place et une base de drones armés. Dimanche, «un sommet spécial» de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), à laquelle appartient le Niger, se tiendra à Abuja pour évaluer la situation, avec de probables sanctions à la clé.

Le général Abdourahamane Tchiani, chef de la garde présidentielle du Niger à l’origine de la chute du président élu, s’est présenté vendredi comme le nouvel homme fort du pays, avant que l’entourage politique de M. Bazoum ne dénonce «un coup d’Etat pour convenance personnelle». 

Il est apparu sur les écrans de la TV nationale pour lire un communiqué en tant que «président du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP)».

Proclamé ensuite chef de l’Etat par ses pairs, il a justifié le coup d’Etat de mercredi par «la dégradation de la situation sécuritaire» dans un Niger miné par la violence de groupes terroristes.

Selon lui, «l’approche sécuritaire actuelle n'a pas permis de sécuriser le pays en dépit de lourds sacrifices consentis par les Nigériens et le soutien appréciable et apprécié de nos partenaires extérieurs». 

Le général Tchiani a demandé «aux partenaires et amis du Niger, en cette étape cruciale de la vie de notre pays, de faire confiance à nos Forces de défense et de sécurité, garantes de l’unité nationale». 

Il s’est aussi interrogé sur «une approche sécuritaire» qui «exclut toute véritable collaboration avec le Burkina Faso et le Mali», deux pays voisins du Niger, également dirigés par des militaires putschistes et frappés par la violence terroristes. 

Le général Tchiani, commande la garde présidentielle depuis sa nomination en 2011 par Issoufou Mahamadou, prédécesseur de Mohamed Bazoum.

Peu après son intervention télévisée, un communiqué du CNSP mettait en garde contre « toute intervention militaire étrangère », alors que «certains anciens dignitaires terrés dans des chancelleries en collaboration avec ces dernières, sont dans une logique de confrontation».

Selon certains médias occidentaux, M. Bazoum a passé vendredi avec sa famille sa troisième journée de séquestration dans sa résidence présidentielle, mais a pu s’entretenir au téléphone avec d’autres chefs d’Etat.

Devant l’accentuation  des pressions internationales, les auteurs du coup d’état ont mis en garde contre «toute intervention militaire étrangère», dans un communiqué lu à la TV nationale.

«Certains anciens dignitaires terrés dans des chancelleries en collaboration avec ces dernières, sont dans une logique de confrontation», indique le communiqué en dénonçant une «attitude belliqueuse, dangereuse et  périlleuse» qui «n’aura d’autre résultat que le massacre de la population nigérienne et le chaos». «Aussi le CNSP prend-il à témoin l’opinion nationale et  internationale sur les conséquences qui découleront de toute intervention militaire étrangère», conclut-il. 

Ce communiqué a été lu après l’apparition à la télévision du général Abdourahamane Tchiani comme président du Conseil national pour la sauvegarde de  la patrie (CNSP). 

L’ONU continue d’apporter de l’aide à Niamey

Le responsable du Programme alimentaire mondial (PAM) au Niger, Jean-Noël Gentile, a déclaré, vendredi, que «les Nations unies continuent de fournir de l’aide au Niger», dont le président, Mohamed Bazoum, est séquestré depuis mercredi par des membres de la Garde présidentielle (GP). «La réponse humanitaire se poursuit sur le terrain et ne s›est jamais arrêtée, en fait, depuis les événements survenus au Niger», a affirmé à la presse M. Gentile. Les Nations unies comptent 1.600 employés au Niger - dont environ 352 sont internationaux - et Kouassi a déclaré que «tous étaient en sécurité». Selon les Nations Unies, quelque 4,3 millions de personnes ont besoin d’aide humanitaire au Niger, où plus de 370 000 personnes sont déplacées à l’intérieur du pays, qui accueille également plus de 250 000 réfugiés - principalement du Nigeria, du Mali et du Burkina Faso. R. N.

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