Après la proclamation de leur «République» : Les Serbes de Bosnie célèbrent leur «Fête nationale»

10/01/2024 mis à jour: 16:38
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Trente-deux ans après la proclamation de leur «République», les responsables serbes de Bosnie ont célébré, hier, leur Fête nationale, faisant fi des condamnations internationales, rapporte l’AFP.
 

Hostiles à l’idée d’indépendance de la Bosnie prônée par les Bosniaques et les Croates au moment de l’éclatement de la Yougoslavie au début des années 1990, des dirigeants politiques des Serbes de Bosnie ont proclamé, le 9 janvier 1992, leur «République» qui deviendra la Republika Srpska (RS). 
 

Trois mois plus tard, a éclaté un conflit intercommunautaire qui allait durer jusqu’en 1995 et faire 100 000 morts.
 

Depuis la fin de la guerre, la Bosnie est divisée en deux entités largement autonomes, une serbe et une croato-bosniaque, reliées par les institutions centrales. Sur 3,5 millions d’habitants, 1,2 million vivent en RS, dont le territoire constitue près de la moitié de la superficie du pays. Les dirigeants des Serbes (orthodoxes) célèbrent en grande pompe, le 9 janvier, des célébrations jugées en 2015 «non-constitutionnelles» et «discriminatoires» à l’égard des Bosniaques et des Croates par la Cour constitutionnelle de l’Etat central bosnien. «Nous n’avons pas l’intention d’insulter quiconque, ce n’est pas un caprice», a expliqué Milorad Dodik dans un entretien à l’AFP. «La RS existe pour garantir la liberté au peuple serbe», a-t-il encore déclaré dans un discours lundi soir, avant de faire applaudir les noms de Radovan Karadzic et de Ratko Mladic, tous deux condamnés à la perpétuité après la guerre pour crimes contre l’humanité, crimes de guerre et génocide. 
 

Washington et l’Europe irrités

L’ambassade américaine à Sarajevo a rappelé, hier, le caractère inconstitutionnel de ces célébrations, espérant que «les autorités compétentes  enquêtent sur toute violation de la loi liée à la célébration de la journée de la Republika Srpska, le 9 janvier». 

 «La journée de la Republika Srpska n’est pas conforme à la Constitution de la Bosnie-Herzégovine», a rappelé de son côté Peter Stano, porte-parole du chef  de la diplomatie de l’Union européenne (UE) Josep Borrell. «L’Union européenne souligne la nécessité de respecter la souveraineté, l’intégrité territoriale, l’ordre constitutionnel, y compris les décisions du Conseil constitutionnel  par tous les acteurs en Bosnie-Herzégovine», a-t-il dit, ajoutant que «toute action allant à l’encontre de ces principes entraînera de graves conséquences». 

Mais Milorad Dodik, à la tête de l’entité depuis 2006, ne fait que peu de cas des décisions de l’Etat central et de la Cour constitutionnelle, ou des menaces européennes.Ces derniers mois, il a annoncé qu’il voulait organiser ses propres élections et mettre la main sur les biens de l’Etat central sis sur le territoire de la Republika Srpska. 

Selon lui, la Bosnie se dirige vers une «séparation dans la paix». Il a également multiplié les insultes contre le haut représentant international chargé de faire respecter les accords de paix de Dayton (1995), et l’ambassadeur américain, tout en affichant son admiration pour le président russe, Vladimir Poutine. 

Au point d’inquiéter le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, qui a dénoncé cet automne la «rhétorique sécessionniste» et  l’ingérence «malveillante» de la Russie en Bosnie.Milorad Dodik, sous sanctions américaines, est aussi un proche du président serbe Aleksandar Vucic. Il était ainsi à sa droite lorsque celui-ci a annoncé la victoire, contestée, de son parti aux élections législatives en Serbie, mi-décembre. 

 Au programme mardi : un défilé des forces policières, des discours et en soirée des feux d’artifice dans plusieurs villes de RS, ainsi qu’à Belgrade.  Milorad Dodik a aussi choisi de décorer le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, de la plus haute distinction de RS qu’il a l’an dernier décernée à Vladimir Poutine. 
 

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