Le gouvernement angolais a convoqué vendredi le chargé d’affaires gabonais à Luanda après une intrusion à Libreville au domicile du président de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC), de nationalité angolaise, a annoncé hier le ministère angolais des Affaires étrangères.
Luanda évoque «un acte de vandalisme» visant Gilberto da Piedade Verissimo, commis par des «citoyens gabonais» à son domicile de Libreville, où siège la CEEAC dans l’attente d’une éventuelle décision sur le transfert définitif de l’organisation régionale à Malabo, en Guinée équatoriale. Le Gabon avait été suspendu de cette instance régionale au lendemain d’un coup d’Etat militaire le 30 août 2023 qui a renversé le président Ali Bongo Ondimba, dont le pouvoir était accusé de corruption et d’avoir massivement truqué sa réélection.
L’armée a nommé le général Brice Oligui Nguema président pour une période de transition de deux ans avant des élections promises. Jeudi, des «hommes armés, dont certains portaient l’uniforme des forces armées gabonaises» sont entrés au domicile de M. Verissimo, qui jouit du statut diplomatique, et l’ont «harcelé psychologiquement», dénonce Luanda qui exprime son «profond mécontentement» et exige de Libreville «des explications plausibles».
«Un groupe de cinq individus armés est entré par effraction» dans la résidence de M. Verissimo, indique samedi (hier, ndlr) le ministère gabonais de l’Intérieur dans un communiqué en assurant que «le gouvernement suit avec une grande attention» une «enquête» ouverte pour trouver les «auteurs de cet acte regrettable». «Le Gabon n’entend pas se départir de ses engagements internationaux (...) en matière de protection des diplomates», ajoute le texte.
Mi-décembre, les chefs d’Etat de la CEEAC réunis à Malabo avaient décidé de maintenir la suspension du Gabon mais aussi de maintenir, jusqu’à nouvel ordre, son siège à Libreville.
Le général Oligui multiplie partout dans le monde, où il est reçu officiellement, une intense tournée diplomatique pour réclamer la levée de sanctions et expliquer pourquoi les militaires ont mis fin à 55 ans de règne du clan Bongo sur l’un des pays les plus riches d’Afrique mais miné par la corruption. Tous ses pairs de la CEEAC l’ont reçu en grande pompe à l’exception du président angolais Joao Lourenço, que l’Etat et les médias gabonais accusent d’être le seul à s’opposer à une réintégration du Gabon dans les instances régionales et de plaider, avec M. Verissimo, pour le déménagement du siège de la CEEAC en Guinée équatoriale. Mi-décembre, au lendemain du sommet de Malabo, le Gabon avait rappelé son ambassadeur à Luanda après ce que Libreville a considéré comme un «incident diplomatique» quand l’ambassadrice angolaise avait fait remarquer qu’aucun officiel n’était venu à l’ambassade pour la cérémonie du 48e anniversaire de l’indépendance de l’Angola.
Libreville avait invoqué notamment l’absence du portrait de M. Oligui au côté de celui de M. Lourenço dans l’ambassade. Cet «incident» avait été présenté par les médias gabonais comme un prétexte pour protester contre
l’attitude «inamicale» de l’Angola.