Le mode d’installation de ces équipements a soulevé des interrogations, notamment pour les conduites d’eau apparentes qui risquent d’être volées ou vandalisées.
La commune de Guelma a achevé, la semaine dernière, le projet d’acquisition et d’installation de toilettes publiques modulaires dans certaines cités de la ville. Ce mobilier urbain d’utilité publique n’est pas superflu à Guelma. Il s’agit là d’un dossier extrêmement sérieux, puisque l’objectif premier de ce projet est de résorber l’insalubrité des espaces transformés en urinoirs.
Un phénomène qui s’est généralisé au vu et au su des autorités locales. Les choix d’implantation de ces sanitaires destinés aux deux sexes d’implantation des sanitaires se sont finalement matérialisés, entre autres, à hauteur de la cité Guehdour Tahar à proximité des terrains de foot ainsi qu’au boulevard Souidani Boudjamaâ, attenant au cinéma El Intissar, a-t-on constaté. «Quel soulagement ! Enfin une bonne initiative de l’APC de Guelma.
Les hommes pouvaient sans vergogne se soulager dans un recoin. Mais pour une femme c’est quasiment impossible en ville. J’espère que maintenant la chose naturelle se fera dans le respect et la décence», s’exclame un riverain, visiblement satisfait de ce nouveau mobilier peint en bleu et blanc, bien visible avec son panneau écrit en langue nationale.
«En effet, il s’agit là de la réception de sept blocs sanitaires, flambant neuf, abritant chacun deux ailes séparées ; l’une pour les hommes et la seconde destinée à la gent féminine», a précisé à El Watan, une source au fait du dossier à l’APC du chef-lieu de la wilaya. Jusque là, il n’y a rien de particulier, sauf que les canalisations des eaux usées sont curieusement apparentes à la base du bloc sanitaire ainsi que les conduites d’eau potable.
L’absence de plateformes en béton sur lesquelles devraient être posés les modules sanitaires n’est pas en reste, puisque beaucoup s’interrogent sur cette omission comme c’est le cas pour le module posé à même la terre à proximité de la mosquée El Qods (cité Guehdour Tahar) (voir photo).
«Ils auraient dû ou pu protéger les canalisations qui risquent d’être malencontreusement cassées d’autant qu’il s’agit de PVC ordinaire. Quant aux conduites d’eau en multicouches et raccords tel qu’elles ont été installées à l’extérieur, elles pourront être volées ou vandalisées», ont souligné des citoyens soucieux du sort de cet investissement.
Des besoins non couverts
Ainsi, pour le choix des quartiers abritant les toilettes publiques, et en plus de la cité Guehddour Taher et du boulevard Souidani Boudjemaâ à Guelma, nous retrouvons, toujours selon l’APC, le même mobilier à la cité Guerroui, à Bab Skikda, sur la rue Ali Boudjahem à proximité de l’hôpital Okbi et enfin sur une aire de la route de Belkheir.
«Si l’on comptabilise les sept nouveaux blocs sanitaires, auxquels nous ajoutons quatre ou cinq toilettes publiques construites en dur, il y a plusieurs années déjà, ils ne combleront certainement pas les besoins d’une population de plus 142 000 habitants à Guelma vile au regard des dernières statistiques.
Sans omettre, les personnes de passage et celles qui y séjournent, mais aussi et surtout les personnes en situation de fragilité physique en l’occurrence les malades et ils sont nombreux vous pouvez le vérifier», précise un urbaniste qui a souhaité garder l’anonymat. Mais encore dit-il : «L’implantation de ces toilettes n’a pas été faite en adéquation avec l’aménagement des espaces publics tels les jardins et autres squares. La logique voudrait que des projets similaires soient relancés pour une meilleure couverture des lieux».
Quoi qu’il en soit, si ces équipements ont un impact indéniable sur l’amélioration du cadre de vie des habitants, il n’en demeure pas moins que l’APC de Guelma compte faire payer à ses administrés «le droit d’uriner» ou du moins à travers les locataires. Dans ce contexte bien précis, un avis aux enchères publiques sera incessamment lancé pour la location des blocs sanitaires.
«En effet, nous attendons un seuil pour la mise à prix. Il est fort possible que ces modules soient loués aux personnes aux besoins spécifiques», informe un responsable à la commune.
Notons enfin que l’absence, à ce jour, des réservoirs d’eau sur les blocs est justifiée par l’APC. «Ils seront installés dès l’attribution des toilettes aux locataires. Nous craignions qu’ils ne fassent l’objet de vol. Les réservoirs sont entreposés au niveau du parc communal», conclut notre interlocuteur.