Aly Ngouille Ndiaye. Ministre de l’Agriculture, de l’Equipement rural et de la Souveraineté alimentaire du Sénégal  : «La question de la souveraineté alimentaire doit avoir une réponse africaine»

25/05/2023 mis à jour: 04:53
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Aly Ngouille Ndiaye. Ministre de l’Agriculture, de l’Equipement rural et de la Souveraineté alimentaire du Sénégal - Photo : D. R.

Les échanges entre l’Algérie et le Sénégal sont croissants dans le domaine agricole avec les lignes de transports routier, aérien et maritime, selon Aly Ngouille Ndiaye, ministre de l’Agriculture, de l’Equipement rural et de la Souveraineté alimentaire du Sénégal. En visite en Algérie à l’occasion du Salon Sipsa-Filaha, le ministre a relevé l’excellence de la collaboration entre les deux pays dans la lutte contre le criquet pèlerin et la désertification.

  • Avec la tenue prochaine du Salon Afrika Agrofood à Dakar, quelles sont aujourd’hui les opportunités de coopération algéro-sénégalaise dans le domaine agricole et la souveraineté alimentaire ?

Nous sommes très heureux de participer à cette 21e édition du Salon Sipsa-Filaha en tant que pays invité d’honneur. C’est un grand honneur pour nous de recevoir le Salon Afrika Agrofood à Dakar et c’est une occasion pour nous de revisiter la collaboration et la coopération entre nos deux pays. Après le passage de notre président, Macky Sall, en novembre 2022, les relations se sont renforcées de façon beaucoup plus concrète.

Nous avons assisté, depuis cette date, à un ballet intéressant d’opérateurs privés algériens venus à Dakar pour investir. Nous avons également profité de cette occasion ici pour ramener des producteurs dans certaines filières, dont la destination algérienne pourrait être attractive. C’est le cas de l’arachide, de la mangue ou encore de la banane. De façon générale, nous considérons que la question de la souveraineté alimentaire doit avoir une réponse africaine.

Cela voudra dire que chaque pays pourra, dans le cadre de ses recherches d’optimisation de ces capacités, faire le maximum de ce qu’il peut mieux faire et laisser les autres exceller et apporter le savoir-faire dans leur domaine. Le Sénégal ne pourra jamais concurrencer l’Algérie dans la production des dattes. C’est la même chose pour la production sénégalaise en arachides ou en riz. C’est une histoire de complémentarité africaine. C’est là tout le sens de la coopération africaine en matière de production agricole. La souveraineté alimentaire en Afrique doit être le problème de chaque pays africain.

J’ai eu des discussions avec le ministre de l’Agriculture algérien et nous sommes convaincus du rôle que peut jouer chaque pays, dont l’Algérie, dans ce sens dans le cadre des accords de libre-échange qu’il y a entre les pays. Nous avons même commencé à parler avec certains ministres membres de la Cédéao. En matière de textes et de volonté politique, nous sommes déjà en phase. Il faut juste élargir ces actions vers les pays du continent africain de quoi satisfaire les objectifs de chaque pays.

  • Vous avez ouvert les portes aux investisseurs algériens. Quels sont les domaines sur lesquels vous misez ?

Nous avons aujourd’hui la possibilité de collaborer dans le secteur de l’agriculture, de l’industrie avec des investisseurs privés algériens. Nous en avons déjà reçu quelques-uns qui voulaient travailler dans le domaine de la transformation et de la production.

Nous avons aussi des opportunités de collaboration en matière de matériel agricole, sachant que le gouvernement sénégalais met beaucoup d’argent dans le machinisme agricole. A travers des produits de technologie algérienne et un savoir-faire qui commence à faire ses preuves, les prix seront nettement plus attractifs. Les échanges entre les deux pays peuvent être très faciles, notamment avec les lignes de transports routier, aérien et maritime.

  • Toujours dans la coopération bilatérale entre les deux pays, quelles sont les actions dans la lutte contre les effets des changements climatiques sur l’agriculture ?

Nous avons eu des accords de coopération qui datent déjà de quelques décennies. J’ai demandé justement de faire un toilettage pour les réadapter aux sollicitations du moment. Ces accords pourront aller dans le domaine de la protection des végétaux, la production des semences.

Ce sont tous des domaines dans lesquels nous allons coopérer avec l’Algérie. Aujourd’hui, il est possible d'avoir des collaborations entre pays, notamment que de plus en plus de pays acceptent la nécessité d’homologuer la production des semences. Cela sous-entend qu’il y a une grande entente en termes de procédures. Nous avons demandé à son excellence M. l’ambassadeur du Sénégal de revoir avec la partie algérienne l’accord que nous avons déjà et de le mettre à jour.

Même en matière de lutte contre la désertification, nous avons des projets communs avec l’Algérie. Il y a déjà la grande muraille verte qui est une réalité et qui a démarré il y a quelques années. Nous avons aussi une excellente collaboration dans la lutte contre le criquet pèlerin et les destructeurs de culture. Nous sommes convaincus que seule la collaboration avec l’Algérie et d’autres pays africains pourrait sauver nos cultures et l’agriculture africaine de cette menace.

  • Depuis votre arrivée en Algérie, vous vous êtes entretenus avec plusieurs ministres, dont celui de l’Energie et des Mines et celui du Commerce. Pouvez-vous nous donner en exclusivité les grands points discutés ?

Sur l’énergie, nous avons beaucoup discuté des énergies renouvelables. Les énergies fossiles ne sont pas des ressources inépuisables. Je pense que l’Algérie a fait de bons pas dans ce sens. Quand notre président, Macky Sall, est arrivé au pouvoir, nous ne produisions aucun mégawatt. Aujourd’hui, les centrales solaires sont une réalité. Notre objectif est d’élargir cela aux différents secteurs, dont essentiellement l’agriculture, qui pourrait être un bon destinataire de ces énergies propres.

Nous avons déjà démarré au niveau des stations de pompage et nous voulons aller encore plus loin. Dans ce sens, nous voulons profiter de l’expertise algérienne dans le domaine, de ses bonnes pratiques et de sa riche expérience pour atteindre nos objectifs. C’est ce que j’ai dit au ministre de l’Energie et des Mines, qui a accepté cet échange de savoir-faire et d’expériences.

Nous nous sommes également entretenus avec le ministre du Commerce, parce que tout ce que nous faisons en matière de production et de transformation finira dans les échanges commerciaux. Je n’ai pas eu l’occasion de rencontrer le ministre qui était en visite de travail au Portugal avec le président de la République, Abdelmadjid Tebboune. Avec le secrétaire général, nous avons évoqué les différents points pour que ces échanges soient facilités et deviennent une réalité. 

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