Alors qu’ils jouent un rôle crucial dans l’économie mondiale : Les travailleurs migrants exploités et discriminés

07/01/2025 mis à jour: 11:38
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Photo : D. R.

La demande de travailleurs migrants augmente dans le monde entier, alors même que le réservoir mondial de main-d’œuvre se réduit. On estime à 169 millions le nombre de travailleurs migrants internationaux dans le monde, soit un travailleur sur 20.

Le 18 décembre leur a été dédié comme Journée internationale des migrants en guise d’hommage à leurs contributions essentielles à l’économie mondiale. Selon un récent rapport du Forum économique mondial (FEM), cette journée rappelle également les défis auxquels sont confrontés de nombreux migrants, notamment la discrimination, l’exploitation et les violations de leurs droits humains et du travail.

En fait, 10 des 17 Objectifs de développement durable de l’ONU comportent des cibles et des indicateurs liés à la migration et à la mobilité de la main-d’œuvre. «Les entreprises mondiales, grâce à leur puissance économique significative et à leur influence internationale, sont particulièrement bien placées pour favoriser une gestion durable des migrations et contribuer aux cibles pertinentes des ODD dans l’ensemble de leurs chaînes de valeur mondiales (CVM)», estime le FEM.

Depuis les années 1970, les multinationales ont largement structuré leurs chaînes de valeur mondiales en fonction de plusieurs critères, notamment l’accès à un solide bassin de main-d’œuvre, l’implantation de la production soit dans des pays en développement économique éloignés (délocalisation), soit dans des pays voisins plus proches de leurs marchés clés (délocalisation).

Au XXIe siècle, cela a changé. Des évolutions conjuguées à des changements sociaux, tels que la baisse des taux de fécondité, l’émigration, le vieillissement de la population et l’augmentation des niveaux d’éducation, ont considérablement remodelé les marchés du travail.

Par conséquent, les multinationales sont confrontées à des défis pour combler les pénuries de talents et répondre aux besoins d’embauche avec les seules populations locales. Par conséquent, beaucoup se sont tournés vers la collaboration avec les gouvernements locaux pour permettre le recrutement de travailleurs migrants afin d’aider à remédier aux pénuries de main-d’œuvre.

Cela s’est traduit par de nouveaux schémas migratoires importants, tels que les travailleurs philippins en Hongrie, les Bangladais en Malaisie ou les Centraméricains au Mexique. A mesure que le bassin mondial de main-d’œuvre se réduit et que la demande mondiale de travailleurs migrants augmente, il devient évident qu’il n’existe pas d’offre mondiale illimitée de main-d’œuvre, estime le FEM.

Recrutement contraire à l’éthique et exploitation

Jusqu’à 80% des travailleurs migrants sont recrutés par l’intermédiaire d’agences intermédiaires, et des milliers d’entre eux opèrent dans le monde entier. Les coûts de recrutement peuvent être immenses, ce qui pousse les travailleurs à s’endetter souvent lourdement avant même de quitter leur pays d’origine. De même que les travailleurs migrants sont confrontés à diverses formes de précarité sur leur lieu de travail. Ils sont généralement employés dans des emplois «sales, difficiles et dangereux», souvent sans accès à des informations sur des salaires équitables, des protections sur le lieu de travail ou des services de santé au travail.

De nombreux employeurs profitent également de la volonté des travailleurs migrants de travailler de longues heures irrégulières. Les femmes migrantes, qui représentent plus de 40% de la main-d’œuvre migrante mondiale, selon le rapport, sont confrontées à des défis uniques liés au genre, tels que le harcèlement et l’exploitation sexuels, pour ne citer que ces deux cas. 

Ne se limitant pas au constat, le rapport du FEM estime que les entreprises mondiales, qui par leurs actions influencent l’ensemble des CVM qu’elles orchestrent, doivent choisir les agences de recrutement à engager, déterminer les relations interentreprises à favoriser ou à interrompre, et tirer parti de leur pouvoir de négociation lorsqu’elles interagissent avec les fournisseurs.

Citant quelques exemples de bonnes pratiques d’entreprises qui relèvent les défis de la migration, le FEM indique que certaines font appel à des cabinets de conseil spécialisés dans l’évaluation de la diligence raisonnable des entreprises et des droits de l’homme au sein des CVM, qui alignent leur travail sur les cibles spécifiques aux ODD spécifiques à la migration.

 

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