Alors que la tension monte entre les Philippines et la Chine : Manille exclut de donner à Washington accès à plus de bases militaires

16/04/2024 mis à jour: 03:26
AFP
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Ferdinand Marcos, président des Philippines

Le président philippin Ferdinand Marcos a exclu, hier, que les Etats-Unis aient accès à plus de bases militaires dans l’archipel d’Asie du Sud-Est. Ces déclarations interviennent quelques jours après un sommet trilatéral inédit entre les Etats-Unis, le Japon et les Philippines à Washington, au cours duquel les tensions concernant la mer de Chine méridionale, que Pékin revendique presque entièrement, ont tenu le haut de l’affiche. 

Les Philippines sont au cœur des efforts déployés par les Etats-Unis pour renforcer leurs alliances en Asie-Pacifique. Manille a annoncé l’an dernier donner accès à quatre bases militaires supplémentaires à l’armée américaine, en plus des cinq bases prévues dans le cadre de l’accord de coopération renforcé de défense (EDCA) de 2014, déclenchant la colère de Pékin. Mais Manille ne devrait pas aller plus loin dans la mise à disposition de ses bases. «La réponse est non. Les Philippines n›ont pas le projet d›ouvrir (l›accès) ou d›établir plus de bases dans le cadre de l’accord de coopération sur la défense», a déclaré le dirigeant philippin interrogé au cours d’une rencontre avec l’Association des correspondants étrangers des Philippines. L’accord bilatéral permet aux troupes américaines d’effectuer des rotations et de stocker des équipements de défense sur des bases philippines. Les quatre nouvelles bases comprennent des sites situés à proximité de la de Chine méridionale, zone sur laquelle les Philippines et la Chine ont des revendications concurrentes, et un autre non loin de Taïwan. Les Philippines et les Etats-Unis sont par ailleurs liés par un traité de défense mutuelle datant de 1951. De nombreuses altercations entre navires philippins et chinois en mer de Chine méridionale au cours des derniers mois ont alimenté les spéculations sur les actions qui pourraient déclencher l’application de ce traité. De hauts responsables de l’administration Biden ont déclaré à plusieurs reprises qu’une «attaque armée» contre des navires, des avions, des forces armées ou des garde-côtes philippins, où que ce soit en mer de Chine méridionale, déclencherait l’application du traité de défense mutuelle.


Les assurances américaines 

Le président Marcos a précisé lundi que le secrétaire américain à la défense, Lloyd Austin, a donné l’assurance d’un déclenchement du traité si une «puissance étrangère» tuait un soldat philippin. L’élargissement de l’accord de coopération de défense bilatéral l’an dernier correspondait à une volonté des deux pays de renforcer des liens qui se sont distendus sous la présidence précédente. L’ex-président Rodrigo Duterte a favorisé un rapprochement avec la Chine au détriment de l’ancienne puissance coloniale américaine. A son arrivée au pouvoir en juin 2022, le président philippin Ferdinand Marcos Jr. a prévenu qu’il ne laisserait pas la Chine piétiner les droits de son pays en mer, et s’est rapproché des Etats-Unis.  

Début avril 2023, Manille a mis à disposition de Washington quatre nouvelles bases militaires, dont une base navale non loin de Taïwan. Le 11, les deux pays ont entamé des manœuvres militaires conjointes qui dureront deux semaines. Les tensions entre Manille et Pékin se sont exacerbées au début 2023 après qu’un navire des garde-côtes chinois eut prétendument utilisé un laser de qualité militaire contre un bateau des garde-côtes philippins près de l’atoll Second Thomas. Fin avril, la Chine a accusé les Philippines d’avoir «délibérément» voulu provoquer un incident dans les eaux disputées de la mer de Chine méridionale. 

Accusation qui fait suite à une collision évitée de justesse entre deux vaisseaux de garde-côtes de chacun de ces pays. La Chine revendique la quasi-totalité de la mer de Chine méridionale malgré les prétentions rivales de ses voisins Philippines, Vietnam ou de Malaisie. Elle a rejeté ainsi le verdict de la Cour permanente d’arbitrage (CPA) de La Haye en 2016, qui a estimé que l’Empire du Milieu n’a pas de «droits historiques» sur la majorité des eaux stratégiques de la mer de Chine méridionale et donné raison aux Philippines. 

La Chine fonde sa légitimité sur ces territoires sur des cartes remontant aux années 1940. Washington prône un règlement multilatéral et pacifique de ces conflits. Pékin est plutôt favorable à des négociations bilatérales. Les Etats-Unis sont inquiets quant au rapprochement opéré par un de ses plus anciens alliés asiatiques avec la Chine durant la présidence de Rodrigo Duterte, entre 2016 et 2022. Ce dernier a opté pour des rapports apaisés avec Pékin en échange de promesses d’investissements dans des infrastructures de l’archipel. 
 

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