Les Philippines et le Japon ont signé hier un pacte de défense crucial qui permettra le déploiement de troupes sur leurs territoires réciproques afin de renforcer leurs relations pour contrer l’influence croissante de la Chine, rapporte l’AFP.
L’accord d’accès réciproque (Reciprocal Access Agreement - RAA), négocié depuis novembre, a été finalisé à Manille par les ministres japonais de la Défense, Minoru Kihara, et des Affaires étrangères, Yoko Kamikawa, avec leurs homologues philippins Gilberto Teodoro et Enrique Manalo. Il a été signé par M. Teodoro et Mme Kamikawa au palais présidentiel de Manille, a indiqué le secrétaire à la communication de la Présidence, Cheloy Garafil. Il doit encore être ratifié par les parlementaires des deux pays.
Cette signature constitue «une nouvelle étape dans nos efforts communs pour garantir un ordre international fondé sur des règles, pour assurer la paix et la stabilité dans l’Indo-Pacifique et en particulier dans notre région», a déclaré G. Teodoro à la presse.
Le Japon négociait depuis novembre dernier ce pacte bilatéral de défense, qui permet le déploiement de troupes sur le territoire de l’autre pays, notamment à des fins de formation et d’exercices militaires. Les Philippines et le Japon sont des alliés de longue date des Etats-Unis, qui ont renforcé leurs alliances avec Canberra.
Manille a déjà signé des accords équivalents avec Canberra et Washington, et envisage d’en conclure un nouveau avec la France. Le mois dernier, les autorités chinoises ont accusé Washington de chercher à construire «une version Asie-Pacifique de l’Otan» pour maintenir leur hégémonie dans la région. La signature du cet accord intervient dans un contexte de fortes tensions autour de Taïwan et en mer de Chine méridionale, qui font craindre un conflit plus large pouvant impliquer les Etats-Unis, allié des Philippines.
Les incidents se sont multipliés ces derniers mois entre bateaux chinois et philippins en mer de Chine méridionale, des eaux disputées par les deux pays. Le plus grave s’est produit le 17 juin, quand des garde-côtes chinois armés de couteaux, de bâtons et d’une hache ont encerclé et abordé trois bateaux de la marine philippine, qui effectuaient une mission de ravitaillement pour des soldats philippins stationnés sur un navire militaire échoué sur l’atoll Second Thomas.
Les tensions sont également vives entre Tokyo et Pékin au sujet des îles contestées contrôlées par le Japon en mer de Chine orientale. Le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Lin Jian, a estimé que la région Asie-Pacifique n’a pas besoin de «groupes militaires, et encore moins de petits cercles qui encouragent une nouvelle guerre froide et provoquent la confrontation».
Tokyo est l’un des principaux fournisseurs de matériel de sécurité des Philippines, il lui livre notamment des navires de patrouille pour les garde-côtes et des systèmes de surveillance radar pour ses côtes. L’ambassadeur de Tokyo à Manille, Kazuya Endo, a souligné dans un discours prononcé jeudi des «développements significatifs» en matière de fourniture de matériel de défense par le Japon aux Philippines.
Le Japon a signé des accords d’accès réciproque similaires avec la Grande-Bretagne et l’Australie au cours des dernières années. Les Philippines ont été au cœur des efforts déployés par les Etats-Unis pour construire des alliances, en raison de leur position en mer de Chine méridionale et de leur proximité avec Taïwan, que la Chine revendique comme faisant partie de son territoire.
Les dirigeants japonais, philippins et américains ont tenu leur premier sommet trilatéral en avril afin de renforcer les liens en matière de défense à Washington. Ce sommet a eu lieu après des manœuvres militaires conjointes organisées par Manille en mer de Chine méridionale et auxquelles ont pris part les Etats-Unis, le Japon et l’Australie.