Volkswagen envisage de fermer trois usines en Allemagne, à cause notamment du ralentissement mondial des ventes automobiles, de la concurrence chinoise et de coûts de main-d’œuvre trop élevés.
Les salariés de Volkswagen, l'un des piliers de l'industrie automobile européenne, entament lundi une série de débrayages dans les usines allemandes du groupe, marquant le début d'un mouvement social qui pourrait se transformer en un conflit majeur. Ce mouvement, orchestré par le puissant syndicat IG Metall, intervient alors que Volkswagen prévoit des suppressions massives d'emplois et des fermetures de sites, une situation qui prend une dimension particulière dans le contexte de la campagne pour les élections législatives du 23 février en Allemagne.
Contexte et enjeux
Volkswagen, confronté à une baisse globale des ventes, à une concurrence croissante des constructeurs chinois et à des coûts de production élevés, a annoncé en septembre un plan drastique de réduction des coûts de plusieurs milliards d'euros. Le constructeur, qui emploie environ 300 000 personnes en Allemagne, envisage de fermer trois de ses dix usines dans le pays, une mesure inédite en 87 ans d'histoire.
Cette annonce a suscité une forte opposition syndicale. IG Metall, qui représente des milliers de salariés, a rejeté les propositions de la direction et averti que, si nécessaire, ce mouvement pourrait devenir «la lutte collective la plus dure que Volkswagen ait jamais connue».
Impact économique
La crise chez Volkswagen est emblématique des défis auxquels fait face l'industrie allemande dans son ensemble. En plus du ralentissement économique mondial, le secteur automobile européen traverse une phase de transition difficile vers les technologies électriques et numériques. Les coûts de main-d'œuvre en Allemagne sont également plus élevés que ceux des concurrents internationaux, compliquant davantage la situation des entreprises comme Volkswagen.
L'industrie allemande a été frappée ces derniers mois par une série de plans sociaux dans des secteurs clés, notamment la chimie et la sidérurgie. Cette fragilité structurelle a conduit les experts à prévoir une contraction de l'économie allemande en 2024, pour la deuxième année consécutive.
Prochaines étapes
Un quatrième cycle de négociations entre la direction et le syndicat est prévu pour le 9 décembre à Wolfsburg, siège de Volkswagen. La direction affirme vouloir continuer le dialogue dans l'esprit de la cogestion, principe central des relations sociales en Allemagne. Cependant, si aucun accord n'est trouvé, IG Metall menace d'intensifier les actions, ce qui pourrait perturber davantage l'activité du groupe et fragiliser encore une industrie automobile européenne déjà sous pression.
Ce conflit pourrait également avoir des répercussions politiques, car il met en lumière la vulnérabilité du modèle économique allemand en pleine période électorale.