Allemagne : Des descendants tanzaniens identifiés après l’analyse de crânes de l’ère coloniale

06/09/2023 mis à jour: 06:07
AFP
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Photo : D. R.

Des chercheurs ont identifié, grâce à l’ADN, une correspondance entre des crânes humains provenant de colonies allemandes en Afrique australe et des descendants actuels originaires de Tanzanie, a annoncé mardi l’autorité muséale de Berlin, qualifiant cette découverte de «petit miracle».

«Pour un crâne, il a été possible d’établir une correspondance génétique complète avec une personne de sexe masculin encore en vie aujourd’hui», indique la fondation du patrimoine culturel prussien (SPK) dans un communiqué. «Trouver une telle correspondance est un petit miracle», a estimé son président Hermann Parzinger.

Le lancement du projet visant à retrouver la provenance de ces ossements plus que centenaires, pillés pendant l’ère coloniale, remonte à 2017. Dans ce cadre, le Musée de préhistoire et protohistoire de Berlin avait essayé de déterminer, en collaboration avec des scientifiques rwandais, l’origine de quelque 1 100 crânes venant de l’ancien territoire colonial allemand d’Afrique de l’Est.

Dans la correspondance mise au jour, le titre «Akida» inscrit sur le crâne laissait supposer qu’il s’agissait d’un conseiller de haut rang de Mangi Meli, un roi de l’ethnie Chagga à la fin du XIXe siècle. Pour une autre famille, issue également de l’ethnie Chagga, une concordance presque totale des lignées paternelles a été établie à partir de deux autres crânes examinés.

Les proches et le gouvernement de Tanzanie seront informés le plus rapidement possible, a précisé la SPK. Pour ce projet, une collection anthropologique d’environ 7 700 crânes, certains en très mauvais état, a été récupérée en 2011 par la fondation auprès de l’hôpital de la Charité à Berlin.

Beaucoup faisaient partie de la «collection S» (S comme squelette ou «Schädel» pour crâne en allemand) rassemblés par le médecin et anthropologue Felix von Luschan entre 1885 et 1920, avec l’intention d’étudier le développement et la diversité de l’être humain, y compris la recherche à caractère raciale.

Concrètement, sur les 1 100 crânes analysés, 904 ont pu être identifiés comme originaire de l’actuel Rwanda, 197 de Tanzanie et 27 du Kenya. Et pour huit d’entre eux, les chercheurs ont pu rassembler «assez d’informations pour qu’une recherche de descendants soit possible», poursuit la fondation.

La SPK a lancé alors une étude de génétique moléculaire, réalisée par l’université de Göttingen et s’est procuré des échantillons de salive de 10 personnes de référence en Tanzanie, ce qui a permis au final de retrouver quelques descendants. Le musée de la préhistoire mène actuellement des études similaires à partir de 500 crânes en provenance de colonies allemandes de l’ouest de l’Afrique. Les premiers résultats sont attendus fin 2024, précise la fondation.

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