Où en est-on avec votre avertissement et votre mise en garde à l’encontre des responsables du Groupe Saidal ? Vous avez donné un délai qui expire ce mois de mars 2023 ?
Nous venons de recevoir les dernières informations, par écrit, sur la situation du Groupe Saidal. Une de nos équipes suit le Groupe Saidal pour la mise en place d’un dispositif en faveur du renouveau de cette entreprise publique du médicament. En effet, le rendez-vous a été fixé pour Saidal qui concerne la grille des salaires et la nouvelle organisation, donc il sera maintenu. Le projet se trouve à notre niveau. Il est à l’étude chez notre équipe chargée pour cette mission. Nous allons sans aucun doute apporter les modifications qu’il faut, surtout organisationnelles afin que le Groupe pharmaceutique Saidal puisse répondre à la nouvelle mission en matière de développement, de production et de commercialisation. Par conséquent, le rendez-vous fixé aura bien lieu en ce mois de mars.
Vous avez reçu plusieurs délégations étrangères et des responsables de laboratoires pharmaceutiques. Pouvez-vous nous en dire plus sur les perspectives qui ont découlé de ces rencontres, avec les diplomates et les partenaires économiques, relatives au développement de l’industrie pharmaceutique nationale ?
Vous savez que l’industrie pharmaceutique en Algérie a connu une nouvelle situation, un nouvel essor, ceci grâce à la décision de notre président de la République, Tebboune Abdlemadjid, qui a décidé de créer un département ministériel dédié uniquement au secteur de l’industrie pharmaceutique et du médicament, de manière à ce que notre pays soit doté à l’avenir d’une industrie pharmaceutique forte, afin que notre pays puisse prendre en charge les préoccupations sanitaires nationales. Cela dit, la nouvelle dynamique que nous avons instaurée dans notre ministère, conformément aux instructions de notre président de la République, n’a pas laissé les potentiels et sérieux investisseurs à l’observation. Depuis, nous avons reçu une multitude d’ambassadeurs des pays intéressés à fructifier les relations avec notre pays dans le domaine de l’industrie pharmaceutique. Nous avons également reçu des responsables et des représentants des grands laboratoires pharmaceutiques de renommée mondiale, déjà existants, et d’autres qui n’existent pas en Algérie. Nous avons entamé des pourparlers pour prendre connaissance des possibilités d’investissement dans le secteur des médicaments, voire les mécanismes, pour mieux développer la coopération en vue d’investir et de produire des médicaments chez nous. Au moment où je vous parle, les choses se déroulent dans des conditions excellentes. Des rendez-vous avaient été fixés avec les potentiels investisseurs internationaux. Avant l’année 2024, il y aura du nouveau dans le domaine de l’industrie pharmaceutique en Algérie.
Le Groupe pharmaceutique Saidal figurait parmi les leaders du médicament dans le monde dans le passé, au moment où vous étiez à sa tête. Aujourd’hui, au moment où vous à la tête du ministère de l’Industrie pharmaceutique est-ce que vous allez mettre en œuvre la même stratégie pour réhabiliter cet important secteur en Algérie ?
Il n’y a pas de secret dans le secteur du médicament en Algérie. Il suffit d’être sincère et montrer la voie aux investisseurs du secteur en apportant l’aide, le soutien et l’accompagnement à ces opérateurs du secteur des médicaments. Si vous levez les goulots d’étranglement qui avaient été imposés d’une manière anormale et irrégulière aux investisseurs et aux opérateurs sérieux naturellement, il n’y aura pas de raisons pour échouer. Il faut afficher votre volonté d’agir dans la transparence et surtout dans le respect des lois de la République. Les bonnes et sincères actions n’échapperont pas au succès. Depuis mon installation à la tête du département ministériel de l’industrie pharmaceutique, avec mes équipes mobilisées, nous nous efforçons de procéder au toilettage de la réglementation qui a été imposée à ce secteur du médicament. D’ailleurs, nous avons pu relever moult contradictions d’un décret à un autre, d’un arrêté à un autre. Le flou total. Donc, avec mes éléments, je me suis mobilisé à toiletter les textes réglementaires incohérents qui régissent dans la gestion des dossiers, de telle manière à ce que l’investisseur ne soit plus la victime de la bureaucratie dans le secteur. Depuis mon arrivée à ce ministère, je me suis attelé à prendre tous les dossiers qui étaient bloqués au niveau de l’Agence nationale du médicament (ANM, ndlr), pour l’enregistrement et permettre à l’administration de notre ministère de remettre l’agrément aux investisseurs. J’affirme désormais que le dossier déposé dans l’une des deux structures est traité dans une semaine au plus tard. L’investisseur aura sa réponse dans les plus brefs délais. Sachez que dès mon installation dans ce ministère, je me suis retrouvé avec 580 dossiers en instance, bloqués depuis 2017 dans les bureaux de l’ANPP (Agence nationale des produits pharmaceutiques). Celle-ci est le bras régulateur de notre ministère. Nous sommes arrivés à assainir la situation des dossiers bloqués. Nous sommes en possession des dossiers qui viennent d’être déposés. Vous pouvez le vérifier auprès des investisseurs du secteur des médicament. Ils sont soulagés. Ils sont en train de travailler. C’est grâce à eux, grâce à ces actions entreprises par notre administration, que l’Etat sera en mesure de satisfaire graduellement d’une manière sérieuse les besoins du pays en matière de médicaments.
Dans le passé, vous avez évoqué les entraves dressées par les lobbies du médicament. Est-ce que les difficultés ont pris de l’ampleur à ce jour, jusqu’à créer des crises et des pénuries ?
Après avoir occupé des postes de responsabilité chez Saidal et à la PCH, à présent en ma qualité de ministre de l’Industrie pharmaceutique, pensez-vous que je serai surpris par les actes de ces lobbies ? Vous aurez remarqué d’ailleurs, dès les premiers moments de mon arrivée au ministère, au début du mois de septembre 2022, étant un enfant du secteur de l’industrie pharmaceutique, je ne me suis pas accordé une période d’observation afin de pouvoir m’enquérir de la situation du secteur du médicament. Je me suis mis au travail en me rendant sur les sites, à Médéa, à Constantine. Je connais les dossiers. Mon devoir consistait à lever des contraintes et faire disparaître ces goulots d’étranglement qui bloquent le secteur. Nous sommes arrivés à la faire dans certains cas. Les lobbies ne vont pas s’arrêter dans leurs macabres manœuvres, c’est un phénomène mondial, ce n’est point spécifique à notre pays. Seulement en Algérie, les lobbies sont plus féroces qu’ailleurs, parce que l’aspect mercantile est très profond dans certains milieux qui touchent directement au secteur du médicament dans notre pays. Cela dit, j’ai déclaré la guerre à tout ce monde maffieux. Les gens le savent très bien. Je n’ai pas peur de les combattre. Ces lobbies le savent bien et me connaissent parfaitement. Je les connais bien aussi. Nous avons déjà commencé à neutraliser certains parmi eux. Il y a ces vendeurs de médicaments par facebook, je les appelle les médicaments «kabbas». Nous avons lancé une opération d’assainissement, chez les distributeurs, car 4 à 5 monopolisent le marché du médicament en Algérie, en pratiquant le monopole, en usant de toutes leurs actions qui sont à l’encontre de l’intérêt de notre pays et de nos compatriotes, y compris les ventes concomitantes des médicaments. Nous avons la guerre à tout ce monde, afin que l’Etat puisse rendre le médicament disponible à la disposition d’une manière équitable dans toutes les wilayas du pays.
Beaucoup de nouveaux médicaments n’arrivent pas sur le marché national. L’enregistrement de ces produits poserait des problèmes. Qu’en est-il au juste ?
Pour mettre un terme à ces dires, je suis affirmatif et je le répète, celui qui a un problème d’enregistrement de médicament, les portes de notre ministère demeurent ouvertes et que ces opérateurs viennent les exposer. Je réitère, qu’au niveau de l’ANPP, nous n’avons aucun médicament en instance d’enregistrement, sauf naturellement qui viennent de déposer leurs dossiers, il y a une semaine. Il faut que les gens comprennent que l’enregistrement demande du temps pour l’étude, c’est comme pratiquement un permis de conduire pour un véhicule. Nous ne pouvons pas faire sortir un médicament qui n’est pas enregistré, ce médicament qui n’a pas fait l’objet d’un contrôle rigoureux de l'innocuité, du point de vue tolérance et ainsi de suite. Sachez que sous d’autres cieux, c’est vérifiable. L’étude d’enregistrement dure pratiquement entre 06 et 09 mois. Comme par hasard, les gens se plaignent chez nous aujourd’hui. Il n’en demeure pas moins que je trouve le mécontentement des investisseurs, certes légitimes, mais pas pour ceux qui avaient déposé leurs dossiers il y a une année ou plus. C’est la raison pour laquelle nous avons décidé de passer en priorité tous les dossiers qui avaient été bloqués. A présent, les choses sont rentrées dans l’ordre. Avant de prendre ce type de mesures, nous nous sommes engagés et avons pris des décisions pour assainir les groupes de personnes qui étaient chargées d’étudier les dossiers. Ces équipes avaient pris de mauvaises habitudes. Excusez-moi, pour ces mauvaises habitudes, je me refuse de vous les citer maintenant.
Que pouvez-vous nous déclarer sur les difficultés que rencontre l’oncologie, soit dans l’aspect équipement ou celui des médicaments ?
En effet, du point de vue oncologique, nous distinguons 02 segments. Il y a d’abord celui des équipements utilisés dans l’imagerie médicale, entre autres pour la radiothérapie, la chimiothérapie, qui interviennent dans l’oncologie. Il y avait un gros problème au niveau du ministère de la santé. J’évoque ce sujet par solidarité avec mon collègue du ministère de la Santé, car cela relève de son secteur. Sachez qu’il y avait un énorme problème de ces équipements destinés pour les services de l’oncologie. Ils étaient gérés à un moment par une partie de gens qui n’existe plus en Algérie aujourd’hui. Cette partie avait profité durant des années du malheur et du désespoir de nos compatriotes malades, pour s’engouffrer malheureusement. Ces éléments à l’origine des problèmes que rencontrait l’oncologie avaient fui le pays, alors que d’autres, leurs acolytes, sont emprisonnés. Maintenant, on se retrouve avec des équipements un peu partout qui risquent de devenir obsolètes. Ce que je sais, le ministre de la santé a pris des dispositions en signant des contrats pour la maintenance et l’acquisition de nouveaux équipements pour l’oncologie. Les choses commencent à bouger. Maintenant, pour ce qui est des médicaments, il y a eu le lancement de la production. Pour notre secteur de l’industrie pharmaceutique, la prise en charge sérieuse de la situation a été entamée, bien avant mon arrivée au département ministériel. Grâce aux directives et aux facilités accordées par les pouvoirs publics, l’Algérie dispose de 07 unités de production des médicaments en voie de préparation pour être mises en fonction et de démarrage Je dois vous préciser que les médicaments dédiés à l’oncologie ne sont pas des médicaments classiques normaux. Il s’agit des médicaments cytotoxiques. Par conséquent, il faut prendre des mesures de précaution pour les produire et éviter les mauvaises surprises. Il faut protéger le producteur du médicament et le malade. Le médicament cytotoxique exige une manipulation minutieuse et stricte. Avant mon arrivée à la tête du ministère, j’avais déjà inauguré 02 usines de fabrication des médicaments destinés à l’oncologie, l’une à Oran et la seconde à Réghaia. Elles ont lancé leurs productions. Celle-ci, faut-il le reconnaître, la production est lente. Elle demande énormément de contrôle avant que le médicament ne soit mis sur le marché. Là-dessus, je suis très optimiste. En plus, il y a d’autres unités qui vont entrer en production au cours de l’année 2023. Elles nous permettent de réduire fortement la facture d’importation du médicament. Elles se trouvent au nord du pays, 02 à Oran, 03 à Alger, 01 à Mila, 02 Constantine. Elles vont mettre leurs médicaments d’une manière progressive à la disposition des patients des services oncologies. Cela dit, nous n’avons pas la prétention de résoudre les problèmes à 100%. Les équipements de production des médicaments pour les services de l’oncologie coûtent excessivement chers. Il faut rendre hommage aux investisseurs algériens qui se sont engagés dans la production de ces médicaments. L’Algérie avait accusé un retard énorme dans ce domaine Il faut reconnaître que nous ne pouvons pas régler ce problème en une année. Les investisseurs algériens ont besoin de temps pour négocier et aussi pour former leur personnel, appelés à travailler dans leurs unités de production. Il s’agit des produits difficiles à fabriquer. Il faut prendre beaucoup de précautions. Ce n’est pas un médicament classique ou un médicament facile à produire. Je peux vous annoncer que l’Algérie dispose d’un potentiel respectable de production des médicaments pour l’oncologie.
Et l’importation des médicaments... Nul pays dans le monde ne se satisfait de sa production dans le domaine du médicament. Impossible de couvrir à 100% les besoins du marché du médicament. Aujourd’hui, nous nous attelons à couvrir les besoins nationaux en médicaments essentiels. Cela est à notre portée. L’Algérie est un pays qui se caractérise par un tissu industriel dans la production des médicaments qui se chiffre à 200 usines de production. Il faut réorganiser toutes ces unités, fixer les objectifs de chacune selon ses capacités, son niveau, d’une manière cohérente et intelligente, dans l’intérêt du malade et de l’investisseur. A quoi bon de voir 10 producteurs qui fabriquent le même médicament. Cela va créer un embouteillage entre les producteurs de la même gamme, et naturellement entraîner les surstocks des médicaments et les méventes. Nous nous efforçons au niveau de notre ministère de réguler toute cette situation. Cela commence à prendre forme.
On se souvient des problèmes que vous avez rencontrés, malgré votre détermination, pour doter l’Algérie d’une usine de production de l’insuline. Vous étiez à la tête de Saidal à cette époque là. Comment se présente la situation actuelle de la production de l’insuline dans notre pays, maintenant que vous êtes ministre ?
Effectivement, je me suis attaqué à ce problème dans le passé pour produire de l’insuline chez nous. En vain. Il y avait des forces puissantes qui nous empêchaient de réaliser notre projet. Aujourd’hui, nous avons une unité de Novonordisk de montage de stylo, je précise de montage. En réalité, c’est une importation déguisée. Face à ce fait accompli, nous avons accepté qu’il démarre le montage des stylos, parce que les éléments qui composent les stylos sont importés. On a accepté cette manière de faire, à condition que le stylo monté en Algérie coûte moins cher que celui importé. Donc, le stylo monté en Algérie coûtera 1000 DA en moins que le stylo importé. Mais la bonne nouvelle, c’est qu’il y a une quinzaine de jours, nous avons inauguré une usine appartenant à un investisseur national qui vient d’être mise en service dans la fabrication full-process du stylo pour l’insuline. A la fin du mois de mars 2023, nous allons également démarrer la production du flacon d’insuline à partir du complexe Saidal de Constantine. Donc, cette usine du groupe pharmaceutique public de Constantine reviendra à sa production principale de l’insuline, comme cela avait été voulu et souhaité dans le passé. Donc, en fonction des prévisions de notre département ministériel, si chacun respecte ses engagements, nous allons couvrir jusqu’à 50% des besoins de notre pays en insuline, avec la production locale, dans l’attente de l’année 2024. Inchallah, nous allons couvrir les besoins du marché national à 100% à moyen terme. Vous me connaissez, quand je m’engage dans ma mission et quand la volonté politique y est, les objectifs seront atteints.
Vous êtes un haut cadre de l’Etat qui avait occupé des postes de responsabilité à Saidal et à la PCH avant d’occuper le poste de ministre de l’Industrie pharmaceutique. Comment interpréteriez-vous l’état du marché du médicament en Algérie ?
On ne peut pas me dire que Monsieur Aoun ne connaît pas toute la chaîne (rires). L’avantage que j’avais eu, c’est le fait que j’avais participé d’ailleurs de très prés à l’évolution du domaine du médicament pendant des périodes bien précises avec un parcours riche, vous avez été témoin d’ailleurs. Maintenant, la situation est totalement différente entre le passé et le présent. Il y a eu un changement dans la conjoncture actuelle. Dans le temps, l’Algérie avait une locomotive de l’industrie pharmaceutique qui s’appelait Groupe Saidal. Aujourd’hui, le secteur pharmaceutique est constitué à 85% du secteur privé et le reste est public. On ne peut pas gérer le secteur privé comme on avait géré le secteur public. Les données en matière de gestion nationale ont totalement changé par rapport au passé. Mais pour moi, ce sont toujours les mêmes armes. En ce qui concerne le respect des engagements, la production des médicaments utiles pour les malades algériens est à moindre prix, tout en respectant la qualité des produits. Il s’agit de respecter la santé de nos compatriotes et protéger les dépenses des caisses de la sécurité sociale de notre pays. Nous disposons de tous les éléments grâce à ma modeste expérience acquise dans le secteur du médicament durant ma carrière. Nous sommes en mesure de remettre le train sur les rails. Mon objectif principal consiste à assainir le secteur de l’industrie pharmaceutique et rendre les choses à leurs places, dans le respect des lois, en toute transparence. Je m’explique, le producteur, le pharmacien, le distributeur, chacun ne doit pas empiéter dans le territoire de l’autre, tout cela dans l’intérêt du malade et rien d’autre.
La concurrence dans le secteur du médicament est impitoyable dans le monde. Notre pays sera-t-il en mesure de s’en sortir avec sa production nationale ?
C’est une question de volonté politique. En Algérie, à présent, nous ne pouvons pas dire que cette volonté politique pour développer l’industrie pharmaceutique n’existe pas. Cela se voit sur le terrain. Notre secteur est fort. Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, attache beaucoup d’importance à notre secteur, car il est stratégique. Il y va pour la santé des familles algériennes. L’indépendance du pays passe inexorablement par une industrie du médicament forte. La santé et toutes les actions qui sont lancées doivent bénéficier d’une forte industrie du médicament. Au sujet de la concurrence, c’est tout à fait normal. On ne peut l’éviter. Nous devons faire face, à travers l’abondance et la qualité du produit, naturellement avec un prix compétitif. Il n’y a pas d’autres secrets. D’où notre souci de faciliter d’une façon perpétuelle les démarches des investisseurs dans les volets de l’agrément, de l’enregistrement et de l’investissement. Il faut mettre un terme à la galère des investisseurs sérieux qui souhaitent créer des richesses et des emplois dans notre secteur. Nous sommes en train de concrétiser les points inscrits dans notre feuille de route afin d’atteindre nos objectifs.
Quel est le message que vous adressez aux diplômés en pharmacie ?
L’industrie du médicament ne peut pas employer tous les pharmaciens. Mon vœu et vous y avez assisté d’ailleurs à l’université de Bab Ezzouar, quand j’avais proposé dans le temps la création d’un cursus de pharmacie industrielle. Personne n’a voulu m’écouter à cette époque là. On voulait développer une industrie du médicament sans avoir des cadres spécialisés dans la filière, celle de pharmacie industrielle. Hamdoullah, depuis les deux dernières années, il y a la faculté de pharmacie qui a lancé justement un cursus destiné aux pharmaciens industriels. Il faut savoir que cela ne signifie pas que l’industrie du médicament va recruter tous les diplômés en pharmacie industrielle. Donc, j’inviterai les diplômés en industrie pharmaceutique à devenir créateurs d’emplois. Il faut créer des petites starts-up. En Algérie, il y a la possibilité de créer une start-up pour fabriquer 01 ou 02 intrants, avec le soutien de l’Etat. Il y a l’appui du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Nous avons déjà signé une convention pour encourager les idées des jeunes diplômés dans ce domaine. Déjà, une dizaine de start-up avaient été crées et commencent à s’intéresser à la fabrication des petits intrants qui sont importants dans la production des médicaments. On commence par cette étape et le succès est au bout.
Lors de la dernière rentrée du secteur de la formation professionnelle, on a introduit l’industrie pharmaceutique dans les établissements de ce secteur. Votre commentaire...
L’industrie du médicament a besoin d’une multitude de métiers. A titre d’exemple, le régleur des machines, le conducteur des machines, le préleveur d'échantillons, un chauffagiste, celui qui stérilise les équipements, etc. C’est un savoir-faire qu’il faut acquérir. Il s’agit des métiers qui sont sponsorisés par Saidal et d’autres investisseurs. Il y a un cursus dans la formation au niveau des établissements de l’enseignement professionnel. Une unité de fabrication des médicaments avec un chimiste et un pharmacien ne peut pas fonctionner, si elle manque de personnes spécialisées qui avaient bénéficié d’une formation dans ces métiers, dans les établissements de la formation professionnelle.
Le Président Tebboune avait mis l’accent sur la mise en place de la numérisation dans les actes de gestion à tous les niveaux. Où en est votre secteur ?
Durant les 02 dernières années, le secteur de l’industrie pharmaceutique est en train de perfectionner la numérisation dans la gestion. Il y a une plateforme numérique dans laquelle tous les producteurs, les importateurs et les distributeurs des médicaments doivent envoyer leurs informations dans un réseau que nous avons mis en place, de telle façon, à ce que notre département ministériel doit suivre d’une manière générale la situation dans tous les détails du marché du médicament en Algérie, relatives à la disponibilité des matières et les produits ; les ruptures des stocks et surtout l’approvisionnement en matières premières nécessaires pour la production des médicaments. Ce n’est pas encore satisfaisant, ce n’est pas encore parfait, car il n’y a pas eu l’adhésion de toutes les parties concernées dans le domaine. Des acteurs traînent les pieds, quand il s’agit de communiquer les informations. Mais à travers la loi de finances 2023, nous avons réussi à introduire des dispositifs législatifs pour sanctionner, tout opérateur du secteur qui ne transmet pas en temps voulu ses informations. Celui qui ne respecte pas ses engagements, quand il s’agit d’établir son programme d’importation et celui des délais de livraison des matières premières. Cette plateforme suit toutes les évolutions. D’ailleurs, cette plateforme nous aide énormément. Ces derniers temps, nous avons envoyé une mise en demeure à tous ceux qui accusent un retard d’un mois par rapport à leurs engagements. La mise en demeure première et dernière. La numérisation est une bonne chose pour la PCH (Pharmacie centrale des hôpitaux), les établissements du secteur de la santé. C’est indéniable et important cette numérisation, car il faut savoir qu’elle exige un suivi particulier et une formation pointue. A mon sens, je peux déclarer que le secteur du médicament est sur une lancée favorable et positive, pour peu que l’ensemble des acteurs, producteurs, distributeurs, pharmaciens, associations, syndicats et administrations convergent vers le même but, à savoir une meilleure prise en charge des malades. Cette numérisation est complétée par celle du secteur de la santé. Il faut agir dans le même sens, afin de pouvoir contribuer au développement de l’industrie du médicament dans notre pays.
Ce sera la dernière. Où est le sud de l’Algérie dans votre stratégie ?
Le sud de notre pays est concerné naturellement, à condition que les investisseurs se manifestent. Aujourd’hui, l’Etat n’investit plus dans la production du médicament. Que chaque wali devra convaincre les investisseurs et les opérateurs intéressés dans la réalisation de leurs projets dans la production des médicaments. Il doit faciliter les démarches en proposant le foncier où les infrastructures inexploitées. C’est à nous par la suite de continuer à aider l’investisseur. L’Etat est le régulateur.