Aït Yahia Moussa  (Tizi Ouzou) : Le développement otage des vieux réflexes 

27/06/2022 mis à jour: 19:29
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Photo : D. R.

«La salle de soins, le foyer de jeunes et l’annexe d’état civil sont fermés», se désole un villageois.

Le développement bat de l’aile à Aït Yahia Moussa, une commune de 39 villages sise 25 km au sud-ouest de Tizi Ouzou. Plus de six mois après l’élection de la nouvelle APC, la population prend toujours son mal en patience en attendant des jours meilleurs.

«On manque de tout ici. Notre quotidien n’est qu’une succession de déceptions et de promesses jamais tenues», fulmine Hamid, un habitant d’Aït Attelah. Nichée sur le versant nord de la commune, cette localité est dépourvue du strict minimum. «Dans les années 1980, on vivait mieux qu’aujourd’hui. A l’époque, on avait même une salle de soins. Aujourd’hui, elle est fermée au même titre que le foyer de jeunes et l’annexe d’état civil», se désole-t-il.

Comme beaucoup de ses concitoyens, ce chauffeur de camion n’attend pas grand-chose de la nouvelle équipe aux commandes de la commune dès lors que 80% de sa composante était dans l’ancienne assemblée, argue-t-il. «Il n’y a que les postes qui ont changé. Nos problèmes non plus. L’eau coule une fois par 15 jours dans nos robinets.

Les projets du gaz ont rendu nos routes impraticables, mais on se chauffe à ce jour à l’aide du gaz butane. Le reste, vous le connaissez.

Le chômage touche 98% de nos jeunes et il n’y a que les tournois de football qui font oublier un tant soit peu leur malheur», résume-t-il. Au chef-lieu, les problèmes attestant de la mauvaise gestion et du laxisme des uns et des autres sont nombreux.

Les baraques illicites et les structures inexploitées ou à l’état de chantier sont légion. La bibliothèque communale reste toujours fermée tandis que la crèche communale et une quarantaine de locaux commerciaux sont à l’abandon. Même l’ancien siège de l’APC est fermé. «Cela fait des années qu’on parle de sa transformation en salle de sport ou comme siège pour la Protection civile. Rien n’a été fait alors que nos jeunes n’ont que les terrains de tuf en guise d’infrastructures et de divertissement», martèle Nadir, militant associatif.

Outre le manque de budget, les élus locaux n’ont pas assez d’arguments à avancer pour justifier l’état de ces structures. Cette année, l’APC a bénéficié d’une enveloppe de 35 millions de dinars dans le cadre du PCD, précise le P/APC, Hakim Amraoui. Cette somme servira, selon lui, à la réalisation de projets d’assainissement à Iallalen, Imoulakh, Tachtiwin, Ait Ouacif et une ouverture de piste à Tafoughalt.

13 zones d’ombre

La commune compte treize zones d’ombre dont certaines comme Aït Sidi Ali et Ihissithen vivent dans des conditions d’un autre âge. «La DTP a dégagé près de 20 millions de dinars pour revêtir nos routes. Le marché a été octroyé à l’entreprise Haddad, mais cela fait deux ans qu’on attend le démarrage des travaux», s’offusque Boussaâd Taleb, un des représentants des villageois. Vaste comme Liechtenstein, la commune mérite un plan Marshall pour sortir du sous-développement. «60% des foyers ne sont pas raccordés au réseau d’assainissement et la plupart de nos routes sont dégradées. Nos jeunes n’ont pas de salles de sport ou de petits stades gazonnés comme c’est le cas dans les autres communes», dira un adjoint au maire.

Elu de l’opposition et président du comité de village de Tachtiwin, Mohamed Chebouti pointe le manque d’initiatives des membres de l’exécutif. «C’est le statu quo à tous les niveaux. Même les dossiers classés prioritaires comme celui du déclassement des terres du domaine forestier, la révision du PDAU ou l’aménagement du centre-ville n’ont pas été suivis d’actes.

On s’est mis d’accord sur la nécessité de créer un nouveau pôle urbain. Or, rien n’a été hélas entrepris dans ce sens. On a aussi créé deux commissions : l’une devra valoriser le patrimoine immobilier de la commune et l’autre pour mettre à niveau le matériel roulant de notre parc. Aucune décision n’a été appliquée. Qu’attend-on pour récupérer les logements de fonction des écoles occupés par des étrangers au secteur éducatif ou pour réparer les nombreux véhicules qui sont en panne au niveau du parc», s’indigne-t-il, en appelant les membres de l’exécutif «à rompre avec les anciennes méthodes de gestion».

Notre interlocuteur dénonce aussi le favoritisme dans l’octroi des aides du Fonal, précisant que le président de la commission sociale a été dessaisi de ses missions tandis que son collègue des finances s’est converti en gestionnaire du parc. «Il n’y a aucune volonté de remettre la machine sur les rails. La nouvelle assemblée ne fait qu’attendre les budgets et les répartir, elle n’a aucune stratégie. Et si elle ne prend pas le taureau par les cornes, Aït Yahia Moussa va patauger éternellement dans la boue», conclut-il.

Loin des coulisses de l’assemblée et des reproches que font les uns aux autres, la population espère une solution urgente au problème du manque d’eau potable, son plus grand souci en cette période de chaleur. Malgré les promesses des autorités, tous les villages du flanc nord de la commune vivent encore au rythme des pénuries prolongées de ce précieux liquide.

La région est alimentée à raison de deux fois par mois. Le faible débit, la détérioration des réseaux et  les fuites font que l’eau arrive dans 50% des foyers uniquement. La fin du calvaire des habitants interviendrait peut-être après l’achèvement du barrage de Tizi N’tletha, mais cela n’est pas pour demain.                                                                                        

 

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