Air Algérie : La restructuration remise sur la table

26/04/2022 mis à jour: 14:26
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En remettant sur la table le dossier d’Air Algérie, le président de la République confirme tout l’intérêt qu’il accorde à cette compagnie aérienne. Ce n’est pas la première fois qu’il aborde ce sujet.

Lors du dernier Conseil des ministres, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, s’est particulièrement intéressé au secteur des transports, n’excluant pas un «renforcement des vols internationaux en prévision de la saison estivale».

Il a demandé au ministre du secteur, Abdallah Moundji, «d’entamer la révision des prix des billets de transport aérien et maritime avant la saison estivale, au profit de la communauté nationale, de sorte à l’inciter et l’encourager à opter pour les entreprises de transport nationales».

Dans ce même cadre, il a exigé de «revoir l’organigramme d’Air Algérie et son mode de fonctionnement, conformément aux normes internationales, et accorder une grande importance à la situation socioprofessionnelle des pilotes et techniciens algériens travaillant dans le domaine de l’aviation».

En remettant sur la table le dossier d’Air Algérie, le président de la République confirme tout l’intérêt qu’il accorde à cette compagnie aérienne. Ce n’est pas la première fois qu’il suscite ce sujet. Air Algérie est une compagnie mal gérée avec une pléthore d’effectifs.

C’est le constat fait par lui-même lors d’une réunion du Conseil des ministres en octobre 2020. Il a demandé à «revoir» le mode de gestion de cette compagnie «de manière à la rendre compétitive à l’international, tout en veillant à réduire le nombre de ses agences commerciales à l’étranger».

Donc, il s’agit plus d’un rappel que d’une nouvelle instruction. La compagnie souffrait d’un sureffectif depuis plusieurs années. La concurrence des compagnies étrangères est frontale (Emirates, Turkish Airlines, Air France), axée sur le «Yield Management», une vraie arme stratégique pour les transporteurs.

La compagnie aérienne Air Algérie l’a introduite en 2006 afin de rivaliser la concurrence et bénéficier de ses avantages. Un siège d’avion, s’il reste inoccupé, perd sa valeur une fois l’avion décollé. Un siège d’avion peut supporter des coûts variables, comme les plateaux repas, le nettoyage et quelques prestations associées, mais ces coûts restent très faibles comparativement aux charges fixes (amortissement de l’avion, charges du personnel, frais de carburant, entretien).

Sa part de marché est de près de 52%. Il faut signaler que le plan de restructuration de la compagnie a été un dossier épineux traité par les nombreux PDG qui se sont succédé, convaincus qu’Air Algérie n’avait d’autre choix que de se conformer aux standards internationaux pour espérer faire face à la concurrence féroce des compagnies internationales, mais sans que des décisions concrètes et courageuses soient prises.

Dans le cadre de la série de rencontres avec les entreprises sectorielles, le ministre des Transports, Abdallah Mondji, avait présidé, le 31 mars 2022, une réunion en présence des responsables du ministère, d’Amine Debaghine Mesroua, directeur général par intérim d’Air Algérie, et de nombreux cadres de l’entreprise. Le directeur général par intérim a fait une présentation globale qui comprenait, entre autres, les activités de la compagnie aux niveaux organisationnel et opérationnel, et la réunion a également abordé la feuille de route d’Air Algérie.

Plan d’action

Le ministre a souligné, en outre, la nécessité d’élaborer «un plan d’action qui intègre le court, moyen et long termes avec une vision et des objectifs clairs et dans des délais précis», avec l’obligation pour la compagnie nationale de s’appuyer uniquement «sur ses propres capacités pour mettre en œuvre ses plans de développement, avec un examen minutieux de son mode de fonctionnement qui doit être conforme aux normes internationales».

La compagnie aérienne risque aussi d’être confrontée à moyen terme à un autre problème sérieux. «Le départ massif des pilotes se profile dans le très court terme au profit des compagnies concurrentes à l’international», avait averti le Syndicat des pilotes de ligne algériens (SPLA). Cette sonnette d’alarme a, semble-t-il, été entendue par les plus hautes autorités de l’Etat. Et le président de la République en a fait référence.

Une profession prestigieuse qui a été ébranlée par la crise sanitaire. La particularité du pilote de ligne, c’est d’être très mobile. Donc, il ira là où il y a du travail parce que, pour garder une valeur marchande, il est obligé de travailler. Néanmoins, le ciel se dégage progressivement pour les pilotes de ligne après la reprise du trafic du transport aérien à l’international.

Si la situation socioprofessionnelle des pilotes d’Air Algérie ne s’améliore pas, la compagnie risque l’hémorragie. La demande croissante pour le personnel des cockpits est palpable au niveau international.

Ces professionnels vont vers les compagnies aériennes qui offrent les meilleures conditions. Il faut savoir que le pilote algérien est très demandé par les compagnies aériennes du Golfe et des pays asiatiques.

Les pilotes d’Air Algérie attendent avec impatience que le transport aérien revienne au type d’activité que nous avons vu en 2019, et ce, le plus tôt possible. C’est la première fois qu’un renforcement des vols d’Air Algérie en prévision de la saison estivale est officiellement évoqué. Jusque-là, les membres du gouvernement évitaient de se prononcer clairement sur cette épineuse et délicate question. 

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