L’Organisation des Nations unies (ONU) alerte sur l’ampleur que prend le trafic des drogues de synthèse et sur les effets néfastes sur la santé.
Dans un message rendu public à l’occasion de la journée internationale contre l’abus et le trafic de drogues, qui correspond au 26 juin de chaque année à travers le monde, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a alerté sur les effets dévastateurs de la consommation de la drogue en générale et des drogues de synthèse en particulier.
«Le marché des drogues bat des records de production et les personnes les plus vulnérables, tels que les jeunes, sont touchées au premier chef par ce phénomène», a relevé le SG de l’ONU en précisant que «celles et ceux qui consomment des drogues ou qui souffrent de troubles liés à leur usage n’en finissent pas d’être exposés».
Les consommateurs, a-t-il affirmé, sont «victimes des drogues elles-mêmes, victimes de stigmatisation et de discrimination, et victimes des mesures brutales et inhumaines prises en réponse à ce problème». M. Guterres appelle ainsi à investir dans la prévention «pour briser le cycle de la souffrance». Il faudra le faire rapidement, selon lui, «avant que les drogues ne prennent le dessus».
«Les overdoses font des centaines de milliers de victimes chaque année», a-t-il indiqué, estimant que les programmes de prévention de la toxicomanie pourraient constituer une alternative pour protéger les personnes victimes de ce fléau planétaire, leurs familles et des populations entières. Cela pourrait également affaiblir les réseaux de trafic qui profitent de la misère humaine. Le chef de l’ONU a beaucoup insisté sur le renforcement de la sensibilisation au grand danger que constituent les drogues pour la société.
Le message de M. Guterres va dans le même sens que le dernier rapport de l’Organe international de contrôle des stupéfiants et celui de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) qui ont donné l’alerte sur ce fléau qui se cesse de se propager.
Le commerce mondial de la drogue pèse aujourd’hui plus de 1000 milliards de dollars. Il arrive jusqu’après les hydrocarbures et la production alimentaire. Codéine, fentanyl, hydrocodone, morphine, oxycodone ou encore péthidine sont des opioïdes très répandues dans le monde et qui suscitent de graves inquiétudes. Si les noms qu’on leur donne diffèrent, les effets dévastateurs sont quasiment les mêmes.
Le dark web et autres…
Ce qui rend encore plus complexe la lutte contre ce trafic, c’est l’utilisation de plus en plus importante de l’Internet pour la mise en vente de ces poisons. Dans son dernier rapport 2023, sorti en mars dernier, l’OICS a tiré la sonnette d’alerte sur la disponibilité accrue de drogues illicites sur Internet.
«Des groupes criminels exploitent les plateformes en ligne et notamment les médias sociaux, et l’aggravation des risques de décès par surdose qu’implique la disponibilité en ligne de fentanyl et d’autres opioïdes synthétiques sont quelques-uns des principaux défis qui se posent en matière de contrôle des drogues à l’ère d’Internet», a précisé l’OICS qui a relevé le fait que le trafic de drogues ne se fait pas uniquement sur le dark web mais aussi sur des plateformes de commerce électronique légales.
«L’utilisation des médias sociaux et d’autres plateformes en ligne permet aux trafiquants de drogues de proposer leurs produits à un large public à l’échelle mondiale. Diverses plateformes de médias sociaux classiques sont utilisées pour le commerce local, et des contenus inappropriés sont largement accessibles aux enfants et au public adolescent», a affirmé Jallal Toufiq, président de l’OICS.
Les trafiquants de drogue profitent ainsi des avantages que leur offrent les plateformes sociales sur Internet, notamment les méthodes de chiffrement, la navigation anonyme sur le darknet et les cryptomonnaies. Ces techniques couramment utilisées permettent aux réseaux de trafic d’échapper à la détection, a indiqué le même rapport.
«Les personnes qui se livrent au trafic de drogues peuvent toucher un large public à l’échelle mondiale en proposant leurs produits sur les médias sociaux et d’autres plateformes en ligne.
Ne serait-ce que par leur ampleur, les communications passant par ces plateformes rendent la surveillance extrêmement difficile pour les organismes de réglementation, même lorsqu’elles laissent des traces numériques», a précisé l’OICS qui appelle les Etats à revoir leurs stratégies de lutte en les adaptant à cette nouvelle donne.