Mouloud Youbi, président de la Fédération nationale des agences de voyages et du tourisme, a déclaré hier, lors de son passage dans l’émission «Echorouk Morning», que plus de 30 000 travailleurs ont perdu leur emploi en raison des effets de la pandémie de Covid-19.
La crise sanitaire a fortement impacté un secteur actuellement en mode survie, ce qui a poussé nombre de ces agences de mettre les clés sous le paillasson. A cet égard, le même interlocuteur a révélé que 2600 agences de tourisme ont fermé depuis mars 2020 et plusieurs travailleurs ont été réduits au chômage.
Ce qui représente 70% de la totalité des agences qui étaient en activité (4000 environ). C’est une estimation en l’absence de statistiques précises. Par ailleurs, l’invité de l’émission a précisé que «le tourisme domestique n’est pas rentable et ne couvre pas les dépenses des agences».
Il reconnaît aussi que certaines agences de voyages n’ont ouvert que pour «vendre les billets d’avion, commercialiser la omra et les pays touristiques, tels que la Tunisie, la Turquie ou Dubaï», reconnaissant que «tout notre écosystème touristique était tourné vers l’extérieur». Pour refaire surface, il est primordial d’«actualiser les lois et instaurer la culture touristique». Malgré la faillite de certaines agences, le ministère du Tourisme continue à délivrer des agréments ! Tout ce système doit être revu de fond en comble. Il faut, néanmoins, ouvrir une parenthèse à ce sujet et dire certaines vérités.
Dès que les frontières seront totalement ouvertes, les voyagistes reviendront à l’«outgoing», parce qu’ils connaissent le marché, les hôteliers, les produits et les sous-traitants, ils gagnent beaucoup d’argent et les relations sont bien huilées. Or, ils ne maîtrisent pas le domestique, il leur faut du temps pour connaître les produits et les marchés, donc c’est éphémère pour eux.
Tourisme interne
Le tourisme interne n’aura été pour eux qu’une destination de substitution, une réaction à une situation de crise qui ne répond à aucune vision, ni stratégie.
«Le secteur est sinistré et il est même dans un état catastrophique», note l’invité. Pour sortir la tête de l’eau, il faudra «une volonté politique courageuse pour fortifier ce secteur et l’intégrer comme composante essentielle dans l’économie nationale». L’invité de la radio s’interroge : «Où sont les mécanismes d’encouragement du tourisme interne ? Combien avons-nous de lits à offrir ?»
La réflexion actuelle tourne autour de la manière de préserver les agences de tourisme de la disparition, eu égard à la fermeture presque complète des agences de tourisme et de la migration des professionnels vers d’autres activités. Si les plus anciens ont pu tant bien que mal résister, ce n’est pas toujours le cas des jeunes qui ont choisi d’investir ce créneau et créer leur propre agence dans le cadre de projets Ansej ou par emprunts.
Autre facteur qui a pesé dans la balance : le pouvoir d’achat des Algériens s’est effondré et les familles ne pensent pas actuellement à faire du tourisme en raison de leurs revenus limités, car la priorité est aujourd’hui accordée aux moyens de subvenir aux besoins de base.
Cette année encore, la conjoncture va quelque peu freiner les départs en vacances. Il y a aussi la concurrence déloyale de certaines pages Facebook et associations qui proposent désormais des produits touristiques sans tenir compte de critères professionnels. Un business juteux qui se fait dans l’illégalité totale.