La justice sud-africaine a annoncé hier rouvrir l’enquête sur les meurtres de quatre militants anti-apartheid, dits «les meurtres de Cradock», parmi les crimes les plus connus et les plus sombres de l’apartheid, encore jamais élucidés.
«Le ministre de la Justice a suivi une recommandation du parquet national sud-africain (...) afin de désigner un juge pour rouvrir et diriger l’enquête sur les décès», a déclaré son ministère dans un communiqué, cité par l’AFP. L’affaire, qui a provoqué l’indignation dans le pays, remonte à 1985. Tard, une nuit d’hiver austral, les quatre militants Matthew Goniwe, Fort Calata, Sparrow Mkonto et Sicelo Mhlauli, quittent une réunion et prennent la route pour rentrer chez eux, dans la petite ville de Cradock (sud).
Ils n’arrivent jamais à destination. Leurs corps gravement brûlés et lacérés de coups de couteau sont découverts plus tard, à deux endroits différents. A l’époque, les forces de sécurité du régime blanc surveillent leurs faits et gestes. Rapidement, des membres de la police de l’apartheid sont soupçonnés de les avoir exécutés.
Deux enquêtes ont été menées entre la fin des années 1980 et le début des années 1990. Mais les suspects présumés n’ont jamais été traduits en justice. «Aucune des enquêtes n’a permis d’identifier les meurtriers», rappelle le ministère de la Justice. Les familles réclament depuis des années que vérité soit faite.
Selon la Justice, de nouveaux éléments permettent aujourd’hui la réouverture de l’enquête. «Lors des enquêtes précédentes, les familles et personnes concernées n’ont pas été entendues. Il est temps de rétablir la confiance dans le système judiciaire», a déclaré le ministre Ronald Lamola, cité dans le communiqué. Après l’élection de Nelson Mandela en 1994, la commission Vérité et réconciliation, menée par Mgr Desmond Tutu, a offert l’amnistie à ceux qui rendraient compte de leurs crimes. Mais elle avait refusé d’accorder l’amnistie aux meurtriers présumés de Cradock.