La manifestation a démarré à la mi-journée et lancé un message de soutien à la poignée d’irréductibles qui s’opposent à l’opération d’évacuation menée par la police dans le hameau de Lützerath, situé au bord de la mine. Les forces de l’ordre ont repris en début de matinée les travaux de démantèlement du camp, déjà très avancé. Entre 20 et 40 militants occupaient encore vendredi soir le site, selon une porte-parole de leur mouvement à l’AFP. Des arbres ont été abattus, de nombreuses cabanes construites en hauteur par les activistes ont été vidées de leurs occupants, ces derniers étant escortés vers la sortie du site désormais cerné de grilles. Près de ce lieu devenu symbole de la défense du climat et de l’opposition aux énergies fossiles, des bus déposent les centaines de manifestants, ont constaté des journalistes de l’AFP. Les participants portent des pancartes et entament parfois des chants sous le regard des forces de police. Greta Thunberg est la personnalité la plus attendue de la journée sur ce site où elle s’est déjà rendue ces deux dernières années.
470 occupants évacués
Les organisateurs misent sur la participation de dizaines de milliers de manifestants, sous une pluie intense. La police attend 8000 personnes. L’ancien village, situé dans le bassin rhénan, entre Düsseldorf et Cologne, doit disparaître pour permettre l’extension d’une immense mine de lignite à ciel ouvert, l’une des plus grandes d’Europe, exploitée par l’énergéticien allemand RWE. Mot d’ordre des manifestants : «Empêcher l’évacuation !», même si les heures du camp de Lützerath semblent désormais comptées. L’opération d’évacuation, entamée cette semaine, a mobilisé des renforts de police venus de toute l’Allemagne et s’est à ce stade déroulée sans incident notable. Onze policiers ont été blessés, dont deux avec des interruptions de travail. Quelques poursuites pénales ont été engagées pour avoir résisté aux forces de l’ordre et endommagé des biens. Depuis le début de l’évacuation, les secours ont fait sortir environ 470 militants du hameau occupé, rapporte la presse allemande citant la police.
Tunnel
Deux militants se sont retranchés dans un tunnel sous terre, prêts à «s’enchaîner à des blocs de béton pour retarder l’évacuation», d’après un communiqué du mouvement. «Notre tunnel est sûr, seule une action policière négligente peut nous mettre en danger ici», témoigne l’une des activistes présentes à l’intérieur. Diverses opérations de désobéissance civile en soutien au mouvement ont été rapportées dans toute l’Allemagne au cours des derniers jours. Vendredi à Berlin, des activistes encagoulés ont mis le feu à des poubelles et peint des slogans sur la façade de bureaux des Verts. Le parti politique fait partie de la coalition du gouvernement du social-démocrate Olaf Scholz, accusé par les militants de les avoir trahis en signant un compromis avec RWE, permettant la destruction de Lützerath, dont les habitants ont été expropriés il y a plusieurs années. Le gouvernement juge nécessaire l’extension de la mine pour la sécurité énergétique de l’Allemagne qui doit compenser l’interruption des livraisons de gaz russe, un motif impérieux que contestent les opposants selon lesquels les réserves de lignite sont suffisantes.