Action climatique : Les géants des hydrocarbures encore loin du compte

17/05/2022 mis à jour: 02:02
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Photo : D. R.

Les grandes compagnies pétrolières et gazières sont encore loin du compte lorsqu’il s’agit de réduire les émissions de gaz à effet de serre liées à l’utilisation des produits qu’elles vendent, selon les derniers chiffres analysés par l’AFP, mais les Européennes ont pris une longueur d’avance.

Contre le réchauffement climatique, même les majors, qui vendent gaz, pétrole et essence, se sont fixé des objectifs ambitieux. Et les toutes dernières données pour 2021 montrent que les grands groupes privés sont, dans l’ensemble, parvenus ces dernières années à réduire deux catégories d’émissions de gaz à effet de serre : celles directement liées à leur activité, par exemple avec les machines utilisées pour l’extraction (périmètre dit «scope 1»); et celles liées à l’énergie qu’elles consomment («scope 2»).

Le français TotalEnergies a ainsi ramené ces émissions de 46 millions de tonnes équivalent CO2 en 2015 à 35,7 millions l’an dernier. Chez BP, les émissions des seules opérations du groupe ont chuté de 41,7 à 33,2 millions de tonnes entre 2020 et 2021. Une tendance similaire s’observe même chez les américains comme ExxonMobil, pourtant beaucoup moins en pointe que leurs concurrents européens.

Ces résultats peuvent s’obtenir facilement, par exemple en électrifiant certaines activités industrielles, en limitant les fuites de méthane des puits ou des gazoducs, ou en renonçant au torchage du gaz.

«C’est une pratique habituelle pour les entreprises de se concentrer sur les émissions du scope 1: elles sont directes, sous leur contrôle opérationnel et c’est souvent rentable (par exemple de capturer les fuites de méthane)», souligne Rick Heede, cofondateur du Climate Accountability Institute. «Mais cela ne résout qu’une fraction de leurs émissions totales», rappelle ce spécialiste.

Transition nécessaire

Dans le secteur, la très grande majorité des émissions - de l’ordre de 85% - sont en effet indirectes («scope 3») car liées à l’utilisation finale du produit par le client : l’essence que brûlera un automobiliste dans sa voiture, ou le gaz de nos cuisines. Des entreprises européennes, comme l’italienne Eni, la britannique BP ou TotalEnergies se sont engagées à une réduction absolue de ces émissions indirectes.

Outre-Atlantique, les entreprises renâclent à s’attaquer à cette catégorie pourtant cruciale. Pour l’instant, des deux côtés de l’Atlantique, les émissions globales des compagnies baissent faiblement, voire augmentent.

Chez TotalEnergies, elles ont à peine décliné de 410 à 400 millions de tonnes CO2-e (hors effet Covid) entre 2015 et l’an dernier. Chez Chevron, elles ont progressé, selon la plupart des modes de calcul: de 608 millions de tonnes en 2017 à 621 millions l’an dernier, selon une méthode. C’est d’ailleurs la difficulté des comparaisons entre entreprises: il existe de multiples manières de calculer les émissions, y compris selon la norme la plus utilisée, le GHG Protocol.

Au sein du scope 3, le protocole compte pas moins de 15 catégories, mais les entreprises «choisissent les catégories qu’elles veulent», explique Perrine Toledano, de l’université Columbia, coautrice d’une étude sur la contribution des supermajors au changement climatique.

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