Abdelkrim Tazaroute. un livre mémoire : Récit héroïque dans le cinéma algérien de l’après-Guerre de Libération

13/02/2023 mis à jour: 07:59
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Abdelkrim Tazaroute

Dans le long cheminement de l’écriture de l’histoire, les éditions Anep nous gratifient d’un livre mémoire sur le cinéma algérien. Le Cinéma algérien et la Guerre de Libération nationale, l’image du héros. Ainsi est intitulé ce livre écrit par Abdelkrim Tazaroute. Il est paru en janvier 2023 avec une préface d’Ahmed Bedjaoui, et aborde la question du héros dans le cinéma algérien, c’est bien plus l’archétype du héros, l’image, l’esthétique et l’éthique dans le héros qui y sont abordés. Abdelkrim Tazaroute est journaliste, écrivain et critique de cinéma. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages sur la musique et le cinéma, et d’une série de trois documentaires. A-t-on fait suffisamment de film sur la Guerre de Libération ? Pourquoi les premiers films sur cette période étaient-ils centrés sur le peuple en tant que héros ? Pourquoi des héros de la Révolution sont-ils mis en avant dans des biopics ? Ce sont les questions que pose l’auteur dans cet ouvrage, et elles ont le mérite d’être posées. Ce livre s’échelonne sur trois parties, la troisième est un hommage à ceux qui ont fait ce genre cinématographique, et la deuxième une liste de tous les films historiques où il est question de la guerre d’Algérie. La première partie, plus dense, est une présentation analytique de la production cinématographique algérienne de l’après-indépendance en se concentrant sur l’image du héros et son évolution. Si durant les années 1960, l’avenir s’ouvrait à la jeune nation algérienne, il y avait un besoin à colmater les plaies du passé, à raconter l’histoire du passé et ainsi composer le présent d’une histoire commune et d’une identité collective. Le cinéma à son apogée, entre autres, grâce au cinéma italien allait offrir un magnifique moyen aux Algériens pour raconter leur histoire. Et plus précisément leur guerre. Raconter l’histoire en prenant bien soin de construire une culture qui défend une certaine éthique. La Révolution allait être portée sur grand écran : D’une si jeune paix à L’Opium et le bâton et La Bataille d’Alger. Il n’est pas juste question du héros individuel, mais du héros collectif issu de l’action héroïque d’une société, d’un peuple. Un seul héros, le peuple ! Après La Nuit a peur du soleil, et L’Aube des damnés, le fabuleux et feu Rouiched emporte l’Algérien dans un monde où l’humour est un remède. Hassan Terro, film composé autour de l’allégorie : «Si vous vous faites attraper tenez 24 heures.» L’humour comme style cinématographique avec l’impact qu’il put avoir lors des années 1960 était là pour dédramatiser et ne pas cultiver la haine ou la perpétuer devant un voisin qui fut jadis là et le sera demain encore. Car demain, qui est aujourd’hui là, prouve que l’Algérie et la France resteront deux voisins pour l’avenir. Et cohabiter, tout comme collaborer par le passé avec feu René Vautier pour donner Avoir 20 ans dans les Aurès fut possible. Ce livre, en plus d’avoir une problématique pour étayer son propos, est enrichi d’illustrations photos, qui font de sa lecture un plaisir visuel. Il est aussi un hommage à ceux qui ont sacrifié leur vie pour que le cinéma algérien soit et pour que l’Algérie soit. T. L.

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