A quelques jours de la tenue du sommet de l’UE : Budapest réclame d’ajourner deux décisions clés pour l’Ukraine

06/12/2023 mis à jour: 06:17
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Le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, vrai grain de sable dans la machine européenne, serre ici la main au président ukrainien Volodymyr Zelensky lors du Sommet de Grenade du 5 octobre dernier. Sous le regard de l'hôte, le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez, l'extrême tension entre les deux hommes est palpable. (Ludovic MARIN/AFP)

Le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, a réclamé que soient retirées de l’ordre du jour du Sommet européen de la mi-décembre deux décisions clés pour l’Ukraine, sur un soutien budgétaire et l’ouverture de négociations d’adhésion à l’Union européenne (UE), a rapporté hier l’AFP.

 «Je vous demande respectueusement de ne pas inviter le Conseil européen à décider de ces sujets en décembre car le manque de consensus évident mènerait inévitablement à un échec», écrit le dirigeant nationaliste dans une lettre datée de lundi dernier et adressée à Charles Michel, en charge d’organiser l’agenda et les débats au sommet.Il s’agit du deuxième courrier de cette teneur envoyé récemment au président du Conseil européen par Viktor Orban, le seul parmi les dirigeants de l’UE à avoir maintenu des liens étroits avec le Kremlin, après l’invasion russe lancée en Ukraine en 2022.

 «Le Conseil européen doit éviter ce scénario contre-productif au nom de l’unité, notre atout le plus important», ajoute le dirigeant hongrois. Viktor Orban, qui remet en cause la stratégie européenne en soutien à Kiev et l’efficacité des sanctions contre la Russie, a la possibilité de bloquer ces décisions puisque l’unanimité des Vingt-Sept est requise. La Commission européenne a préconisé, en novembre dernier, l’ouverture de négociations d’adhésion à l’UE avec l’Ukraine, comme avec la Moldavie, deux pays qui ont obtenu le statut de candidat à l’UE en juin 2022, quelques mois après le déclenchement de la guerre par Moscou. 

L’Exécutif européen a aussi proposé d’allouer une aide de 50 milliards d’euros jusqu’en 2027 à l’Ukraine, dans le cadre d’une révision à mi-parcours du budget à long terme de l’UE, qui prévoit aussi des rallonges pour la gestion de la migration, pour des investissements dans les technologies d’avenir, mais aussi pour financer l’impact de la hausse des taux d’intérêt sur la dette souscrite dans le cadre du vaste plan de relance européen post-Covid. 

Les dirigeants des Vingt-Sept doivent se prononcer sur ces deux dossiers lors de leur réunion des 14 et 15 décembre. Et Charles Michel s’est pourtant rendu le 27 novembre à Budapest pour tenter d’aplanir les tensions avec Viktor Orban avant le sommet. Le dirigeant nationaliste, qui a récemment lancé une campagne d’affichage mettant ouvertement en cause la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, est dans le collimateur de Bruxelles pour les manquements à l’Etat de droit constatés dans son pays, concernant la lutte contre la corruption et l’indépendance de la justice notamment. 

Ces griefs ont conduit au gel de près de 22 milliards d’euros de fonds européens qui devaient être versés au pays, ainsi que de son plan de relance.  A la suite de réformes entreprises par Budapest dans le domaine judiciaire pour répondre aux inquiétudes de Bruxelles, l’UE pourrait, toutefois, débloquer prochainement jusqu’à 10 milliards d’euros de fonds européens en faveur de la Hongrie. 

Par ailleurs, l’Ukraine a ouvert une enquête portant sur des contrats d’achats d’armes pour ses forces armées, a indiqué, hier, le chef du parquet spécialisé dans les affaires de corruption (SAP) Oleksandre Klymenko. «Il y a plusieurs procédures liées aux achats d’armes. L’enquête est en cours et nous ne divulguerons pas les détails», a-t-il indiqué à la presse. Il s’agit de plusieurs contrats, certains allant jusqu’à 100 millions d’euros, a-t-il précisé, tout en ajoutant qu’une «enquête ne signifie pas forcément» qu’il y a eu un détournement de fonds. «Il faut enquêter et établir des faits», a-t-il expliqué, «c’est ce que nous faisons». Oleksandre Klymenko et la cheffe de la commission anticorruption du Parlement, Anastassia Radina, ont assuré n’avoir reçu aucune plainte des alliés étrangers qui fournissent l’essentiel des armements dont Kiev a besoin pour se défendre contre l’offensive 
russe. 
 

La corruption est un mal endémique en Ukraine et l’un des grands chantiers du gouvernement depuis avant la guerre. Plusieurs scandales de corruption ont éclaboussé des responsables ukrainiens ces derniers mois, y compris au sein du ministère de la Défense. Mais les accusations de corruption n’ont jamais concerné directement l’aide militaire et financière apportée par les Occidentaux. 
 

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