A Montréal, le grand froid n’arrête plus les cyclistes l’hiver

20/02/2023 mis à jour: 11:09
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Quatre couches de vêtements, un cache-cou jusqu’aux oreilles, de larges lunettes de protection et un casque : ainsi parée, la Montréalaise Marie-Pierre Savard est prête à affronter le froid extrême de l’hiver canadien sur son vélo. Dans la métropole francophone, ils sont de plus en plus nombreux, comme elle, à se déplacer à bicyclette même pendant les mois les plus froids où le mercure reste bien en-dessous de zéro. «Ce serait faux de dire que c’est exactement la même chose que de faire du vélo en été», raconte cette femme de 38 ans aux cheveux courts qui estime que «ça demande plus de concentration, une meilleure technique» et une façon de rouler différente. Mais même en hiver, pour elle, ce moyen de transport est imbattable : «Plus simple, plus efficace, plus écologique et plus économique» que la voiture et le métro. Tempêtes de neige et températures jusqu’à -40 degrés: rien n’arrête l’adepte du vélo d’hiver. Elle confesse même «adorer rouler quand il vient juste de neiger plusieurs centimètres pour faire la première trace sur la neige fraîche». Et sur les pistes cyclables de la ville, il n’est pas rare de croiser des enfants à l’arrière dans un siège, équipés comme pour aller skier, en route pour l’école ou la garderie. Ils dépassent rapidement les familles qui ont opté pour la luge sur le trottoir après une tempête. «Au début, on était très peu nombreux», se souvient Frédéric Venne, qui en est à son quinzième hiver à vélo. Depuis deux ans, les «pistes cyclables dégagées» ont convaincu davantage de néophytes de rejoindre ceux qui ont longtemps été vus comme des hurluberlus, ajoute-t-il, lunettes de ski accrochées à son casque. Une révélation pour Mathieu Lévesque, qui vient de sauter le pas. Ce Québécois barbu de 35 ans a «adoré faire du vélo pendant les tempêtes» et se targue de pouvoir désormais «en faire tous les jours». En quelques années, comme dans d’autres villes du monde, les kilomètres de pistes cyclables se sont développés à Montréal, en faisant l’une des villes d’Amérique du Nord les plus accueillantes pour les cyclistes.  La métropole compte aujourd’hui quelque 900 kilomètres de piste, dont 717 accessibles toute l’année et promet d’en construire 200 de plus d’ici 2027. Objectif affiché de la ville: atteindre 15% de déplacements à vélo à cette échéance. Déjà entre 2020 et 2021, les déplacements à vélo, été comme hiver, ont augmenté de 20%, a souligné récemment la maire Valérie Plante. Et «la pratique du vélo d’hiver explose», insiste Hugo Bourgoin, porte-parole de la ville. En 2022, près de 1,7 million de passages de cyclistes ont été enregistrés sur les pistes, durant la saison froide. Dans sa boutique Vélo Espresso où pendent des roues au plafond, Olivier Quirion-Deslauriers confirme. Le mécanicien constate, chaque année, une hausse de 15% des clients qui viennent préparer leur vélo d’hiver, qui est «définitivement plus populaire qu’avant». Et le vélo d’hiver demande peu d’équipement, mais tout de même des pneus adéquats pour ne pas glisser. «Le pneu à clous va donner l’adhérence dont on a besoin sur la glace», explique le jeune homme d’allure sportive, bonnet sur la tête et les mains noires de graisse. Au final, glisse-t-il, cela parait «intimidant au départ, mais c’est accessible à tous».

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